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RÉSULTATS

Les Blue Jays : chance ou véritable réveil?

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*Compte Complet est un balado portant sur le monde du baseball. Marc Griffin et Alain Usereau se penchent sur l'actualité de même que sur des dossiers de fond qui rejoignent autant les passionnés que les amateurs qui cherchent à en connaître plus.

COLLABORATION SPÉCIALE 

Il y a des équipes qui cherchent leur rythme pendant des semaines, parfois des mois où elles n'y arrivent jamais. Et il y a celles qui, presque sans prévenir, trouvent leur élan et soudainement tout change. C'est exactement ce que vivent les Blue Jays de Toronto en ce moment. Après un début de saison en montagnes russes, voilà que les Jays jouent, depuis un mois, comme l'équipe qu'on espérait voir : affamée, concentrée, efficace. Et, surtout, qui gagne!

Il n'y a pas si longtemps, cette équipe donnait l'impression d'un moteur qui tournait au ralenti. Une attaque pleine de promesses mais trop souvent silencieuse, une rotation qui oscillait entre éclats et incertitudes. Les Jays étaient une énigme frustrante. Mais quelque chose a changé. Depuis un mois, cette équipe est la meilleure des ligues majeures. Est-ce un coup de chance ou est-ce un véritable réveil?

Les chiffres le disent d'eux-mêmes : depuis le 8 mai, les Blue Jays affichent un dossier de 21 victoires contre seulement 10 défaites. Et ce n'est pas juste la quantité de victoires qui impressionne. C'est comment ils les obtiennent.

Ce qui était leur talon d'Achille est devenu leur force : les coups sûrs avec des coureurs en position de marquer. Pendant trop longtemps, c'était la statistique qui plombait leur saison. Des gars sur les buts, mais personne pour les faire rentrer. Une attaque stérile dans les moments cruciaux. Mais depuis un mois, les Jays frappent pour plus de ,310 avec des coureurs en position de marquer. On ne parle plus d'un problème offensif ici. On parle d'un changement de culture au bâton.

Mais pour bien comprendre l'élan actuel des Jays, il faut parler d'Alejandro Kirk, d'Ernie Clement, de George Springer et d'Addison Barger. Kirk (31 pp) et Springer (31 pp) ont plus de points produits que Vlad Guerrero Jr (30 pp). Ils ont aussi une MPP (moyenne de présence et puissance) supérieure à Guerrero (,801), tout comme Barger : celle de Kirk est de ,807, Springer ,854 et Barger ,813.

Ernie Clement (1,9 WAR) a vu son WAR (Win above replacement) grimper à tel point qu'il a aussi dépassé Guerrero (1,9 WAR) à ce niveau. L'objectif ici n'est pas de taper sur la tête de Vlad. Bien au contraire, c'est de comprendre que si d'autres frappeurs accompagnent Guerrero et Bo Bichette, ça donne des résultats formidables. Et on sait tous que Guerrero peut éclater à tout moment. Autrement dit, l'attaque produit en équipe et n'a pas à constamment se fier qu'à un ou deux joueurs. Imaginez un instant si Anthony Santander se met à frapper comme il en est capable à son retour au jeu?

Côté monticule, José Berríos est peut-être le cœur de cette rotation en ce moment. Il lance avec confiance, avec contrôle, avec cette petite touche de mordant qui en faisait l'as à ses meilleures années. Ses 9 départs de qualité sur 14 indiquent bien son excellent rendement. Chris Bassitt a déjà 7 victoires à sa fiche en 14 départs. Sa voix dans le vestiaire n'est pas étrangère aux succès de l'équipe présentement. Kevin Gausman a été constant avec une moyenne de points mérités de 3,87. Bowden Francis est celui qui a connu le plus de difficultés jusqu'ici en espérant qu'il retrouve sa magie de l'an dernier. Le retour éventuel de Max Scherzer pourrait vraiment venir stabiliser le personnel de partants. Certes, un endroit où les Jays pourraient bouger d'ici la date limite des transactions le 31 juillet.

En relève, Jeff Hoffman a été efficace. Sans être parfait, il effectue le travail de fermer la porte en fin de match. Ses 17 sauvetages le placent au 3e rang dans la Ligue américaine et 5e dans le Baseball majeur. Brendon Little a été jusqu'ici une très agréable surprise. C'est lui qui habituellement prépare la table pour Hoffman. Yariel Rodriguez semble avoir trouvé un rôle qui lui va bien en courte relève. Attendons un peu, mais j'aime bien ce que je vois de lui dans un rôle d'une manche, plus qu'en tant que lanceur partant.

Ce qui m'allume des Jays, au fond, c'est qu'on sent une équipe qui commence à y croire à nouveau. Ça se voit dans leur manière de courir, dans l'émotion après un coup sûr, dans l'énergie qui se dégage de l'abri. Les Jays ne jouent plus à se défendre. Ils attaquent. Ils dictent le tempo. Et dans le baseball moderne, c'est souvent la clé.

John Schneider mérite aussi une tape dans le dos. On l'a souvent blâmé pour être passif. Des critiques sur sa gestion du personnel, des doutes à gérer les moments clés d'un match. Mais force est d'admettre qu'il a gardé son club engagé. Et aujourd'hui, les joueurs le lui rendent bien.

Ce n'est pas une équipe parfaite. Avec les blessures à Daulton Varsho et Santander entre autres, la profondeur peut sembler fragile. Mais en ce moment, les Jays font ce que les bonnes équipes font : ils trouvent des façons de gagner. Ils frappent quand il faut. Ils ferment la porte au bon moment. Et ils se battent jusqu'à la dernière manche. Ce regain arrive à point. Les Yankees sont toujours en feu et malgré tout, les Jays ne se retrouvent qu'à 4 matchs de la première position dans la division Est. De plus, Toronto serait des séries si ça commençait aujourd'hui, comme la première équipe repêchée.

Il y a quelque chose de spécial quand une équipe commence à croire en elle-même. On le sent dans l'ambiance à l'intérieur de l'équipe. On le lit dans les regards. On le voit dans les petits gestes — un amorti pour faire avancer un coureur, un relais parfait au marbre, une tape sur l'épaule après un mauvais jeu. Il y a une chimie qui s'installe.

C'est ça qu'on voit chez les Blue Jays. Un club qui a traversé une tempête, mais qui a décidé de s'en sortir ensemble. Un club qui n'est peut-être pas encore au sommet de son art, mais qui joue avec l'intensité d'une équipe qui veut prouver qu'elle a sa place parmi les meilleures.

La route est longue. Il reste des blessures à gérer, des séquences difficiles à traverser. Mais pour la première fois depuis longtemps, Toronto donne l'impression d'une équipe qu'on doit prendre au sérieux. D'un groupe de joueurs qui ne se contentent plus de leur talent, mais qui veulent gagner. Ensemble. Est-ce un coup de chance ou peut-on réellement y croire? La réponse dans les prochaines semaines!