Simon Lusignan attire les regards depuis l’âge de 14 ans. C’est à cet âge que l’adolescent a atteint le chiffre des 90 miles à l’heure avec sa balle rapide pour la première fois. Un lanceur québécois qui atteint cette vitesse à un si jeune âge relève pratiquement de la science-fiction. Deux ans plus tard, Lusignan poursuit son développement dans l’académie d’une école secondaire en Alberta.

Lusignan a reçu une bonne nouvelle il y a quelque temps en recevant une invitation à une journée d’évaluation, communément appelé un « showcase » dans la région de Chicago. Le Super 60 Pro Showcase a lieu au début du mois de février et les invitations ont été lancées à l’échelle nationale.

« C’est un des bons showcases qu’il y a aux États-Unis », précise Alex Agostino, recruteur bien connu des Phillies de Philadelphie. C’est un évènement qui a pris du poids au niveau national dans les dernières années. C’est une superbe nouvelle qu’a reçue Simon et il aura l’occasion d’attirer les regards. »

Agostino demeure prudent dans les conclusions qu’il tire d’un tel évènement, mais souligne qu’un « showcase » est plus pertinent pour les lanceurs que pour les frappeurs.

« Pour les frappeurs, c’est beaucoup moins réaliste à l’intérieur, parce que la balle fait plus de bruits sur le contact et tous les éléments extérieurs ne sont pas présents. Le portrait est plus fidèle pour un lanceur, parce que la vélocité demeure la même. L’action de la balle courbe ou du changement de vitesse ne change pas non plus », explique Agostino.

En tête de liste

À seulement 16 ans, le colosse de 6 pieds 5 pouces et 200 livres entend sans cesse ses entraîneurs lui rappeler de demeurer calme, de se fier au processus, de travailler sur sa mécanique et de prendre ça une journée à la fois. Bref, ce que n’importe quel entraîneur conseillerait à un athlète de haut niveau.

C’est bien beau en pratique, mais Lusignan a quelques raisons de vouloir s’emballer. Avec Raphaël Pelletier, un receveur prometteur, ils seront les deux premiers Québécois à participer à cette journée d’évaluation qui en est à sa 18e édition. Simon est également le premier lanceur canadien à recevoir sa lettre d’invitation.

Des 60 joueurs qui tenteront d’impressionner les recruteurs, un seul ne sera admissible au repêchage qu’en 2021, à cause de l’âge qu’il aura lors de la fin de ses études secondaires. Vous avez deviné, il s’agit de Simon. Tous les autres pourront se faire repêcher en juin prochain.

« Honnêtement, je ne me mets aucune pression. Justement, je vais être le plus jeune lanceur présent et je vois cette journée comme une occasion d’impressionner. »

À la manière d’un releveur en 9e manche, Lusignan devra bien faire et le faire vite, puisqu’après un échauffement d’usage, il effectuera une quinzaine de lancers devant les recruteurs, puis c’est tout.

« C’est sûr que ce n’est pas bien long, dit-il en riant au bout du fil. Je vais devoir saisir rapidement quel tir fonctionne le mieux cette journée-là. Avec l’expérience que je suis en train d’acquérir, je vais pouvoir savoir dans l’échauffement qu’est-ce qui fonctionne bien ou moins bien lors de cette journée. »
 

Signe de la crédibilité du Super 60 Pro Showcase, le prometteur joueur d’avant-champ Gavin Lux y a déjà démontré ses habiletés. Au fil des années, 11 choix de première ronde et 14 choix de deuxième ronde ont pris part à l’évènement.

Le cadran sonne tôt

À l’instar de plusieurs autres adolescents, Simon Lusignan était peut-être un peu pantouflard avant de s’envoler en Alberta. S’il l’était, il ne l’est plus. Le cadran sonne à 4 h 50 le matin. À 6 h, du lundi au vendredi, il lance sa première balle de la journée. Simon se dirige ensuite à ses cours, puis il se soumet à une autre session d’entraînement en fin de journée. Il ne profite que d’une seule journée de repos par semaine.  

« C’est tôt, mais on s’habitue à ne pas dormir beaucoup. L’adaptation n’a pas été difficile. Je savais que ça allait être exigeant et je m'estime seulement chanceux de pouvoir faire partie d’une académie. C’est ce que je voulais et en quelques mois seulement, je constate tout le chemin que j’ai parcouru sur le plan physique et technique. »

Simon finira donc son année scolaire en Alberta, mais rien n’indique qu’il sera de retour au Québec à l’été 2020. Il pourrait recevoir une invitation pour joindre un circuit élite en Alberta regroupant des joueurs de 20 ans – rappelons que Simon n’a que 16 ans. S’il ne parvient pas à réussir ce tour de force, Simon risque de revenir au Québec. Ses droits dans la Ligue de baseball junior élite du Québec appartiennent aux Ducs de Longueuil. Puis à l’automne 2021, Lusignan entreprendra des études à la prestigieuse Université Stetson où il a signé sa lettre d’intention depuis un bon moment déjà.