Après son discours en marge du Match des étoiles de la NBA présenté à Chicago le mois dernier, un journaliste a demandé au commissaire Adam Silver de chiffrer les pertes encourues à la suite du gazouillis du directeur général des Rockets de Houston, Daryl Morey, qui appuyait les manifestants contre l’amendement de la loi d’extradition par le gouvernement de Hong Kong.

Le commentaire de Morey avait soulevé l’ire du gouvernement chinois et de commanditaires et certaines rumeurs laissaient entendre qu’il allait priver la NBA d’environ un milliard en revenus.

« [Les estimations] n’ont jamais été près des informations que nous avions reçues, avait alors répondu Silver. Les pertes se chiffrent à plusieurs centaines de millions de dollars, certainement. Probablement moins de quatre cents millions de dollars. Peut-être encore moins que cela... »

Mais la pandémie de coronavirus, qui a obligé la NBA à suspendre toutes ses activités la semaine dernière, pourrait plomber les revenus de la ligue de plus d’un milliard de dollars, rapporte le Washington Post en regroupant les informations de dirigeants d’équipes et d’autres médias.

Pour une ligue qui a été particulièrement prospère au cours de la dernière décennie, l’ajout de la pandémie de la COVID-19 à la controverse de Hong Kong représente un défi sans précédent.

En l’espace de 35 ans, le plafond salarial – qui est directement relié aux revenus générés par la NBA – n’a diminué que 2 fois et jamais plus de 2,3 millions de dollars. Lorsque Silver est arrivé en poste en février 2014, le plafond salarial était de 58 millions de dollars. Ce montant a plus que doublé pour atteindre 109 millions de dollars aujourd’hui grâce aux lucratifs droits médias. Les revenus de la ligue totalisent maintenant 8 milliards de dollars, contre près de 4 il y a 10 ans.

Un dirigeant d’une équipe de pointe a mentionné au Washington Post que les pertes pourraient atteindre 40 millions de dollars par club ou encore 1,2 milliard au total si les séries éliminatoires n’étaient pas présentées. L’analyse de FiveThirtyEight.com prévoit à peu près le même montant.

Les chiffres varient évidemment d’un marché à l’autre, mais chaque équipe génère des revenus de plus ou moins 2 millions de dollars pour chaque match présenté à domicile. Étant donné que 259 rencontres ont été remises d’ici la fin de la saison régulière et que 82 matchs ont été tenus en séries éliminatoires la saison dernière, cela représente un manque à gagner de 700 millions.

Un ancien dirigeant des Grizzlies de Memphis aujourd’hui chroniqueur à The Athletic a estimé que le plafond salarial diminuerait de 8 millions la saison prochaine, tandis que Bleacher Report a évalué cette baisse à 15 millions, ce qui aurait des conséquences pour de nombreux joueurs.

L’avant des Raptors de Toronto Pascal Siakam et le garde des 76ers de Philadelphie Ben Simmons ont en effet signé avant le début de la campagne des prolongations de contrat évaluées à 25 pour cent du plafond salarial la saison prochaine. Les deux joueurs seraient ainsi privés de millions en raison de l’importante diminution du plafond salarial attendue par tous.

De plus, plusieurs joueurs pourraient renoncer à l’autonomie en exerçant l’année d’option à leur contrat afin d’attendre que les choses reviennent à la normale à l’été 2021. Plusieurs joueurs marginaux pourraient aussi devoir se contenter d’ententes d’un an en raison de l’incertitude.

Certaines équipes pourraient également devoir commencer à payer la taxe de luxe ou encore verser des montants beaucoup plus élevés qu’anticipés. Des propriétaires pourraient ainsi être tentés de maintenir le plafond salarial au niveau actuel, mais l’aval de l’Association des joueurs devra être obtenu. Bref, il y a plus d’un défi qui attend la NBA après la crise du coronavirus.