Prédictions des experts

En m’assoyant à mon écran pour commencer à rédiger un avant-goût de la grande finale de la NBA, je me suis arrêté quelques instants pour d’abord déterminer le meilleur mot (un seul mot) qui résume le mieux les six dernières semaines. Et j’ai finalement abouti sur CHAOTIQUE. Les nouvelles surprises furent multiples. Et toutes les supposées certitudes en place au tout début des séries se sont éventuellement envolées. Par exemple :

Les Lakers semblent avoir de grandes chances de répéter : éliminés au premier tour par les Suns.

Le Heat donnera du fil à retordre aux Bucks :  balayé en 4 matchs.

Le Jazz et les Sixers ont chacun terminé au premier rang et sont bien positionnés pour performer : éliminés au 2e tour.

Les Nets semblent imbattables : éliminés au deuxième tour par les Bucks.

Avec l’élimination des Lakers, c’est enfin l’année des Clippers : ils ont tout tenté, mais n’ont pu atteindre la finale.

Je sais, je sais…..une grande portion des résultats ci-haut sont attribuables à des problèmes de santé. La Covid dans certains cas. Les blessures significatives pour le reste. Voici d’ailleurs la liste des joueurs d’envergure qui ont dû rater deux matchs ou plus depuis le début des séries : Kyrie Irving, James Harden, Kemba Walker, Trae Young, Giannis Antetokounmpo, Mike Conley, Chris Paul, Serge Ibaka, Kawhi Leonard.

Ouch. Pas idéal pour les dirigeants de la ligue.

Quand les vedettes tombent au combat, tout le monde perd au change.

On ne pourra jamais déterminer avec certitude la raison principale de ces absences, mais un fait demeure incontournable : la NBA a joué avec le feu en 2020-21. Ils ont d’abord établi une très/trop courte saison morte tout de suite après une campagne si étrange. Ils ont ensuite insisté pour disputer 72 matchs par club malgré tout. Puis ils ont tenu le weekend des étoiles à tout prix. Vous comprendrez que l’argent était l’élément motivateur pour expliquer chacune de ces décisions audacieuses. Et tout ceci fut probablement au détriment de la santé et résistance physique des joueurs en bout de compte.

Ceci étant dit, on ne peut pas dire que ces séries furent ennuyantes ou banales. De nouvelles vedettes auront commencé à s’établir sur l’échiquier (Young, Doncic, Ayton). Les partisans étaient de retour en grand nombre dans les amphithéâtres. Un futur membre du panthéon nous montre qu’il est prêt à tout pour faire retirer son nom de la liste des ‘meilleurs à ne jamais avoir soulevé un trophée’ (CP3). Et deux villes qui n’ont jamais, ou presque, atteint le sommet de la montagne se livreront un étonnant duel dès mardi pour être immortalisés à jamais (Milwaukee et Phoenix).

Ça promet.

Je vous confirme d’ailleurs que toutes ces rencontres finales vous seront offertes sur RDS ou RDS2 lors des deux semaines à venir.

Voici donc les 5 histoires qui m’interpellent le plus à l’aube du choc ultime :

5 – Un ‘petit’ marché célèbrera enfin

En terme de population américaine, les villes de Phoenix et Milwaukee se classent respectivement au 5e et 30e rang. Et j’avoue que le 5e rang de Phoenix m’a drôlement surpris. Néanmoins, quand on pense gros marchés de basket, on pense rarement à ces deux métropoles. Ce sera donc rafraichissant de voir les citoyens de l’une d’elle tenir une parade de célébration dans deux semaines environ. Il s’agit de villes avec des partisans dévoués, bruyants et fidèles qui méritent enfin d’être récompensés. Les Bucks participent à la finale pour la troisième fois, mais une première en 47 ans. Quant aux Suns, leurs deux seules présences précédentes remontent à 1976 et 1993 (un échec dans les deux cas).

4 – Un baume pour Monty ?

L’entraîneur-chef des Suns, Monty Williams, ne l’a pas eue facile lors des dernières années. Loin de là. Pour ceux qui l’ignore, voici la petite histoire. Février 2016. Williams, son épouse et leurs enfants vivent à Oklahoma City alors que Monty occupe le poste d’adjoint et entraîneur-chef associé du Thunder. En un instant, la vie de la famille entière basculera à tout jamais. Ingrid Williams est heurtée de plein fouet sur l’autoroute par un automobiliste ayant perdu le contrôle de son véhicule. Elle perd la vie sur le champ. Elle n’était âgée que de 44 ans. Monty se retrouve tout d’un coup père veuf de cinq enfants âgés entre 5 et 17 ans. Plusieurs se demandent s’il s’en remettra un jour. Il persévèrera, s’en remettant à sa foi. Trois ans plus tard, les Suns seront les premiers à lui donner la chance de mener sa propre équipe après 14 ans comme assistant. Et deux ans après ça, le voici subitement en grande finale de la NBA. Il aura réussi à mener les Suns au titre dans l’Ouest alors qu’ils traversaient une sécheresse foudroyante depuis une décennie. Quel exploit ! Un conte de fée qui mérite une fin digne du scénario improbable.

3 – Les Bucks doivent choisir leur poison

Mike Budenholzer, entrâineur-chef des Bucks, a une décision difficile à prendre à l’aube du premier match. Son meilleur joueur défensif autour du périmètre, Jrue Holiday, ne peut malheureusement pas être cloné pour cette série. Idéalement, ç’aurait pris une version de lui pour surveiller Chris Paul et une autre pour tenter de ralentir Devin Booker. Que faire ? Il devra déterminer quel scénario fera le moins mal à son club et assumer les conséquences. Mon feeling ? Il opposera d’abord Holiday à CP3 et demandera à PJ Tucker de tenir tête à Booker. Tucker a la ténacité requise, mais pas la mobilité latérale. Et je ne vois aucune alternative acceptable. Le schéma défensif collectif de Milwaukee devra être exécuté à la perfection si les Busks veulent avoir une chance de rafler cette série. Car sur papier, les confrontations ne sont pas idéales.

2 – Le moment tant attendu de CP3 ?

Chris Paul en est à son 5e club et sa 16e saison dans la NBA. Il a presque tout accompli, est excessivement respecté et sera un membre assuré du Temple de la Renommée après sa retraite. Mais un astérisque planait toujours dans son CV avant cette saison. Il n’avait jamais mis les pieds en grande finale. Maintenant que ce mur a été aboli, il s’attaquera à la barrière ultime : lever le trophée tant convoité. Ça lui permettrait de quitter le club des Charles Barkley, Elgin Baylor, Karl Malone, John Stockton, Steve Nash, Reggie Miller et James Harden. Soit la confrérie des vedettes sans bagues à leur doigt. Le moment serait beau et inespéré pour CP3, alors que sa carrière semblait tirer à sa fin quand les Rockets l’ont expulsé vers OKC il y a deux ans. Il accumule encore les performances régulièrement dominantes malgré ses vieilles jambes de 36 ans. Du jamais vu pour un meneur de jeu. Il n’est évidemment pas à l’abri d’une blessure durant cette finale, dis-je en touchant tout le bois possible autour de moi. Mais sérieusement, on ne lui souhaite que du succès et une consécration plus que méritée.

1 – Tous les yeux rivés sur Giannis

Quel tour de force ! J’ai réussi à consacrer les 1200 premiers mots de cet article sans aborder (ou presque) la présence du gigantesque éléphant dans la pièce : la blessure de Giannis. Celle-ci décidera essentiellement du sort de la série à mes yeux. Au premier regard, quand il s’est effondré lors du quatrième match à Atlanta, ça sentait la déchirure ligamentaire à plein nez. Les espoirs des partisans des Bucks s’envolaient alors violemment. Mais par un certain miracle, le Greek Freak s’en est tiré avec une hyperextension. A l’aube du match numéro 6 dans l’Est, l’information qui circulait laissait même croire à un retour possible de sa part lors du 7e match si la série s’y rendait. On peut donc extrapoler qu’une présence lors du début de la finale n’est pas impossible. Mais pour l’instant, les dirigeants de Milwaukee ne disent strictement rien publiquement. On veut gagner la finale, mais on veut aussi s’assurer de ne prendre aucun risque stupide à long terme avec la santé de son joueur de concession.

Donc, jouera-t-il ou non ?

S’il met les pieds sur le terrain, on peut penser qu’il ne pourra performer à 100%. Mais sa simple présence aurait un effet galvanisant majeur sur ses coéquipiers. Et un Giannis à 75% est bien meilleur qu’une tonne de joueurs actuels.

S’il n’est pas en mesure de jouer au final, j’ai grand mal à imaginer des Bucks menés par Khris Middleton, Holiday, Brook Lopez et cie rafler les grands honneurs devant le trio Paul/Booker/Ayton. Ce serait trop leur demander à mes yeux. C’est pour toutes ces raisons que j’ai choisi les Suns en 6. En se souhaitant surtout une longue finale où la santé sera au rendez-vous. Au plaisir de vous y retrouver !