MONTRÉAL - Autant les attentes de Lucian Bute avant son combat contre James DeGale étaient modestes - ou réaliste -, autant elles sont élevées à l’approche de son duel face à Badou Jack.

Le Montréalais d’origine roumaine aura l’opportunité d’affronter le champion des poids super-moyens du WBC le 30 avril au D.C. Armory de Washington et il espère de tout cœur rapporter au Québec la ceinture qui a déjà notamment appartenu à Éric Lucas au début des années 2000.

À vrai dire, Bute (32-3, 25 K.-O.) ne s’attendait pas à disputer un autre combat de championnat aussi rapidement, mais une blessure à Julio Cesar Chavez fils en a fait un candidat de choix pour remplacer le Mexicain au pied levé aux yeux des dirigeants du réseau américain Showtime.

« Bute est en forme et confiant »

Ainsi, même s’il s’est incliné par décision unanime des juges devant DeGale en novembre dernier à Québec, l’ancien détenteur du titre des super-moyens de l’IBF est convaincu qu’il possède encore tout ce qu’il faut pour rivaliser avec l’élite mondiale chez les 168 livres.

« Ma performance contre DeGale, qui est considéré comme l’un des meilleurs boxeurs de la catégorie, m’a donné cette confiance-là, a expliqué Bute en conférence de presse mercredi. Les dernières années avaient été un peu plus difficiles et dans ma tête, je manquais de confiance.

« Je suis devenu un autre boxeur. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont mes entraîneurs - Howard et Otis Grant - et mes partenaires d’entraînement. Même si je suis maintenant âgé de 36 ans, je suis affamé et je suis déterminé à mettre la main sur cette ceinture-là. Je le dis, je suis prêt! »

Au cœur de la « renaissance » de Bute depuis près d’un an, Howard Grant a noté une certaine évolution depuis que l’ancien champion s’est pointé dans son gymnase de l’Ouest-de-l’Île pour la première fois. Inutile de rappeler que le Montréalais n’en menait pas large à ce moment-là.

« Quand je lui ai demandé ce qu’il pensait (du combat contre Jack), il m’a dit qu’il l’affronterait gratuitement, a révélé Grant. Pour lui, ce n’est pas une question d’argent, mais une question de redevenir champion du monde. C’est précisément ce que je voulais entendre de sa part!

« Lucian est devenu un meilleur boxeur en un an parce qu’il est tout simplement devenu plus confiant. Il a connu plusieurs séances de sparring difficiles avec (Erik) Bazinyan et il a effectué du bon travail. Lucian n’est pas du tout le genre d’individu à tourner les coins ronds. Il est dédié. »

Chose certaine, il y a un changement perceptible entre le Bute qui cherchaient des réponses à ses défaites devant Carl Froch et Jean Pascal et celui qui s’apprête à disputer son 13e combat de championnat. De son propre aveu, il a retrouvé le feu sacré qu’il l’animait il y a plusieurs années.

« Je peux dire que je me sens comme avant mon combat contre (Alejandro) Berrio où je suis devenu champion du monde, a avoué Bute. J’avais 27 ans, je n’avais pas connu la défaite et j’étais bien dans ma peau. J’avais envie d’offrir une grande performance à ce moment-là.

« Il y a également des comparaisons possibles avec mon deuxième combat contre (Librado) Andrade à Québec. J’étais tellement confiant… Le camp d’entraînement et les séances de sparring avaient tellement bien été. Et vous savez tous ce qui s’est passé par la suite... »

Respecté, mais pas louangé

Devenu champion après sa victoire par décision majoritaire sur Anthony Dirrell en avril dernier, Jack (20-1-1, 12 K.-O.) a ensuite défendu son titre en battant George Groves par décision partagée en septembre. Bute et son entourage le respectent, mais ne le portent pas aux nues.

« Jack est un boxeur typiquement européen qui se tient droit et qui ne bouge pas beaucoup la tête. Il possède une bonne force de frappe et une bonne droite, a analysé Bute. Il fait tout bien, mais n’a rien d’exceptionnel. Avec mon style et mon expérience, je peux lui enlever la ceinture.»

« Jack est un bon boxeur, mais au chapitre de la technique, de la stratégie, de la vitesse, de la condition physique et de la puissance, je considère que Lucian lui est supérieur, a ajouté le promoteur Yvon Michel. C’est une occasion rêvée et c’est pourquoi Lucian n’a pas hésité. »

« Ce n’est pas tant ce que Jack peut faire, mais ce que Lucian est devenu, a conclu Grant. Je sais que Lucian ne pourrait pas être mieux préparé, ce qui signifie que nous avons 50 pour cent des chances de l’emporter. Nous sommes confiants et nous voulons affronter les meilleurs. »

Bute aurait évidemment souhaité disputer ce qui pourrait s’avérer son dernier tour de piste devant ses partisans, mais en même temps, il sait qu’il mettra le cap sur la capitale américaine sans aucune pression sur ses épaules. Qui sait ce qui pourrait survenir dans ces circonstances?