MONTRÉAL – Steven Butler franchit une à une les étapes depuis sa défaite devant Brandon Cook et son duel contre Carson Jones en était une assez importante puisqu’elle marquait son passage chez les poids moyens après avoir évolué principalement chez les super-mi-moyens auparavant.

 

Le Montréalais a en effet brillamment relevé le défi qui se présentait à lui en battant l’Américain par arrêt de l’arbitre 50 secondes seulement après le début du 7e round, samedi soir au Cabaret du Casino de Montréal, en finale d’un gala de boxe d’Eye of the Tiger Management (EOTTM).

 

Butler (24-1-1, 21 K.-O.) a enregistré une sixième victoire de suite depuis qu’il s’est incliné face à l’Ontarien dans un choc d’unification de ceintures nord-américaines en janvier 2017 au Centre Bell. Depuis, sa capacité à doser ses énergies et gérer ses émotions était remises en question.

 

« Le but de ce combat-là, c’était de suivre le plan de match, a avoué Butler à sa sortie du ring. Même si je lui faisais mal, même s’il tombait, il fallait que je suive le plan de match. J’ai fini par laisser aller mes mains et je recommençais tranquillement. Je n’ai jamais cherché le knock-out. »

 

Ainsi, Butler n’a pas perdu la tête après avoir obligé Jones (40-14-3) à poser un genou au sol à la suite d’une droite au menton au cinquième round, continuant à attaquer méthodiquement avec sa main avant. Cette nouvelle sagesse lui a ensuite permis de renvoyer son adversaire au tapis au début du sixième round, cette fois après lui avoir asséné un crochet de gauche assez vicieux au corps.

 

Dans le même ordre d’idées, Jones s’est rapidement retrouvé en difficultés au septième round, et l’arbitre Alain Villeneuve s’est interposé pour mettre fin aux hostilités. Celui qui avait déjà perdu contre Kell Brook par décision majoritaire n’a pas tardé pour manifester non sans raison son mécontentement, car il aurait peut-être mérité un compte puisque les câbles le retenaient.

 

« C’est la première fois que [Steven] est aussi méthodique, s’est réjoui son entraîneur Rénald Boisvert. Il faut qu’un boxeur prépare chacun de ses coups de poing et c’est ce qu’il a fait ce soir.

 

« Je ne sais pas si vous vous souvenez de ma sortie après son dernier combat? Autant je n’étais pas content contre [Jaime] Herrera, autant je suis content maintenant. Il a fait ce qu’il devait faire. Il était très calme et très conscient du plan de match. C’est une étape dans sa maturité. »

 

Sachant visiblement à qui il avait affaire ou cherchant plutôt à ne pas épuiser trop rapidement ses réserves d’énergie, Butler a commencé le combat prudemment en se réfugiant derrière son jab et en plaçant des coups qui n’avaient pas pour objectif de terrasser son expérimenté rival.

 

« J’avais dit à Steven dans la chambre avant le début du combat que son objectif était d’aller chercher le plus d’informations possible au sujet de son adversaire, a expliqué Boisvert. Steven devait essayer de comprendre ce qu’il faisait pour ainsi connaître ses forces et ses faiblesses. »

 

Butler devrait remonter dans le ring au mois de septembre prochain, alors qu’EOTTM lancera sa nouvelle saison à l’automne. Il devrait être de la demi-finale d’un gala qui mettra en vedette le poids lourd Simon Kean, qui a vaincu Adam Braidwood la fin de semaine dernière à Shawinigan.

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Un premier titre mineur pour Germain

 

Depuis le temps qu’il l’attendait, Mathieu Germain a mis la main sur son premier titre mineur en carrière en s’emparant de la ceinture nord-américaine des super-légers de l’IBF à la suite de son gain par décision unanime sur Christian Uruzquieta après 10 rounds particulièrement endiablés.

 

Les trois juges ont remis des cartes de 98-92, 98-92 et 97-93 en faveur de Germain (15-0), qui a dû composer avec la pression continuelle exercée par Uruzquieta (17-4-1). Ce dernier n’a jamais bronché même s’il a reçu un nombre incalculable de droites au visage pendant tout le combat.

 

Le Montréalais a préparé la plupart de ses attaques en esquivant d’abord les coups du Mexicain avant de s’immiscer à l’intérieur pour larguer sa main arrière. Même si le modus operandi est rapidement devenu prévisible, Uruzquieta n’a jamais été en mesure de véritablement le contrer.

 

Les deux boxeurs se sont également livré de furieux corps à corps et malgré le fait qu’ils peuvent s’avérer extrêmement exigeants physiquement, le rythme n’en a jamais souffert, à l’exception d’un court moment aux cinquième et sixième rounds, mais personne ne leur en tiendra rigueur.

 

Bazinyan ne fait qu’une bouchée de Zegarra

 

Quelques minutes avant Germain, Erik Bazinyan a aussi ajouté une ceinture mineure autour de sa taille – celle des super-moyens de la NABO – en battant David Zegarra par arrêt de l’arbitre à 2:45 du 4e round, après l’avoir envoyé à deux reprises au plancher pendant ce dernier assaut.

 

Après avoir passé le premier round à étudier son adversaire, Bazinyan (20-0, 15 K.-O.) a pris le contrôle du centre de l’arène avec son jab et a ensuite lancé quelques attaques pour marquer son territoire. À la fin du troisième assaut, il est même parvenu à ébranler sérieusement Zegarra (32-3) à l’aide d’un court crochet de gauche qui a complètement désorienté le boxeur péruvien.

 

Le Lavallois d’origine arménienne n’en demandait pas tant pour appuyer sur l’accélérateur, si bien qu’il a vite expédié Zegarra au tapis à l’aide d’une gauche tandis que le pied de ce dernier glissait sur une publicité posée sur le canevas. Le boxeur de Lima a à peine eu le temps de reprendre ses esprits qu’il se retrouvait les quatre fers en l’air après avoir reçu une combinaison.

 

Une certaine confusion a cependant régné à la suite de l’arrêt des hostilités décrété par l’arbitre Martin Forest, Zegarra arguant que son coin n’avait pas jeté l’éponge, mais ce n’aurait probablement été qu’une question de temps avant que Bazinyan ne le neutralise pour de bon.

 

Maduma salue son retour avec une victoire

 

En lever de rideau, Ghislain Maduma a célébré son retour dans le ring après 20 mois d’absence en dominant Jhony Navarrete avant de s’imposer par décision unanime (80-72, 80-72 et 80-72).

 

Évoluant maintenant chez les mi-moyens après avoir passé l’ensemble de sa carrière chez les légers et les super-légers, Maduma (19-3) a laissé Navarrete (31-13-2) venir à lui pendant tout le combat, mais s’est assuré de l’accueillir chaque fois avec des contre-attaques très efficaces.

 

Maduma a dit que ce duel n’était pas l’histoire d’un soir et qu’affronter un boxeur du calibre de Navarrete le prouvait. Le Mexicain s’était incliné devant Jaime Munguia, qui est éventuellement devenu champion des super-mi-moyens de la WBO, à sa dernière sortie. Il avait aussi perdu face à Custio Clayton, Samuel Vargas et Kevin Bizier – pour ne nommer que ceux-là – dans le passé.

 

Raphaël Courchesne (4-0) est demeuré invaincu en quatre combats en défaisant Ernesto Olvera (7-2-1) par décision unanime (40-35, 40-35 et 40-35). Courchesne a envoyé Olvera au plancher au quatrième et dernier round, mais le Mexicain a manifesté avec véhémence son désaccord en affirmant qu’il avait été poussé. La chute n’a cependant pas eu d’incidence sur le résultat, car le Maskoutain s’était précédemment amusé à marteler de coups le visage et le corps de son rival.

 

Finalement, Vincent Thibault (6-0) a aussi conservé sa fiche parfaite en prenant la mesure de Manuel Garcia (15-15-2) par décision unanime (60-53, 60-53 et 59-54). Thibault n’a eu aucun mal à dominer l’affrontement, envoyant notamment Garcia au tapis au cinquième round. Le Mexicain n’en était pas à sa première présence en sol québécois, lui qui avait baissé pavillon devant Francis Lafrenière et Dario Bredicean à ses deux dernières sorties en janvier et juin 2017.

 

Germain s'empare de la ceinture IBF