Listen to "Le compte de 8 - 28 mars 2018 - Une unification à ne pas rater" on Spreaker.

MONTRÉAL – Même s’il affrontera Jaime Herrera pour la deuxième fois afin de reléguer aux oubliettes le verdict nul majoritaire dont il a dû se contenter en mai 2015, Steven Butler ne considère absolument pas ces retrouvailles comme un moment déterminant dans sa carrière.

L’Américain et le Québécois se retrouveront en finale d’un événement de la série « l’Antre du Tigre » d’Eye of the Tiger Management (EOTTM) qui sera tenu samedi soir au Cabaret du Casino de Montréal. Et même si le titre international des poids super-mi-moyens de l’IBO sera à l’enjeu, Butler (22-1-1, 19 K.-O.) aborde le duel exactement comme ceux qu’il a livrés dernièrement.

« C’est un combat de progression. C’est quand je serai rendu dans des combats de championnat du monde que je pourrai dire que c’est un [moment charnière] dans ma carrière, a mentionné le Montréalais, jeudi, en marge de la dernière conférence de presse faisant la promotion du choc.

« Cela dit, je sens que j’ai quelque chose à prouver à moi-même et à tout le monde, puisque la première fois – et ce ne sont pas des excuses –, mais j’avais eu des problèmes pendant le combat. C’est également une question d’ego. Je suis un gars qui aime régler ses comptes. »

À leur première confrontation en sous-carte du gala qui avait permis à David Lemieux de s’emparer de la ceinture vacante des moyens de l’IBF, Butler avait envoyé Herrera (15-5-1, 8 K.-O.) deux fois au plancher lors des deux premiers rounds, mais il s’était fracturé la main droite. L’Américain avait ensuite remporté la quasi-totalité des rounds pour arracher un verdict nul.

Si plus de deux ans et demi se sont écoulés depuis ce temps, l’entraîneur de Butler a remarqué une certaine prise de conscience chez son protégé, qui semble enfin avoir réalisé qu’il ne peut pas uniquement se fier à sa force de frappe et qu’il devait absolument modifier son approche.

« Le plus grand changement, c’est l’attitude de Steven, confie Rénald Boisvert. L’idée qu’on se fait toujours d’un cogneur est qu’il n’y aura jamais de changement fondamental. Souvent, c’est comme cela que cela se passe. Steven est en train de démontrer le contraire. Il est en train de montrer qu’il est devenu quelqu’un de plus réfléchi, analytique, systématique et mature.

« Il y a beaucoup de cogneurs qui restent d’éternels enfants et qui vont compter uniquement sur leur force [de frappe]. Steven, c’est le fun de réaliser cela. Quand on connaît Steven, on se demande vraiment s’il va finir par changer et maintenant, je peux dire que je pense que oui. »

L’arrivée de l’ancien Olympien Jean-François Bergeron dans le coin du boxeur au cours de la dernière année a également grandement aidé Butler dans son cheminement. Boisvert s’était tourné vers son ami de longue date dans la foulée de la défaite contre Brandon Cook en janvier.

« Jean-François prêche beaucoup par l’exemple. C’est quelqu’un d’humble qui agit comme un professionnel et je pense qu’il y a une grosse partie de cela qui s’est communiquée à Steven, précise Boisvert. Quand un ancien boxeur professionnel devient entraîneur et qu’il adopte les mêmes comportements, c’est communicatif et il semble que Steven a compris quelque chose.

« Steven est rendu à un point où il doit devenir professionnel, mais [la définition du mot peut être vraiment] large. La boxe professionnelle, c’est souvent une aventure pour plusieurs, mais il faut que cela devienne quelque chose de plus grand. Il faut que tous les aspects [qui influencent la vie d’un boxeur professionnel] interviennent et dans le cas de Steven, cela s’en vient… »

Au-delà de l’occasion de venger la première tache à son dossier, Butler se battra en finale d’un événement pour la première fois depuis sa défaite face à Cook. Même si la scène n’est pas la même – le duel Butler-Cook avait été présenté au Centre Bell –, les contraintes sont similaires.

« Une finale, c’est le fun. C’est une pression supplémentaire : tous les yeux sont rivés sur la finale. C’est une pression énorme pour un jeune boxeur et cela le dérange plus qu’il ne va le laisser paraître. En même temps, c’est une bonne occasion de voir où Steven en est rendu. »

« Steven voulait ce combat-là depuis longtemps et nous pourrons savoir s’il peut gérer ses émotions, ajoute le promoteur Camille Estephan. Nous savons que Steven possède toutes les qualités et tous les outils, mais est-ce qu’il va gérer ses émotions comme ses coachs le veulent? Est-ce qu’il va suivre son plan de match? Cela dit, nous savons que Steven est bien supérieur. »

Rappelons que le gala de samedi soir marquera l’entrée en scène d’EOTTM au Cabaret du Casino de Montréal. Trois autres événements y seront d’ailleurs organisés d’ici les douze prochains mois : les 23 juin et 13 octobre plus tard cette année ainsi que le 26 janvier 2019.