S’il y a un sport qui a été vraiment malmené en 2020, c’est bien la boxe. Mais attention cela pourrait être encore pire en 2021.

Déjà l’Angleterre a banni tous les galas de son territoire jusqu’à nouvel ordre. C’est la même chose chez nous.

Ce n’est pas facile pour nos deux promoteurs majeurs. GYM d’Yvon Michel n’a présenté aucun gala en 2020. Eye of the Tiger Management de Camille Estephan a réalisé quatre galas au Québec et doit maintenant s’exiler au Mexique pour faire travailler ses têtes d’affiche.

La reine de 2020

Heureusement, il y a eu Kim Clavel (13-0, 2 K.-O.) et son beau cheminement. Elle a livré deux combats en 2020 et les a gagnés tous les deux. Le premier dans la « bulle » du MGM Grand, de Las Vegas, et le second dans la ville de Cuernavaca, au Mexique.

En plus de ses deux triomphes, elle a troqué ses gants de boxe contre son uniforme d’infirmière pour aller prêter main-forte au personnel soignant auprès des ainés au plus fort de la crise de la pandémie.

Son histoire a été tellement touchante qu’elle a été reprise par à peu près tous les sites, les journaux et les revues de boxe dans le monde entier.

Clavel est même en nomination pour le titre du meilleur espoir de l’année du WBC. Elle fera la lutte à Sophie Alisch, Judith Vivanco, Elizabeth Cruz Lopez et Marilyn Badillo Amaya.

Pour son brio sur le ring et son comportement à l’aide humanitaire, je me fais un devoir et un plaisir de lui accorder le titre de boxeuse de l’année au Québec, en 2020.

Nos trois champions mondiaux n’ont pas fait tellement de vagues au cours des douze derniers mois.

Artur Beterbiev  (15-0, 15 K.-O.), notre double champion WBC et IBF des mi-lourds, n’est pas monté sur un ring depuis le 18 octobre 2019. Il a donc été en chômage pendant 14 mois.

Il a été terrassé par le virus de la COVID-19 et se remet lentement en attente de la défense de ses couronnes contre Adam Deines.

Cet affrontement contre Deines devait avoir lieu le 30 janvier à Moscou, mais il a été remis à une date indéterminée.

Marie-Ève Dicaire (17-0), notre reine IBF des super-mi-moyennes est en chômage depuis 13 mois. Elle n’a pas mis les gants depuis le 23 novembre 2019. Pourtant, elle était certaine de se mesurer à Claressa Shields, le 9 janvier de l’an dernier, à Flint, au Michigan, mais les restrictions causées par la pandémie ont mis un terme à ce duel après plusieurs changements de dates.

Il y a toujours cette possibilité qu’elle affronte Claressa Shields dans les prochains mois, mais pour le moment, Shields s’entraîne en vue d’une entrée dans le monde des arts martiaux sous la gouverne de l’UFC. Elle a décidé de faire compétition dans les deux sports de combat.

Jean Pascal (35-6-1, 20 K.-O.) qui trône à la WBA avec le monarque argenté Dmitry Bivol n’a pas boxé depuis le 28 décembre 2019, soit depuis plus d’ un an.

À ce moment, il avait défait Badou Jack par décision partagée. On a souvent parlé de revanche, mais rien d’officiel jusqu’ici.

Âgé de 38 ans, Pascal a toujours le goût du combat. Naturellement, plusieurs amateurs de boxe de chez nous voudraient le voir affronter Beterbiev, mais je ne vois pas un tel combat dans sa carte du ciel. Une revanche contre Jack serait plus réaliste.

Reviendra... Reviendra pas...

Tout avait si bien commencé pour Eleider Alvarez (25-2, 13 K.-O.) en début d’année 2020. Une victoire par knock-out au 7e round, au Turning Stone Resort et Casino, le 18 janvier, sur Michael Seals et il était sur le chemin du retour.

Puis ce fut le désastre contre Joe Smith, fils, dans la « bulle » du MGM Grand, de Las Vegas, le 28 août 2020.

J’ignore ce qui s’est passé dans la tête d’Alvarez durant ce match, mais il n’a jamais été dans le coup et ce qui devait arriver arriva lorsque mis knock-out au 9e round par son rival.

Depuis ce jour, on a peu entendu parler de notre ex-champion. Il veut continuer à gagner sa vie à talocher les adversaires, mais pour cela, il faut que le talent et la volonté de vaincre soient sur la même longueur d’onde... Ce que je doute.

Depuis sa défaite contre Sergey Kovalev, à qui il a cédé sa couronne, il n’a plus jamais été le même boxeur, exception faite de ce triomphe sur Seals. Mais il faut comprendre que Seals n’a jamais été un boxeur reconnu chez les élites.

S’il veut redevenir le boxeur qu’il était jadis, Alvarez a besoin de faire un grand ménage dans sa tête. Il aura 37 ans le 8 avril prochain, et c’est presque certain qu’il peut dire adieu à une couronne à moins de se faire transfuser le sang de Pascal dans les veines.

Oscar Rivas (26-1, 18 K.-O.) est inactif depuis le 20 juillet 2019.  

On prétend qu’il fera carrière chez les « bridgerweight », mais avec la pandémie qui persiste, on ne peut rien prévoir pour lui. 

Pourtant, il est fin prêt puisqu’il s’entraine régulièrement et se dit en grande forme. 

Après une absence de dix mois, David Lemieux (42-4, 35 K.-O.) est revenu sur le ring le 10 octobre dernier au Centre Gervais Auto, de Shawinigan contre Francy Ntetu.

J’ose croire que ce match inégal avait été organisé dans le but de garder Lemieux en forme, car ce n’est pas avec des noms comme Ntetu à sa fiche qu’il se retrouvera un jour face à la haute société des super moyens.

Maintenant âgé de 32 ans, Lemieux est classé 3e au WBC, 4e à la WBA et 3e à la WBO. Il fait donc partie du groupe des aspirants chez les super-moyens parmi lesquels on retrouve David Benavidez, Avni Yildirim, David Morrell, Caleb Truax, Zach Parker et Daniel Jacobs. 

Le verra-t-on un de ces jours affronter un de ceux-là? Il n’y a pas si longtemps on parlait de lui comme un rival possible pour Saul « Canelo » Alvarez. Aujourd’hui, c’est presque le calme plat contre ces rivaux, à cause de la pandémie. 

Plusieurs prétendent que les plus beaux jours de Lemieux sont derrière lui. C’est maintenant à lui de prouver que ces pseudo-connaisseurs se trompent.

Steven Butler (28-2-1, 24 K.-O.) n’a pas boxé depuis le 23 décembre 2019 alors qu’il s’avouait vaincu par arrêt de l'arbitre au 5e round face au Japonais Ryota Murata. 

À 25 ans, Butler a le droit de croire qu’il peut toujours coiffer une couronne mondiale et il a le bon adversaire entre les mains pour réaliser son rêve un de ces jours.

Jose de Jesus Macias (27-10-3, 13 K.-O.), qu’il affrontera le 30 janvier prochain, à Cuarnavaca, au Mexique, n’est pas et ne sera pas champion mondial, mais c’est un rival de classe qui n’a subi qu’un seul revers depuis deux ans.

Macias a vaincu Francis Lafrenière de justesse en novembre 2018, mais il a perdu la décision unanime contre Mikael Zewski, le 15 février 2018. C’est donc 1-1 contre les pugilistes québécois.

Butler devrait gagner ce match par décision, car Macias a un bon menton. De ses dix défaites, une seule a été enregistrée par knock-out.

Le géant de 260 livres Arslanbek Makhmudov (11-0, 11 K.-O.) a livré un seul combat en 2020. C’est donc dire que depuis le 7 décembre 2019, il a été dix mois sans monter sur un ring pour y gagner son sel.

En 2020, Makhmudov n’aura ganté que pendant 27 secondes. C’est le temps qu’il lui a fallu pour assommer Dillon Carman.

Que lui réserve 2021? Avec la pandémie, il est peu probable qu’un rival de classe se pointe au Québec.

S’il veut graduer chez les aspirants, il lui faudra donc s’exiler aux États-Unis ou bien en Europe pour y affronter un rival de classe, pas comme les pieds de cèleri qu’on lui a présentés jusqu’ici.

Makhmudov a le talent. Il reste juste à l’encadrer professionnellement.

Mikael Zewski (34-2, 23 K.-O.) n’a livré qu’un seul combat en 2020. C’était le 12 septembre dernier dans la « bulle » du MGM Grand, de Las Vegas et il a perdu par arrêt de l'arbitre au 8e round contre Egidijus Kavaliauskas.

Il n’y a pas de honte à baisser pavillon devant un rival qui est classé 6e au WBC et 5e à la WBO.

La pilule est dure à avaler, mais s’il veut continuer à boxer, il lui faudra se cracher dans les mains et reprendre le collier comme dans le bon vieux temps.

En dépit de la pandémie, Custio Clayton (18-0-1, 12 K.-O.) a été en mesure de livrer deux matchs en 2020. Il en a gagné un et annulé dans l’autre.

En somme, ce fut un exploit que de sortir avec un verdict nul contre son dernier rival du dix octobre dernier, Sergey Lipinets. Ce dernier n’a subi qu’un seul revers en carrière, et c’était par décision contre Mikey Garcia dans une défense de son titre IBF des super-légers.

J’ignore les intentions de Clayton pour 2021, mais je lui souhaite bonne chance quand même.

Pour le moment, on peut retrouver son nom en 4e place au WBC et en 4e place à la WBO des aspirants chez les mi-moyens.

2021 sera l’année où ça passe ou ça casse pour Simon Kean (19-1, 18 K.-O.). Pour le moment, il faut être optimiste. Après tout, Kean n’a que 32 ans et sa dernière victoire sur Daniel Martz par knock-out au 3e round prouve qu’il a la force de frappe nécessaire pour avancer dans les classements.

Est-ce que sa défensive suivra? C’est la question qu’il faut se poser?

En 2020 il a réussi à vaincre par knock-out au 3e round un rival qui avait été battu jadis par Luis Ortiz (K.-O. au 2e round) et par Bryant Jennings (K.-O au 2e round) pour ne nommer que ceux-là. Malheureusement, la pandémie m’empêche de prédire son avenir à court terme.

Les autres vedettes

Erik Bazinyan (25-0, 19 K.-O.) : le 21 février 2020 a battu Timo Laine par arrêt de l'arbitre au 6e round, au Centre Financière Sun Life, de Rimouski.

Lexson Mathieu (9-0, 8 K.-O.) : a gagné son seul combat de 2020 le 10 octobre, grâce à une victoire par knock-out au 1er round sur Tim Cronin, au Centre Gervais Auto, de Shawinigan. Ce triomphe était pour le titre vacant NABF junior des super-moyens.

Yves Ulysse (19-2, 10 K.-O.) : le 21 novembre 2020, a gagné son unique combat de l’année. Il n’a fait qu’une bouchée de Mathieu Gervain qu’il a vaincu par arrêt de l'arbitre au 7e round, à l’hôtel Rimouski, de la même ville. Ce match était pour le titre vacant NABF des super-légers.

Bonne boxe!