Pour la première fois de son histoire, la boxe québécoise compte trois champions du monde et il y aurait pu en avoir quatre si Adonis Stevenson ne s’était pas incliné devant Oleksandr Gvozdyk.

Les jeux en coulisses ont mené à de spectaculaires déchirements sur la place publique, alors que certains pugilistes ont vu leur étoile grandement pâlir en 2018. Revue de l’année en cinq temps.

Boxeur de l’année : Eleider Alvarez

Eleider Alvarez est champion du monde!

Aspirant obligatoire à la ceinture d’Adonis Stevenson depuis sa victoire sur Isaac Chilemba en novembre 2015, Eleider Alvarez a ensuite mis sa position en danger quatre fois plutôt qu’une dans l’espoir que le champion des poids mi-lourds du WBC ne daigne lui offrir enfin sa chance.

Désespéré, Alvarez a lancé un ultimatum à Stevenson à la fin de l’été 2017 qui s’est finalement avéré un coup d’épée dans l’eau. Avec la bénédiction du WBC, le champion a pu s’offrir un duel contre Badou Jack en mai 2018 et rien ne présageait que l’aspirant était le prochain sur la liste.

Mais coup de théâtre en avril, alors que le détenteur du titre de la WBO Sergey Kovalev est à la recherche d’un adversaire pour sa deuxième défense après que Marcus Browne se soit fait arrêter et le Montréalais d’origine colombienne se propose. It’s now or never, aurait dit Elvis.

Les deux boxeurs se retrouvent le 4 août à Atlantic City, au New Jersey, et Alvarez est loin de connaître un début de combat impressionnant puisqu’il tire vite de l’arrière sur les cartes des trois juges. Mais en écoutant l’entraîneur Marc Ramsay entre les rounds, la stratégie est claire : laisser Kovalev s’épuiser pendant la première partie du combat avant d’engager les hostilités.

Alvarez se porte ainsi à l’attaque au septième round et atteint Kovalev d’une droite à la tête et ce dernier se retrouve au plancher. Il y retournera deux autres fois avant que l’arbitre n’arrête le duel et permette à « Storm » d’atteindre l’objectif qu’il s’était donné en arrivant ici il y a dix ans.

Mention plus qu’honorable à Marie-Ève Dicaire, qui est devenue la 18e championne de l’histoire de la Belle Province, mais la 1re femme, après avoir vaincu Chris Namus en décembre à Québec.

2017 : Eleider Alvarez

2016 : Steven Butler

2015 : David Lemieux

2014 : Bermane Stiverne

2013 : Adonis Stevenson

2012 : Adonis Stevenson

Combat de l’année : Adonis Stevenson contre Badou Jack

Stevenson conserve sa ceinture avec un nul majoritaire

Le règne d’Adonis Stevenson avait commencé sur les chapeaux de roue en juin 2013 avec une spectaculaire victoire par knock-out en 76 secondes sur Chad Dawson et sa première défense contre l’ancien champion Tavoris Cloud laissait entrevoir un monde de possibilités pour l’avenir.

Sauf que la suite n’a pas été aussi étincelante qu’anticipée et son refus d’affronter Jean Pascal et Eleider Alvarez ont – entre autres choses – plombé sa cote dans l’opinion publique. Par contre, personne ne pourra jamais reprocher à Stevenson d’avoir livré des chocs ternes au fil du temps.

Il aurait été évidemment préférable que Stevenson se mesure à son aspirant obligatoire Alvarez, mais en excluant cette donnée, le combat face à Badou Jack – ancien champion chez les super-moyens et les mi-lourds – était une affiche intéressante. Et pour la première fois depuis des lustres, Stevenson semblait se retrouver devant un adversaire capable de rivaliser avec lui.

C’est précisément ce qui s’est produit le 19 mai à Toronto. Stevenson et Jack se sont livré une véritable guerre de tranchées au terme de laquelle la victoire aurait pu aller d’un côté comme de l’autre. Les cartes de 114-114, 114-114 et 115-113 (Jack) témoignent fidèlement de la réalité.

2017 : Francis Lafrenière c. Uriel Gonzalez

2016 : Francis Lafrenière c. Renan St-Juste

2015 : Lucian Bute c. James DeGale

2014 : Jo Jo Dan c. Kevin Bizier II

2013 : Jo Jo Dan c. Kevin Bizier I

2012 : Adonis Stevenson c. Donovan George

Knock-out de l’année : David Lemieux sur Gary « Spike » O’Sullivan

Lemieux ferme le clapet à O'Sullivan

Après ses défaites devant Gennady Golovkin en 2015 et Billy Joe Saunders en 2017, il est devenu clair que David Lemieux n’aurait jamais le meilleur lorsqu’il se retrouverait devant un technicien. Mais pour une bonne partie de main chaude avec un volontaire? Il demeure toujours menaçant!

C’est ce genre de combat qui attendait Lemieux contre Gary « Spike » O’Sullivan en sous-carte de la revanche entre Saul « Canelo » Alvarez et Golovkin le 15 septembre à Las Vegas. Lemieux semblait prompt à montrer qu’il était intraitable après avoir été traité de « gros tas de merde » par son adversaire. « Je ne l’aime pas ce gars-là et j’ai hâte de lui faire savoir », avait-il répliqué.

Deux minutes et 44 secondes, c’est tout ce que cela a pris à Lemieux pour répondre aux insultes lancées par O’Sullivan. Une courte, mais puissante gauche sur le visage lui a fait perdre la carte, et malgré les efforts de l’Irlandais pour se relever, l’arbitre a jugé qu’il était futile de continuer.

Lemieux pensait bien devenir un incontournable pour « Canelo » à la suite de cette victoire, mais le boxeur le plus populaire de la planète a ensuite opté pour un combat contre Rocky Fielding en décembre. Lemieux aurait dû se battre en demi-finale de ce gala, mais ses problèmes de poids ont refait surface avant la pesée et son élan a été complètement freiné à ce moment.

2017 : David Lemieux sur Curtis Stevens

2016 : Adonis Stevenson sur Thomas Williams fils

2015 : Artur Beterbiev sur Gabriel Campillo

2014 : David Lemieux sur Fernando Guerrero

2013 : Adonis Stevenson sur Chad Dawson

2012 : Adonis Stevenson sur Jesus Gonzales.

Surprise de l’année : Dillon Carman sur Simon Kean

1er revers pour Simon Kean, et par knock-out!

Oui Eleider Alvarez était négligé avant son choc contre Sergey Kovalev, mais ce n’était rien à comparer de Dillon Carman face à Simon Kean. L’ex-champion canadien des poids lourds était reconnu pour aller souvent au plancher et peu d’observateurs croyaient qu’il serait en mesure de résister aux assauts répétés du géant originaire de Trois-Rivières pendant douze rounds.

Kean avait montré des signes de vulnérabilité contre Alexis Santos en février à Shawinigan, mais semblait les avoir laissés derrière lui face à Ignacio Esparza et Adam Braidwood. Le duel contre Carman était moins émotif que le précédent face à Braidwood, mais important pour la suite des choses. Le combat avait été qualifié d’« étape majeure » par son promoteur Camille Estephan.

Après avoir gagné le premier round sans être particulièrement impressionnant, Kean s’est retrouvé les quatre fers en l’air après avoir encaissé une droite au deuxième. Il a cependant reversé la vapeur dès le troisième round en rendant la pareille à Carman, qui en avait vu d’autres. L’Ontarien a riposté au quatrième avec une combinaison qui a achevé le Québécois.

Kean n’a pas caché sa déception dans les instants qui ont suivi sa défaite, tandis qu’Estephan et son entraîneur Jimmy Boisvert ont exigé des changements immédiats dans son entourage, jugeant qu’il n’était pas dans les meilleures dispositions pour relever le défi qu’était Carman.

2017 : Steve Claggett sur Yves Ulysse fils

2016 : Silverio Ortiz sur Mian Hussain

2015 : Kevin Bizier sur Fredrick Lawson

2014 : Joachim Alcine sur Delvin Rodriguez

2013 : Alliance GYM-InterBox

2012 : Carl Froch sur Lucian Bute

Retour de l’année : Sébastien Bouchard

Depuis le début de sa carrière, Sébastien Bouchard a toujours eu à concilier sa passion pour la boxe et un emploi dans la vie de tous les jours. L’athlète de Charlevoix pensait bien franchir une nouvelle étape en signant un contrat avec Groupe Yvon Michel au printemps 2016, mais non...

Bouchard a notamment été contraint à 15 mois d’inactivité entre février 2017 et mai 2018 en raison d’une rupture d’un tendon d’un biceps et cette blessure l’a contraint à travailler d’une nouvelle façon. Au lieu de boxer sur la pointe des pieds, il s’est installé vers l’arrière et a ainsi pu dégager plus de puissance. Lui qui était si cérébral, il s’agissait d’un changement très significatif.

Ayant enregistré 5 de ses 15 victoires avant la limite avant cette année, Bouchard n’était évidemment pas reconnu pour sa force de frappe. Mais en 2018, Boutch a défait Sladan Janjamin, Carlos Gorham et Vitor Jones en deux, deux et trois rounds respectivement. Il est en très bonne position pour mettre la main sur une première ceinture mineure en carrière en 2019.

2017 : Steven Butler

2016 : Oscar Rivas

2015 : Lucian Bute

2014 : Stéphane Ouellet

2013 : Éric Martel-Bahoéli

2012 : David Lemieux