TORONTO – Trois ans. Trois ans déjà que Mikael Zewski a subi sa première et seule défaite en carrière. Trois ans à espérer la chance qui lui permettrait de remettre cette dernière sur les rails.

 

Cette occasion se présentera enfin alors qu’il combattra pour le titre international des poids mi-moyens du WBC contre Diego Gonzalo Luque, samedi soir à Toronto, en sous-carte du combat de championnat du monde des mi-lourds du WBC qui opposera Adonis Stevenson à Badou Jack.

 

« J’avais l’impression que le karma s’acharnait sur moi, a avoué le boxeur de Trois-Rivières peu de temps après avoir affiché un poids de 147 livres à la pesée tenue vendredi. Il y a quinze jours encore, j’étais censé me battre pour la ceinture internationale de l’IBF et c’est tombé à l’eau. Heureusement, mon gérant [Cameron Dunkin] est arrivé avec le titre international du WBC. »

 

Une victoire pourrait lui permettre de tourner – une fois pour toutes – la page sur le revers contre Konstantin Ponomarev et reprendre là où il avait laissé avant de se faire dominer par le boxeur russe. Encore aujourd’hui, Zewski (30-1, 22 K.-O.) s’explique très mal ce qui s’est produit ce soir de mai tandis qu’il défendait sa ceinture des mi-moyens de la NABF pour la seconde fois.

 

« Le boxeur qui est monté dans le ring ce soir-là, ce n’était pas moi. Je ne peux même pas mettre le doigt sur le bobo et expliquer les raisons de cette défaite-là, précise le père de famille maintenant âgé de 29 ans. Cela dit, j’ai maturé. J’étais un kid et je suis devenu un homme.

 

« Je suis également beaucoup plus conscient de ce qu’une défaite peut amener. Je comprends maintenant ce que c’est que de te promener avec la tête basse ainsi que d’avoir honte et peur du jugement des autres. Je comprends un peu plus ce que cela prend pour revenir au sommet. »

 

Un énorme soupir de soulagement

 

Zewski a poussé un énorme soupir de soulagement après avoir respecté la limite à la pesée, lui qui s’attendait à devoir se taper une séance de jogging impromptue le long du Lac Ontario pour perdre le poids en trop. Il faut dire qu’il n’avait pas eu à abaisser son poids jusqu’à 147 livres depuis son combat contre... Ponomarev. Son dernier duel avait d’ailleurs été tenu à 154 livres.

 

« C’était une grosse marge, reconnaît le boxeur québécois. En tout et pour tout, j’avais une dizaine de livres à perdre. Le spécialiste Victor Conte m’a donné un protocole à suivre et ce qu’il faut comprendre, c’est que ce n’est pas tant le poids à perdre qui est important, mais la force avec laquelle tu te présenteras dans le ring le lendemain. Mais tout devrait être correct. »

 

Mais ce mauvais moment à passer pourrait être rapidement récompensé, étant donné qu’une victoire lui permettra vraisemblablement de réintégrer le top-15 du WBC. À partir de ce moment-là, qui sait ce qui pourra lui arriver. Les gros combats seront définitivement à sa portée.

 

« Un coup que tu as cette ceinture-là, tout est possible, confirme le droitier. Tu peux être appelé par le champion ou encore le deuxième ou troisième aspirant qui cherche à maintenir sa position. Je suis présentement classé 23e au WBC et j’espère ensuite passer à la 12e position.

 

« C’est également important pour le classement dans les autres associations, car au moment où j’étais classé huitième ou neuvième au WBC, j’étais quatrième à la WBO. Oui, c’est un titre mineur du WBC qui sera à l’enjeu samedi, mais ce n’est pas nécessairement là qu’on veut aller. »

 

Comme Décarie et Bizier

 

Ce n’est pas une certitude, mais Zewski n’aurait probablement pas dû attendre trois longues années avant d’avoir une nouvelle chance pour une ceinture mineure s’il n’avait pas décidé de mettre un terme à son association avec le promoteur Top Rank. Mais le cœur n’y était plus.

 

« Peut-être, mais j’aurais eu moins de plaisir, nuance celui qui n’en sera qu’à un cinquième combat depuis sa défaite devant Ponomarev. Je voulais d’abord et avant tout me battre chez nous au Québec. C’est un sport tellement dur où il faut que tu sacrifies absolument tout qu’il faut absolument que t’aies un peu de plaisir. Sinon, c’est beaucoup trop difficile.

 

« Après toutes ces années, j’aimerais pouvoir devenir une attraction au Québec et être celui qui fait vendre les billets. En sous-carte, le pouvoir d’attraction est évidemment plus limité. Cela peut avoir l’air prétentieux, mais je pense que j’ai fait mes devoirs. Je veux cette opportunité. »

 

Zewski est conscient plus que quiconque que le travail ne fait que commencer, mais il tient absolument à aller jusqu’au bout que son talent lui permettra. Il ne veut surtout pas de regrets.

 

« Je ne veux pas quitter la boxe sans avoir eu une vraie chance, conclut-il. J’ai l’impression que je peux disputer un combat contre n’importe quel champion du monde et être de calibre. Je veux la même chance que des gars comme Antonin Décarie ou Kevin Bizier ont eue. Je suis convaincu que je peux gagner ce genre de combat, même si je sais que ce sera difficile. Je veux briller. »