Victor Ortiz a commis une bévue comme quelqu'un qui n'avait pas beaucoup de maturité, ni d'expérience. Lorsqu'il a donné son coup de tête à Floyd Mayweather, il a complètement perdu sa concentration. L'Américain en a profité et son adversaire s'est retrouvé au tapis.

C'est certain que dans l'éthique sportive, Mayweather aurait peut-être dû lui donner une chance. Ses coups étaient un peu « cheap », mais tout à fait légaux.

Ortiz a admis qu'il avait commis une faute grave. On dit toujours aux boxeurs de se protéger en tout temps. Il était tellement déçu d'avoir commis un tel geste, qu'il voulait se faire pardonner, deux fois plutôt qu'une. Bien souvent dans une telle situation, c'est un signe que le boxeur concède, qu'il abandonne l'idée qu'il est dans un combat pour gagner. Il savait bien que Mayweather bouillait à l'idée de lui donner une leçon par la suite. C'est ce qui est arrivé, d'une manière inusitée.

Je me rappelle quand Alex Hilton s'est battu contre Deano Clavet. Hilton avait perdu son protecteur buccal. Clavet, qui était champion canadien, a donné un coup de pied sur ce protecteur au lieu de s'occuper d'Hilton. Résultat, il s'est fait passer le K.-O.

Ça semble vicieux ce que Mayweather a fait. Son image populaire peut en prendre un coup, mais il s'est nourri de ces circonstances durant toute sa carrière. En conférence de presse après le combat, le Pretty Boy a déclaré qu'il se serait débarrassé d'Ortiz de toute façon. Et il a raison. Ce n'était qu'une question de temps avant que ça se termine.

De son côté, l'arbitre Joe Cortez a manqué un peu de concentration et de vigilance. Les arbitres doivent toujours avoir les boxeurs dans leur champ de vision. Il a fait ce qu'il devait faire en les séparant et enlevant un point à Ortiz, mais il a été lent pour regarder le chronomètre. Pourtant, ce n'est pas l'expérience qui lui manque. Il aurait dû demeurer entre les deux boxeurs tout au long de la séquence.

Mayweather vs Pacquiao, ce n'est qu'un rêve

On peut bien dire ce que l'on veut, Mayweather est controversé, il est aimé, il est détesté, mais il est le boxeur le plus populaire au monde actuellement. En avant de Manny Pacquiao! Les ventes de télé à la carte sont là pour le prouver.

D'ailleurs, le duel tant attendu Mayweather-Pacquiao n'aura probablement jamais lieu.
Avant la conférence de presse de l'Américain, j'étais convaincu qu'il y aurait un affrontement. Mais après avoir entendu ses propos, je suis convaincu que ça n'arrivera jamais.

Sa réponse a été assez cynique. Il a affirmé que s'il montait un peu de poids pour aller battre les Klitshko et compagnie, on lui poserait des questions sur ce qu'il a consommé pour monter jusque-là. Il a ensuite envoyé une flèche à Pacquiao, qui est parti de 105 livres pour mettre K.-O. des boxeurs chez les 154 livres. Il n'a pas dit qu'il était dopé, mais le laissait presque sous-entendre.

Deuxièmement, Mayweather éprouve une rancœur très forte, beaucoup plus profonde que je croyais à l'endroit de Pacquiao. Non seulement il le blâme de s'être manifesté sur le tard pour obtenir un affrontement, Mayweather joue également sur le fait que Pacquiao vit aux Philippines. Il se demande donc pourquoi les gens d'ici ont des raisons de l'aimer. Et ce, sans compter qu'économiquement, il n'a pas besoin d'affronter le boxeur philippin.

A-t-il peur de perdre contre Pacquiao? Peut-être. Chose certaine, il se trouve de bonnes excuses. Il croit surtout en son discours. Il refuse obstinément de voir quelqu'un lui dire quoi faire. Il a l'impression que tout le monde veut le pousser dans cette direction, sauf qu'il ne veut pas y aller.

Adonis Stevenson se fait un nom

Adonis Stevenson (poids super-moyens) n'a pas mis de temps avant de sortir de l'ombre. Du moins, de l'ombre américaine. Il n'a mis que deux minutes pour se défaire de son adversaire, l'Américain Dion Savage, au premier round.

Lorsque nous sommes arrivés au MGM Grand de Las Vegas, Adonis était dans le coin des perdants. Il a d'ailleurs été introduit dans le ring en premier. Les gens de HBO s'attendaient à ce que Savage gagne le combat facilement. Mais quand les hostilités ont pris place, plein de gens m'ont demandé qui était Adonis Stevenson.

Sa première participation aux États-Unis ne s'était pas bien déroulée (défaite par K.-O. contre Darnell Boone en avril 2010). Peu importe, on allait à Las Vegas pour gagner. J'avais demandé une meilleure opposition, mais puisque la présence de Savage était une demande spéciale de Floyd Mayweather, ils n'ont pas apporté de changement au programme. À leur grand étonnement, ils ont rapidement compris que leur boxeur n'était pas de la classe de Stevenson.

Le prochain combat du Longueuillois aura lieu le 15 octobre à Los Angeles. Il devrait ensuite se battre à Montréal, en décembre. Et d'ici les 12 prochains mois, c'est sûr que Stevenson sera impliqué dans un combat de championnat du monde.

L'autre membre du groupe GYM, Felix Diaz (poids mi-moyens), a remporté son combat par décision unanime contre l'Américain Larry Smith. Il a gagné tous les assauts, mais il n'a pas été aussi flamboyant. Il est meilleur que ce qu'il a démontré. Sauf qu'une victoire, c'est une victoire.

Les commentateurs américains ont cependant été très élogieux à son endroit. De notre côté, c'est normal d'avoir l'esprit un peu plus critique. Il aura la chance d'offrir une meilleure prestation en novembre prochain. Diaz est à 148 livres et on veut le voir éventuellement contre des Mayweather et compagnie.

Dans un autre ordre d'idées, le Groupe GYM tiendra une conférence de presse demain pour annoncer les grandes lignes de la prochaine saison.

Propos recueillis par Thierry Bourdeau