Oscar Rivas est revenu de la Grande-Bretagne bredouille. Pour la première fois de sa carrière professionnelle, il a connu l’amertume de la défaite après 26 triomphes. Malgré tout, beaucoup de gens savent maintenant qui est Oscar Rivas, le Colombien, dont la carrière a pris son envol à Montréal il y a près de dix ans.

 

Ces gens sont ceux qui étaient présents au 02 Arena de Londres et les autres sont les amateurs qui ont vu le combat sur DAZN ou encore sur Sky, en Europe.

Honnêtement, Kaboom a mieux fait que je le croyais. Il a prouvé qu’il avait sa place parmi les meilleurs de sa catégorie et je suis certain qu’il ne manquera pas de travail au cours des prochains mois.

 

Pourquoi Rivas a-t-il perdu?

 

Parce qu’il est un peu moins talentueux que Dillian Whyte.

 

Aurait-il pu faire mieux?

 

Peut-être...

 

Comment se fait-il qu’il n’ait pas perdu par K.-O.?

 

Parce qu’il est un encaisseur de première classe.

 

Ce n’est pas en absorbant tous les coups de ton rival  et avec un jab sans pratiquement jamais laissé partir un crochet de ta main forte que tu gagnes un combat. Mais il faut admettre que Whyte est un pugiliste qui fait partie de l’élite. Rivas a été vaincu non pas par un pied de céleri, mais par le sixième meilleur poids lourds de la terre.

 

Du commencement à la fin, Rivas a eu de la difficulté avec sa petite taille comparativement à celle de son rival. Il a bien tenté d’amener Whyte dans des corps à corps, mais le renard britanniqu  n’est pratiquement jamais tombé dans le piège.

 

Rivas a bien failli jouer le même tour à Whyte qu’il avait servi à Bryant Jennings en janvier dernier. Au 9e engagement, il a laissé partir un solide uppercut de la droite alors que Whyte était en perte d’équilibre. Il a chuté, mais il ne semblait pas blessé sérieusement. Malheureusement, Kaboom n’a pas su capitaliser sur ce moment d’inattention de son rival, si bien que vers la fin du round, le Britannique reprenait le dessus.

 

Malgré tout, Rivas peut revenir au Québec la tête haute.  Il est parvenu à rester debout pendant les douze assauts du combat. Seulement trois boxeurs avant lui avaient réussi cet exploit : Derek Chisora en 2016, Robert Helenius en 2017 et Joseph Parker en 2018.

 

Dans son coin, entre le 8e et 9e engagement, son entraîneur Marc Ramsay lui a crié en anglais par la tête :« Are you f...... serious! »’ confirmant ainsi qu’il n’était pas content, mais pas content du tout du comportement de son protégé.

 

Rivas est sorti de son coin comme un enragé, il a réussi à s’approcher de Whyte et lui administrer cet uppercut tout près des câbles.

 

« Il m’a surpris, de dire l’aspirant obligatoire à la couronne WBC de Deontay Wilder. Mais j’ai repris mes sens rapidement.  Il frappe solidement. »

 

Comme à peu près tous les Québécois qui ont tenté leur chance en Europe, Rivas revient à Montréal avec son petit bonheur. Mais je suis convaincu qu’il est maintenant mieux connu que jamais auparavant et que son nom sera souvent prononcé  parmi les promoteurs d’un bout à l’autre de la planète.

 

Je savais qu’il était un bourreau de travail. On le voyait pratiquement tous les jours dans le gymnase à s’entraîner. C’est justement cet entrainement parfois maladif qui lui a permis de rester debout pendant 36 minutes face au 6e meilleur poids lourd au monde.

 

Quant à Whyte, il est maintenant l’aspirant obligatoire à Deontay Wilder au WBC. Mais comme il le disait si bien après son triomphe :  « Cela fait plus de 600 jours que j’attends pour un combat de championnat. Je ne m’en fais plus. Je suis prêt à attendre 600 autres jours s’il le faut. »

 

MANNY... MANNY... MANNY...

 

J’ignore ce que met Manny Pacquiao dans son gruau le matin, en déjeunant, mais au lieu de vieillir, il rajeunit. Il n’avait certainement pas l’air d’un boxeur de 40 ans samedi soir au MGM Grand de Las Vegas.

 

Il a commencé le combat en lion et ce n’est que vers le 6e ou 7e engagement qu’il a quelque peu ralenti. Il a donc remporté la décision majoritaire sur Keith Thurman, un jeunot de 30 ans qui subissait ainsi son premier revers en carrière.

 

Comme c’est souvent le cas à Las Vegas, un juge a opté pour une carte de 114-113 pour Thurman pendant que les deux autres y allaient d’un pointage de 115-112 pour Pacman. Ce juge est Glenn Feldman, fort d’une expérience de 27 ans. Inutile de dire que la foule a hué sa décision. Personnellement, j’avais aussi 115-112 pour Pacquiao.

 

Une deuxième chute

 

Pacquiao est parvenu à faire ce qu’un seul pugiliste avant lui avait réussi, c’est-à-dire terrasser Thurman. Et cette chute est survenue dès le premier round.

 

Pacquiao devient donc le plus vieux champion des mi-moyens de tous les temps. Il est aussi le deuxième boxeur à remporter les honneurs d’un titre mondial après l’âge de 40 ans.

 

Que va faire Manny  Pacquiao? On l’ignore pour le moment. Il a déclaré qu’il allait se reposer, mais qu’il assisterait au combat entre Errol Spence et Shawn Porter, le 28 septembre prochain. Si tel est le cas, c’est donc dire qu’il n’a pas accepté de se mesurer à Amir Khan, en Arabie Saoudite, le 9 novembre prochain, car à ce moment il serait en plein milieu de son camp d’entrainement.

 

J’ignore ce que Pacman a l’intention de faire. Imaginez un peu... Thurman avait seulement 6 ans quand Pacquiao a commencé sa carrière professionnelle à l’âge de 16 ans. À bien y penser, je n’avais même pas commencé à toucher ma pension de vieillesse quand il est monté sur le ring pour la première fois en 1995.

 

Un phénomène

 

Pacquiao est un phénomène que même les médecins ne parviennent pas à comprendre. Depuis des années que ces professionnels de la santé lui recommandent de prendre sa retraite.

 

Imaginez un peu une journée dans la vie de Manny Pacquiao. Il s’entraine plusieurs heures au gymnase pratiquement tous les jours. Il occupe son poste de sénateur aux Philippines et il trouve le temps de jouer au basketball et de s’occuper de sa famille. Ce sont peut-être toutes ces activités qui le tiennent aussi jeune.  En tout cas, samedi dernier, il n’avait certainement pas l’air d’un quadragénaire.

 

De son côté, Keith Thurman a déclaré que son rival était un vrai boxeur légendaire. Durant la période précédant le match, il avait lancé des injures à Pacquiao, auteur de huit titres mondiaux dans des catégories de poids différentes, allant même jusqu’à prédire qu’il le pousserait à la retraite et qu’il lui passerait le K.-O.. Pacquiao, en bon politicien qu’il est, n’a jamais répondu à ces injures.

 

Si Pacman décide de poursuivre sa carrière à la Bernard Hopkins, il pourra accorder une revanche à Thurman ou bien encore affronter le gagnant du combat entre Erroll Spence et Shawn Porter.

 

Personnellement, je suis convaincu que l’on n’a pas fini d’entendre parler de Manny Pacquiao. Il ne donne pas l’impression d’un boxeur qui veut accrocher ses gants et on peut le comprendre. Pour sa soirée de travail contre Thurman, il a touché la somme de 10 millions $. À ce montant, il faut ajouter les retombées de la télévision payante. Une telle somme n’est pas à dédaigner. 

 

Enfin, le spectacle de samedi soir présenté devant près de 14 000 personnes au MGM Grand de Las Vegas valait la peine d’être vu. Et je suis certain que ceux et celles qui ont payé 65 $ pour voir le combat sur Fox Sports/1 ou encore sur Sky, en Europe, en ont eu pour leur argent.

 

Bonne boxe.