MONTRÉAL – Artur Beterbiev n’est impliqué d’aucune façon dans l’événement qui sera présenté le 16 mars prochain à la Place Bell de Laval et pourtant, son nom était sur toutes les lèvres lundi.

D’abord, il faut dire que le vainqueur du duel entre Jean Pascal et Michael Eifert – qui croiseront le fer en finale – deviendra l’aspirant obligatoire du Montréalais d’origine russe à l’IBF. Puis, plus intéressant encore, autant Pascal, son entraîneur Orlando Cuella et son promoteur Lou DiBella croient que Beterbiev est maintenant un adversaire très prenable après sa dernière prestation.

Le champion unifié WBC, IBF et WBO des poids mi-lourds a défendu ses trois titres en battant Anthony Yarde par arrêt de l’arbitre au 8e round, samedi, sauf que l’Anglais était en avance sur les cartes de deux des trois juges au moment de l’interruption du combat, ce qui laisserait croire que les années commencent tranquillement, mais sûrement à rattraper l’athlète âgé de 38 ans.

« J’ai discuté avec plusieurs personnes qui gravitent dans le monde de la boxe après le combat et le constat est pas mal unanime : il a commencé son déclin, a lâché DiBella en visioconférence. Aujourd’hui, Beterbiev ne paraît plus invincible comme c’était le cas auparavant... il a vieilli. »

« À 38 ans, j’étais plus vigoureux, a rappelé Pascal. Même [si je suis maintenant âgé de] 40 ans, j’ai plus d’énergie [que Beterbiev]. D’un autre côté, ce n’est peut-être pas tant qu’il a ralenti que la qualité des adversaires qui est supérieure. Tout le monde peut ressembler à Mike Tyson ou Roy Jones fils quand les adversaires sont de moins bonne qualité. Son visage était pas mal tuméfié. Avec ma vitesse, ma force, mon intelligence et mon expérience, je pourrais le battre. »

« Les combats se déroulent d’une manière où parfois tu parais bien et d’autres, où tu parais un peu moins bien, a ensuite répondu l’entraîneur de Beterbiev, Marc Ramsay, en marge d’une conférence de presse tenue par Eye of the Tiger Management au Casino de Montréal. Ce n’était pas un combat parfait, mais au chapitre du prétendu ralentissement, je pourrais vous fournir une liste de partenaires d’entraînement qui pourraient vous avouer exactement le contraire! »

Fondamentalement, Pascal y voit une ultime occasion de redevenir champion du monde, après avoir été dépouillé de sa ceinture des mi-lourds de la WBA après un contrôle antidopage positif en juillet 2021. Mais même si le Québécois parvenait à écarter l’Allemand de son chemin le 16 mars, une confrontation contre Pascal représenterait peu d’intérêt pour Ramsay et Beterbiev.

« Honnêtement, le seul intérêt que nous avons, c’est [le champion de la WBA Dmitrii] Bivol, a précisé Ramsay. Ce n’est pas Bivol en tant que tel, mais bel et bien la ceinture qu’il possède.

« Ce n’est rien contre Jean – nous ne voulons pas lui manquer de respect, ni à [l’aspirant obligatoire au WBC] Callum Smith d’ailleurs – mais notre intérêt à nous, c’est d’attaquer la ceinture de Bivol. Ce n’est rien de personnel. C’est la quatrième ceinture qui nous intéresse. »

Les références constantes à Beterbiev laissent croire que Pascal et son équipe prennent Eifert à la légère, mais celui qui disputera un premier combat en sol québécois en quatre ans et demi a dit qu’il le prenait au sérieux, étant donné que les jeunes boxeurs ont toujours tout à prouver.

« Nous ne regardons pas après Eifert, dont l’équipe est extrêmement expérimentée, a assuré Cuellar. Mais il n’y a rien qui nous empêche de nous préparer stratégiquement en vue des prochains combats. Car nous ne pouvons pas nous permettre de simplement gagner, il faut impressionner. C’est un combat qui me stimule comme entraîneur et enseignant en raison de la possibilité d’affronter Beterbiev par la suite. Je le répète : nous ne sous-estimons pas Eifert. »

« Dans des combats comme ceux-là, tu parviens souvent à aller au-delà de tes capacités. Je suis déjà passé par là, a prévenu Pascal. J’ai assez d’expérience pour savoir ce qui m’attend après [une victoire] contre Eifert, mais je ne pense pas à Beterbiev. Et je suis d’accord avec ce que mon entraîneur vient de dire. Il faut impressionner. Il faut montrer que je suis très dangereux. »

Et fait extrêmement important à ne pas négliger, Pascal montera dans le ring quelques semaines seulement après avoir contracté la COVID-19, ce qui a d’ailleurs forcé le report du combat originalement prévu le 9 février. Aujourd’hui marquait la première journée de la reprise de son camp d’entraînement qui se déroule au célèbre South Beach Boxing, à Miami Beach, en Floride.

« Je me sens encore un petit peu fatigué, mais j’ai vu de l’amélioration [au cours des derniers jours]. Ma fatigue est moins intense que la semaine dernière et mes muscles ne sont plus endoloris, a-t-il détaillé. Je suis convaincu que de réactiver les muscles de mon corps va m’aider et retrouver le niveau d’énergie que j’avais avant. Mais il faut dire qu’avant d’arriver à Miami Beach, j’étais déjà en excellente forme physique. C’est certain que je ne pars pas de trop loin. »

Reste finalement à voir si les amateurs seront au rendez-vous. Michel n’a pas voulu donner de détails sur le nombre de billets vendus, mais Pascal a promis un spectacle haut en couleur.

« Nous souhaitons que la réponse [du public] soit importante et nous allons travailler fort pour cela, a lancé Michel. Dans les faits, nous espérons ramener Jean [au Québec] pour le reste de sa carrière. Jean mérite de revenir ici et de terminer sa carrière en tant que champion du monde. »

« Tous mes combats ont été des combats spectaculaires, a conclu Pascal. C’est très rare que les gens sortent déçus, tant dans la victoire que dans la défaite. Je donne toujours un bon spectacle et cette fois ne sera pas différente. Comme d’habitude, j’ai l’intention de me donner à 110 %. »