MONTRÉAL – « Je voyais la boxe comme un travail... mais ce n’est pas un travail. Il faut vraiment que ce soit une passion. Il faut aimer ce qu’on fait... Il ne faut pas arriver là que pour puncher. »

Simon Kean n’hésite pas à donner le crédit à Dillon Carman pour sa victoire le 6 octobre dernier à Québec, mais un tout petit peu plus de six mois plus tard, le poids lourd de Trois-Rivières reste convaincu que c’est surtout lui qui a échappé le combat et non son rival qui l’a emporté.

« Oui, il a été plus coriace que je le pensais, mais mentalement, je n’étais pas là, a confié Kean (15-1, 14 K.-O.), jeudi, à deux jours de son duel contre Rogelio Omar Rossi en finale du gala qui sera présenté samedi soir au Casino de Montréal par Eye of the Tiger Management (EOTTM).

« Il fallait que je m’éloigne de l’idée que le sport est un travail. Qu’est-ce qui m’avait amené au gym? C’était parce que j’aimais la chicane et me batailler! C’est cette mentalité-là que je dois avoir à l’entraînement, en conditionnement physique et en sortant du ring après un round. »

Kean en est venu à cette grande conclusion après s’être « exilé » pendant environ une semaine au Réservoir Gouin en Haute-Maurice dans les heures suivant sa défaite contre Carman puis en Floride où il a été en mesure de décrocher complètement, mais surtout de réfléchir... beaucoup.

« J’avais les symptômes d’une commotion. Je me suis reposé, j’avais besoin de ça, a expliqué le colosse de 6 pieds 5 pouces et 240 livres. Ça n’a pas été facile, parce que je n’étais pas bien. J’étais un peu déprimé après le combat : je ne m’attendais pas à ça. Mais je me suis replacé...

« J’avais besoin de comprendre, besoin de comprendre pourquoi je suis arrivé dans le ring avec les deux doigts dans le nez. Pourquoi n’étais-je pas motivé? Et pourquoi ci? Et pourquoi ça? »

Pourtant, Carman était de loin l’adversaire le plus redoutable de la jeune carrière de Kean et une victoire lui aurait apparemment permis d’accéder au top-15 d’un des quatre grands organismes de sanction de boxe internationale. Si le cœur n’y était pas à ce moment-là, il ne le sera jamais...

« C’est le passé, a poliment répondu à cette contradiction Kean. Je l’ai sous-estimé : je pensais que ç’allait être un combat facile, qu’il viendrait chercher son chèque de paie. Je suis embarqué ben raide dans son plan de match. C’est ça les vraies raisons. Maintenant, parlons de Rossi. »

« Simon était rendu une vedette et il faut dire que c’est le fun d’être une vedette, a opiné son promoteur Camille Estephan. Tout le monde lui disait qu’il était beau, qu’il était fin et qu’il était bon et ç’a fini par lui renter dans la tête. Il aimait plus ce qui venait avec la boxe que la boxe.

« Maintenant, c’est l’inverse. Il est bien plus mature qu’avant. Il est tombé et il veut se relever. Je vois maintenant un jeune humble et responsable. On a fait notre mieux pour l’encadrer, mais c’est vraiment lorsqu’il va recevoir le premier coup de poing qu’on va avoir nos réponses. »

À cela, Kean réplique qu’il ne devrait pas y avoir de problème, car des séances de sparring avec Arslanbek Makhudov et Oscar Rivas l’ont plutôt bien préparé à affronter Rossi (20-7-1, 13 K.-O.).

« Il est condamné à gagner », a prévenu Estephan. C’est un vrai casse-tête pour toute l’équipe. Quelle direction sa carrière prendra-t-elle si jamais il perd? On voulait un gars qui allait le mettre au défi afin de savoir s’il a retenu sa leçon. S’il perd samedi, il ne deviendra jamais champion. »

Au final, Kean, Estephan et possiblement tous les amateurs de québécois s’entendront sur une chose au sujet du Trifluvien : un combat, un round et peut-être même un coup de poing à la fois.