Pendant qu’à Montréal l’opéra-comique « Casse Margoulette » se terminait en queue de poisson au Centre Bell avec le ténor argentin Roberto Bolonti étendu de tout son long sur une civière, des suites d’un coup anodin inaperçu par l’arbitre Michael Griffin, à quelques six cents kilomètres de là un jeune pugiliste de 25 ans voyait l’annonceur vedette Michael Buffer pratiquement se disloquer la mâchoire pour crier son non haut et fort : David Lemieuou après sa brillante victoire sur Gabriel Rosado.

Les Américains ont connu et adulé Mario Lemieux, et ils connaissent maintenant David Lemieux.

Lemieux a prouvé hors de tout doute qu’il faisait partie des grandes ligues en martyrisant son rival pendant dix rounds.

Au troisième engagement, il a envoyé Rosado au tapis avec un solide crochet de la gauche. Rosado s’est relevé assez vite, mais il en a été quitte pour une blessure sérieuse à l’œil gauche qui a finalement obligé le médecin de la Commission à mettre un terme au carnage au dixième round alors que l’arbitre Steve Willis ne savait plus trop quoi faire. Arrêter les hostilités ou laisser aller le combat. Même les deux boxeurs ignoraient si le duel était terminé ou non.

En somme, Lemieux a réussi ce que Gennady Golovkin n’avait pu faire contre Rosado. GGG avait coupé l’œil gauche de Rosado au deuxième engagement, mais il n’était jamais parvenu à le faire chuter. Ce sont les seconds de l’Américain qui avaient lancé la serviette à la septième reprise.

Lemieux a donc répété à peu près la performance de Peter Quillin contre ce même Rosado. Ce dernier lui avait infligé une coupure à l’œil gauche au deuxième engagement et l’arbitre avait mis un terme à l’affrontement au dixième.

Lemieux fait les choses en grand

C’est un David Lemieux confiant, puissant, plein d’énergie et en possession d’un bon plan de match qui est monté sur le ring au Centre Barclay à « Flatbush ». Dès le premier son de cloche, il était évident que Rosado ne tiendrait pas le coup.  Mais Lemieux pourrait-il conserver ce rythme infernal encore bien longtemps? Le souvenir de sa performance contre Marco Antonio Rubio revenait constamment à l’esprit…?

Lemieux a passé le test avec très grande distinction dans le patelin de l’Américain, négligé des parieurs, mais encouragé par ses compatriotes présents.

Il ne fait aucun doute que Rosado est un bon boxeur. Mais il faut tout de même admettre qu’il vient de subir un cinquième revers de suite, dont trois se sont soldés par des KO.

Vous me direz que le match contre J’Leon Love avait été déclaré (no-contest) à cause d’une histoire de médicament défendu dans le cas de Rosado, mais après dix rounds, il perdait bel et bien ce combat par décision.

Quant à Lemieux, il voyait sa série de succès se poursuivre à huit victoires, dont sept par KO.

Et maintenant?

Maintenant que le réseau HBO l’a dans sa mire, que le groupe Golden Boy connait sa valeur et que les Américains savent qui il est, que fera Lemieux ?

En réponse à Max Kellermann qui l’interviewait après sa victoire, Lemieux a lancé l’ultimatum suivant : « Je n’ai pas peur de Gennady Golovkin. Je suis un poids moyen. Je veux être champion mondial. Je suis prêt à affronter qui que ce soit à 160 livres… Golovkin, Cotto et qui encore? Je veux être le meilleur et pour être le meilleur, il faut affronter les meilleurs! »

Parmi les autres boxeurs qui pourraient affronter Lemieux, il y a Daniel Jacobs, Jermain Taylor, Julio Cesar Chavez, Matt Korobov, Peter Quillin, Jermal Charlo, Martin Murray et qui encore…?

Et au Centre Bell

Malheureusement je n’ai pu assister à l’affrontement entre Jean Pascal et Roberto Bolonti alias Baloney. Vous avez bien lu… Baloney.

Ce que j’ai vu du combat, je l’ai visionné sur vidéo. Comme farce, elle est dure à battre. C’est à cause de tout le tralala sur le ring que j’ai dû me faire une idée.

Combat sans décision

Je vous avais déjà prévenu que Baloney était une sorte de pied de céleri qu’on avait engagé afin de bien faire paraitre Lucian Bute.

Bute s’est blessé à l’entrainement et après négociations (Baloney) a accepté de se mesurer à Jean Pascal avec le résultat que l’on connait.

Un fait demeure… l’arbitre Michael Griffin, le préféré de la Régie québécoise quand vient le temps des grands combats, a raté son intervention en demandant le bris alors qu’il se trouvait derrière Pascal. Ce dernier venait de recevoir un coup sur l’oreille. Or, je lui donne le bénéfice du doute qu’il n’a pas entendu Griffin crier : Break !

Autre chose qui me chicote. C’est toute cette perte de temps qu’il a fallu avant que l’on sache éventuellement le résultat du combat. Enfin, un no-contest. C’est comme s’il n’y avait jamais eu de combat.

J’ai ri quand je me suis rappelé de ce fameux anchor Punch de Muhamed Ali au gros Sonny Liste, le 25 mai 1965, dès le premier round dans un match de championnat mondial des poids lourds.

Cinquante ans plus tard personne n’a jamais pu expliquer ce qu’était un anchor Punch et Liston est mort.  Donc, on ne peut connaitre sa version des faits.  Au fait, il n’est pas mort des suites de ce fameux anchor Punch.

Or, aujourd’hui, on se retrouve avec deux énigmes : Un anchor Punch et un Baloney punch. Lequel des deux fait le plus mal ? Sais pas…?

Ce que je sais, c’est que notre système hospitalier doit être très efficace, car Monsieur Baloney a déjà quitté l’hôpital et des mauvaises langues vont même jusqu’à dire qu’il a déjà pris l’avion pour retourner dans son pays.

Heureusement, cet opéra-comique ne semble pas déranger les plans d’un combat entre Jean Pascal et Sergey Kovalev, prévu pour le printemps prochain. Malheureusement, j’aurais aimé voir Pascal plus longtemps à l’œuvre, mais le rival n’a pas voulu coopérer.

Or, je me demande encore aujourd’hui : était-il vraiment blessé ou a-t-il joué la comédie ?

S’il a joué la comédie, vite donnez-lui sa carte de l’Union des artistes… Il la mérite… Il est un acteur né.

Bonne boxe