J’avais titré ma dernière chronique : « Campbell ne fera pas mieux que les autres ». Aujourd’hui, je suis bien obligé d’admettre que ce Britannique a mieux fait que les autres. Il peut même se vanter d’être le cinquième pugiliste à se rendre à la limite contre le triple champion des légers Vasily Lomachenko.

Peu de gens en Amérique connaissaient Campbell avant son affrontement contre le meilleur boxeur de la planète, livre pour livre.

 

Aujourd’hui, on sait que ce Britannique a été un des plus coriaces adversaires de Lomachenko et j’espère qu’un jour, il aura la chance de se reprendre contre le champion WBC, WBA et WBO.

 

À première vue, on croirait que Loma a connu un combat relativement facile contre ce Britannique de 31 ans. Après tout, les trois juges ont tous opté pour une décision en sa faveur.

 

Deux des officiels, dont le Québécois Benoit Roussel, ont remis des cartes de 119-108 et l’autre 118-109.  Selon eux, Campbell a remporté les honneurs que d’un seul round, tout au plus deux pour le troisième juge.

 

J’avais un pointage de 117-110 pour l’Ukrainien.

 

Comme c’est son habitude, Loma a commencé le combat en étudiant le style de son rival et ce n’est qu’aux environs du quatrième engagement qu’il est parvenu à résoudre son style, mais non sans peine et misère.

 

Sur ma carte, Lomachenko n’a perdu qu’un seul round après le quatrième.

 

C’est à ce moment que le champion s’est réellement mis è l’œuvre. Mais à la neuvième reprise, le Britannique a connu un certain succès.

 

Lomachenko se met en marche

 

On aurait dit que cet élan de Campbell avait fouetté celui qui est considéré comme le meilleur pugiliste au monde livre pour livre. Il a pourchassé son rival tout au long du 10e round et l’a obligé à mettre un genou au sol au 11e.

 

Le pointage ne donne pas nécessairement l’allure du combat. Lomachenko avait raison de dire avant la rencontre que le combat ne serait pas facile. Campbell a été capable de garder Loma à distance pendant assez longtemps. Mais chaque fois qu’il se retrouvait à courte portée, il en payait le prix.

 

Que fera le double médaillé d’or ukrainien maintenant qu’il détient les trois couronnes des légers?

 

On sait que Lomachenko veut toutes les couronnes. Or, il a admis qu’avant la fin de l’année, il n’aurait aucune objection à se mesurer à Richard Commey, le seul détenteur du  titre qui lui échappe, celui de l’IBF.

 

Il se pourrait que Loma soit inactif jusqu’en début de 2020 puisque le combat entre Commey et Teofimo Lopez n’est pas encore officiel, mais il est prévu pour l’automne.

 

Une autre possibilité est un combat contre Gervonta Davis, le champion WBA des super plumes. Si on se fie aux déclarations du promoteur Bob Arum, Loma n’a aucune difficulté à faire le poids entre 125 et 135 livres.

 

Le doute

 

Je doute que Floyd Mayweather permette à son protégé de se mesurer à Lomachenko cette année et peut-être même pas l’an prochain. Davis est une super vedette, mais il n’a que 24 ans.

 

Il détient le titre de champion de la WBA des super-plumes depuis le 21 avril 2018 et il présente une fiche parfaite dans la défense de son titre

(5-0-0, 5 K.-O).

 

On peut donc s’attendre à ce que Loma se mesure à Commey. Mais comme il l’a si bien dit après sa victoire sur Campbell : « Je suis ouvert à toutes les propositions.  C’est mon promoteur qui va décider qui sera mon prochain rival. »

 

Quant à Campbell. qui est parvenu avec Loma à remplir l’Arera O2 de Greenwich à pleine capacité, les portes s’ouvrent devant lui. Attendez-vous de le revoir aux États-Unis pour une quatrième fois d’ici peu. C’est un boxeur spectaculaire, capable de tenir ses adversaires à distance, comme il l’a si bien fait contre Lomachenko.

 

Pas étourdi, mais...

 

Le triple champion a admis que Campbell ne l’avait pas étourdi durant la rencontre, mais qu’il a senti ses coups, surtout en début de combat.

 

Du côté de Lomachenko, il a adoré son expérience en sol britannique. C’était la première fois qu’il foulait le sol de la Reine Elizabeth, mais il a été tellement impressionné par la foule, qu’il a l’intention d’y retourner.

 

Pour vous donner une idée de la popularité de la boxe en Grande-Bretagne, soulignons qu’il y avait trois galas d’importance en Angleterre. Deux à Lancashire et l’autre à Londres. Pas moins de 24 combats étaient à l’affiche pour ces trois galas.

 

Durant ce temps aux États-Unis, un seul gala d’importance avait lieu au Minnesota, ou Erislandy Lara a remporté les honneurs du titre vacant de la WBA des super-moyens aux dépens de Ramon Alvarez.

 

Bonne fête Alexander

 

Alexander Povetkin a célébré son quarantième anniversaire deux jours avant le temps en demi-finale, samedi soir à l’Arena 0/2, en se payant un triomphe par décision unanime (trois cartes de 117-111) aux dépens  de Hughie Fury, le cousin de Tyson Fury.

 

Fury a ainsi subi son troisième revers en carrière et c’est certain qu’il n’ira pas plus loin chez les poids lourds.  Comme il nous a habitués, il n’a montré aucune attaque et il a accroché durant les 12 rounds du combat.

 

Povetkin, ex-champion des lourds, version WBA, a régné d’août 2011 à octobre 2013 avant de céder le titre à Wladimir Klitschko.

 

Povetkin donne donc un nouvel élan à sa carrière avec cette victoire pour le titre vacant WBA International des lourds.

 

Dès qu’il a été déclaré vainqueur, il n’a pas hésité à lancer un défi au cousin de Hughie.

 

Pas comme Canelo

 

C’est indéniable, Canelo Alvarez est un des meilleurs boxeurs sur cette basse terre, mais le talent s’arrête à lui dans sa famille.

 

Samedi soir, à Minneapolis au Minnesota, son frère Ramon (28-8-3, 16 K.-O.) a baissé pavillon en deux rounds devant le Cubain de 36 ans Erislandy Lara dans un combat pour le titre vacant WBA des super-moyens.

 

Pour vous montrer le sérieux d’Alvarez, il s’est présenté à 4,6 livres en trop, vendredi lors de la pesée.  Il pesait alors 158 livres, ce qui lui enlevait la possibilité d’être couronné champion.

 

Encore pire, lors de son entrée sur le ring samedi soir, il pesait pas moins de 177 livres. Il avait donc engraissé d’une vingtaine de livres en moins de 24 heures.

 

On se souviendra que Lara avait été couronné champion de la WBA en 2014, un titre qu'il avait conservé jusqu’en 2016 avant d'être promu super champion, titre qu’il avait détenu jusqu’à sa défaite par décision partagée aux mains de Jarrett Hurd, le 7 avril 2018.

 

Vous souvenez-vous?

 

Vous souvenez-vous de Jeff Horn, ce pugiliste à qui on avait remis une décision douteuse aux dépens de Manny Pacquiao, le 2 juillet 2017, à Brisbane en Australie.

 

Deux des trois juges avaient remis des cartes de 115-113 et le troisième, Walleska Roldan, des États-Unis, avait favorisé Horn 117-111.

 

Les commentateurs n’en revenaient pas, tout comme le réputé chroniqueur Dan Rafael (117-111) et le non moins célèbre Teddy Atlas (116-111).

 

Après avoir entendu le verdict, Atlas, qui n’est pas reconnu pour avoir sa langue dans sa poche, avait crié au vol.

 

Personnellement, j’avais Pacquiao gagnant par 116-112.

 

Pacquiao avait quitté l’Australie plus riche de 10 millions de dollars. Horn a eu les honneurs du triomphe, mais une minime bourse de 500 000 $.

 

En  fin de semaine, ce même Jeff Horn a connu la défaite par K.-O. au 9e round face à un certain Michael Zerafa.

 

Bonne boxe.