Round 1 : La libération de l’invincibilité
 

« Tout le monde perd. Moi je n’ai jamais eu peur de perdre. Ce sont les gens autour de moi qui avaient peur. Ils pensent qu’en perdant, tu seras détruit mentalement. Mais moi, ça fait cinq ans que je me prépare à perdre. »

 

Cinq ans se sont écoulés depuis le premier combat professionnel de la carrière d’Aiemann Zahabi. En novembre 2012, il a gagné son duel face à Kyle Vivian par K.-O. technique lors du premier round d’une carte locale. Cinq ans plus tard, Zahabi est du tout premier combat d’un prestigieux gala de l’UFC au tout aussi prestigieux Madison Square Garden de New York. Quoi demander de plus pour sa deuxième sortie dans l’organisation? Et boom! Il est victime d’un brutal K.-O. Une première défaite dans sa carrière de huit combats professionnels. Ricardo Ramos, un Brésilien doté d’une fiche de 11 victoires et une défaite, l’atteint d’un coup de coude renversé lors du troisième round.
 

« Les gens aiment voir une faiblesse chez un combattant. C’est fou à dire, mais même quand Georges St-Pierre a perdu contre Matt Hughes et Matt Serra, il a gagné plus de partisans. Il m’est arrivé la même chose en novembre. Beaucoup plus de personnes ont voulu me joindre après ma défaite. Quand tu es toujours invaincu, les gens se foutent de toi. Ils se disent ‘c’est sûr qu’il va gagner’. Tu deviens un peu plate. Mais là, après mon K.-O., je pense qu’il va y avoir plus de personnes qui vont essayer de voir comment je vais revenir pour gagner. »
 

Et comment il va revenir?

 

« Fort. Je veux gagner mon prochain combat comme si c’était facile. »
 

Round 2 : La meilleure commotion cérébrale possible
 

Mais tout d’abord, le combattant poids coqs doit écouler sa suspension. La commission athlétique de l’État de New-York lui a interdit tout entraînement avec contact pendant les 90 jours suivant sa mise hors de combat. Puisque son affrontement face à Ramos avait lieu le 4 novembre dernier, il devrait reprendre progressivement l’action dans les prochains jours.
 

« Je vais commencer sans être frappé, seulement en frappant moi-même le sac d’entraînement. Ensuite, ce sera les pads. Et mon entraîneur va doucement lancer des coups vers ma tête pour voir comment je réagirai. La suite viendra tranquillement. » En novembre, Zahabi était tombé inconscient avant même de toucher le sol à la suite du coup de coude asséné par le Brésilien. Il a été sans contact avec la réalité pendant une cinquantaine de secondes, selon ses souvenirs. On l’a ensuite transporté à l’hôpital. Après avoir reçu l’avis d’un médecin new-yorkais, Zahabi a voulu s’assurer d’obtenir des évaluations complémentaires à Montréal.
 

« J’ai eu la plus petite commotion cérébrale possible. Outre un mal de tête le soir du combat, aucune séquelle n’a découlé du K.-O. J’ai été ‘chanceux’ de perdre connaissance et que le duel ait aussitôt été arrêté. Le plus dangereux, c’est quand un combattant continue de se battre après sa commotion cérébrale. » Aiemann a vu deux médecins à son retour dans la métropole, dont le Docteur Scott Delaney. Ce spécialiste en médecine sportive et en commotions cérébrales du Centre universitaire de santé McGill lui a fait passer un examen cognitif d’une heure pour examiner sa mémoire et sa vitesse de réaction. Aiemann a eu de meilleurs résultats que 85 % des personnes qui n’ont jamais eu de commotion cérébrale dans leur vie.

Round 3 : Objectif ceinture noire
 

D’ici la reprise de l’entraînement avec contacts, Zahabi en profite pour peaufiner l’art du jiu-jitsu brésilien. Il possède présentement une ceinture brune sous les enseignements de John Danaher et Firas Zahabi, son grand frère. Puisque Danaher est basé à New York, Aiemann compte faire des allers-retours dans la mégapole américaine. « Je travaille vraiment fort pour atteindre le prochain niveau en jiu-jitsu brésilien. Je suis à la porte de l’obtention d’une ceinture noire. C’est mon objectif d’ici les prochains mois. Il y a de grosses chances que je gagne mon prochain combat par soumission. Je le sens. »


Round 4 : Un adversaire en tête

 

Et il a déjà un nom en tête pour son prochain duel. Zahabi aimerait affronter Sean O’Malley. Cet Américain de 23 ans a fait jaser cet été en signant un contrat à la suite de sa victoire éclatante lors d’un gala présenté en direct du quartier général de l’UFC. C’était dans le cadre du projet hebdomadaire estival Dana White's Tuesday Night Contender Series. O’Malley est maintenant invaincu en neuf sorties. Il a un combat prévu, le 3 mars prochain, face à Andre Soukhamthath. « S’il gagne ou perd son combat, je veux l’affronter, déclare Zahabi. Je veux quelqu’un qui a un nom. »

 

Round 5 : 2017, une année de grandes émotions

 

2017 a été une année de grandes émotions pour Aiemann. Non seulement c’est l’année où il a fait ses débuts dans l’UFC, mais il s’est également marié, il s’est acheté une propriété et il a franchi le cap de la trentaine. Après sa carrière, il rêve d’ouvrir une école dans son nouveau patelin ; Blainville. Mais avant tout, Zahabi a un objectif bien clair : « Je veux être champion du monde. »
 

Et présentement, c’est T.J. Dillashaw qui possède ce titre. Le champion des poids coqs de l’UFC a déjà visité le gym Tristar de Montréal durant une semaine, en mai 2016. « Je me suis déjà entrainé très fort avec T.J. durant son séjour ici. Et j’ai vu que la distance entre lui et moi, en termes de talent, n’est pas très grande. La différence, c’est l’expérience des combats. C’est quelque chose que tu ne peux pas acheter. » Idéalement, pour Aiemann, sa prochaine sortie dans l’octogone se ferait au printemps. Il ne lui reste qu’à attendre un appel de l’UFC.