MONTRÉAL – Patrick Côté et Joe Riggs ont failli se croiser pour la première fois en 2007.

À l’époque, le promoteur montréalais Stéphane Patry tentait de ramener le Prédateur dans la cage de la désormais défunte organisation TKO, mais le plan était tombé à l’eau. Blessé, Riggs avait dû déclarer forfait et Côté s’était finalement retrouvé sans adversaire.

Les deux hommes ont depuis poursuivi des carrières parallèles. Côté est retourné au UFC, faisant son chemin jusqu’à l’obtention d’un combat de championnat du monde contre Anderson Silva, puis s’est réinventé dans une nouvelle catégorie après un bref retour dans les ligues mineures. Riggs, lui, a roulé sa bosse à travers l’Amérique, disputant une vingtaine de combats pour une dizaine d’organisations différentes.

De loin, Côté a gardé un oeil sur la carrière de l’expérimenté Américain. Il sait très bien à qui il aura affaire dans trois mois, le 25 avril, lorsqu’il participera au grand retour du UFC au Centre Bell.

« C’est un gars vraiment dangereux. Il est gaucher, puissant, c’est un travailleur acharné, il a un bon ground and pound. Mais on le connaît. C’est un lâcheur et on est confiant qu’on va le faire abandonner », proclamait récemment le nouvel analyste des galas du UFC sur les ondes de RDS.

L’accusation est percutante, mais Côté a bien choisi ses mots et il les assume totalement. Pas de doute, il aime l’affrontement qui lui a été offert pour son retour dans l’octogone.

« Riggs a beaucoup changé avec les années. Chaque fois qu’il se fait toucher, il tombe au neutre complètement, il n’avance plus. Si on continue à mettre de la pression, si on reste précis, on est sûr et certain qu’il va finir par crouler », réitère-t-il sans se défiler.

Riggs (40-15), 32 ans, a effectué un retour au UFC en décembre dernier. « Il s’est presque mis K.-O. lui-même », comme le décrit Côté, lorsqu’il s’est blessé au cou en projetant Ben Saunders au sol dès la première minute du duel. Il avait auparavant remporté ses six combats précédents, dont cinq avant la limite, mais son prochain adversaire n’est pas impressionné.

« Il commence toujours ses attaques de la même façon : il met la table avec son crochet de la droite et essaye de finir avec sa gauche. Il est prévisible. Il est aussi énormément ouvert quand il commence à échanger », analyse le Québécois de 34 ans.

« Je n’aurai pas de choix de lutter, parce que je sais qu’il ne voudra pas échanger debout. Il va me pousser contre la cage et il va essayer d’aller chercher une amenée au sol pour me coller le dos au tapis et m’attaquer en position dominante, ce qui est sa meilleure arme. C’est ça qui va arriver, c’est sûr et certain. Sinon, on a assez d’expérience pour s’ajuster assez rapidement. » 

Changement à l’interne

Pour chacun de ses deux derniers combats, Côté avait coupé son camp d’entraînement en deux en s’exilant à l’académie Tiger Muay Thaï à Phuket, en Thaïlande. Cette fois, toute sa préparation se déroulera au Québec.

Mais tout ne sera pas comme avant dans le clan du Prédateur. Depuis sa défaite face à Stephen « Wonderboy » Thompson, en septembre, Côté a coupé les liens professionnels avec son ami Kru Ash, qui était son entraîneur de boxe thaïlandaise depuis 2011.

« D’un point de vue personnel, ça ne marchait plus », confie Côté tout en restant vague sur les raisons de la séparation.

« Des choses se sont passées à l’interne. Rien d’assez grave pour qu’on ne se parle plus, mais des choses assez évidentes qui nous sautaient aux yeux et qui faisaient en sorte qu’on ne pouvait plus travailler ensemble. On s’est assis et on fait ça d’homme à homme. On s’est parlé, on s’est serré la main et c’est tout. Je n’ai rien à dire contre lui. Il m’a amené beaucoup de choses, je lui ai amené beaucoup de choses. Mais ça ne donnait plus rien de s’acharner. »

Côté polit désormais son muay thaï chez BTT Canada, au centre-ville de Montréal, quartier général de son principal entraîneur et fidèle compagnon Fabio Holanda.  

Un homme occupé  

Côté s’en voulait après sa défaite par décision unanime contre Thompson. Il pouvait vivre avec le résultat, mais sa performance l’avait déçu.

« Ce soir-là, j’étais à plat, je n’avais pas d’explosion, se rappelle-t-il. Je n’ai pas été à la hauteur de ce que je suis capable de donner et je suis resté avec un goût amer. Disons que ce n’est pas un combat qui va passer à l’histoire. »

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À peine de retour de Las Vegas, Côté avait commencé à faire campagne pour effectuer un retour au travail le plus vite possible. Il avait ciblé la date du 20 décembre, au Brésil, mais ses employeurs n’ont jamais tendu l’oreille à ses doléances. Et ce fut finalement pour le mieux.

« La vie fait parfois bien les choses, se réjouit aujourd’hui le natif de Rimouski. Beaucoup de choses se sont passées dans ma vie avant le 1er janvier, des choses extrêmement positives. Plusieurs projets ont éclaté en même temps et si j’avais été en camp d’entraînement, je n’aurais pas pu profiter de toutes ces occasions. Avec le recul, c’est bon pour moi que ça ne soit pas arrivé. En plus, je reviens à Montréal, au Canada, où j’ai toujours eu du succès. Dans le fond, c’est parfait comme ça. »

Dans sa deuxième carrière, celle qu’il poursuit dans le monde des médias, Côté a fait son entrée dans la grande famille du Réseau des Sports, qui a fait l’acquisition des droits de télédiffusion du UFC à la fin décembre. « Pour moi, il y a beaucoup d’autres choses que l’analyse pendant les galas qui se rattachent à ça. J’aurai peut-être ma propre émission, un genre de magazine », laisse-t-il entrevoir.

Côté accouchera aussi d’un projet de livre sur lequel il planche depuis un an et demi. L’ouvrage, écrit en collaboration avec Mylène Grégoire, devrait être publié et distribué au printemps.

« Je n’ai pas la prétention d’écrire une biographie, ce n’était pas mon but. Ce sera plutôt un livre de motivation. Pas une grosse brique, juste un petit livre que tu vas pouvoir laisser sur ta table de chevet, comme un aide-mémoire. Ça parlera de mon parcours, de ma philosophie de vie, d’où je viens et des chances que j’ai prises. Je voudrais que les lecteurs se disent, en fermant ce livre, que si j’ai réussi, eux aussi sont capables de réussir. »