Je suis de retour de Las Vegas où j'ai été témoin du début d'une ère nouvelle pour l'organisation UFC et inévitablement pour le sport des arts martiaux mixtes. J'étais sur place puisqu'un de mes poulains, le jeune Américain de 22 ans Kevin Lee (9-1-0) participait à son troisième combat dans l'octogone UFC. Cet événement avait un petit quelque chose de spécial et ça s'est senti tout au long de la semaine précédant l'événement.

Des quelques 11 000 spectateurs présents dans l'enceinte du MGM Grand Arena, une grande majorité étaient des supporters inconditionnels de la nouvelle coqueluche de Dana White, l'Irlandais Conor McGregor (16-3-0). Plusieurs sont venus directement d'Irlande, mais ce McGregor est "worldwide", une expression qui signifie qu'il sera populaire un peu partout puisque tous les amateurs avec du sang irlandais peu importe où ils vivent supportent chaudement cet athlète charismatique - et des gens de souche irlandaise il y en a des tonnes justement aux États-Unis. Que ce soit à la conférence de presse, à la pesée officielle ou bien le soir du combat, on se serait littéralement cru en plein cœur de Dublin! Et quand je parle de l'ère nouvelle, je parle principalement du phénomène Conor McGregor - d'accord il n'est pas le plus talentueux et oui il a encore d'énormes carences dans son jeu, mais jamais dans l'histoire du UFC un athlète a réussi à se rallier une telle légion de fans aussi rapidement. Il est charismatique, direct, incisif, il frappe fort et il ne laisse absolument personne indifférent. Il est bouillant et le sang des "Fighting Irish" coule clairement dans ses veines. Que ce soit dans l'octogone ou bien en entrevue il est évident que tout peut arriver avec McGregor.

Samedi soir, son combat était situé au milieu de la carte principale, mais il est clair que dans le cœur des fans présents au MGM Grand, c'est ce combat là qui était le plus attendu. McGregor croisait le fer avec son adversaire le plus sérieux depuis son arrivée au UFC, l'Américain Dustin Poirier (16-4-0) - classé 5e dans sa division au UFC. McGregor a fait fi de tout ça et a martelé Poirier dans toutes ses apparitions publiques, entrevues et face à face ce qui a soulevé l'ire de l'Américain. McGregor est définitivement entré dans la tête de Poirier et ça a joué un rôle très important dans le combat. Je vais être honnête, j'avais prédit une victoire de Poirier, un athlète qui a un coffre à outils beaucoup plus rempli que l'Irlandais, mais nous avons eu la preuve samedi soir que le côté mental, la hargne et l'intelligence peuvent jouer un rôle prépondérant en arts martiaux mixtes. McGregor avait prédit une audacieuse victoire par K.O. dès le premier round et c'est exactement ce qu'il a livré au grand plaisir d'une foule en délire. Poirier n'a jamais été dans le coup et le spectacle s'est poursuivi dans l'entrevue d'après-combat et à la conférence de presse. McGregor a lancé un défi à l'aspirant #1 au titre mondial, Chad Mendes. C'est à suivre! Et ce sera définitivement très intéressant puisque comme je disait plus tôt, avec l'Irlandais c'est aussi intéressant à l'extérieur que ce l'est a l'intérieur de l'octogone. Le UFC devra cependant être discret dans ses élans d'amour pour McGregor puisque il commence à y avoir des échos d'insatisfaction de certains camps face au traitement préférentiel que reçoit McGregor qui passe beaucoup de temps avec Dana White et Lorenzo Fertitta (président et propriétaire du UFC) lors de plusieurs soirées mondaines. Et pendant ce temps dans les rues de Las Vegas, plus de 24 heures après le combat, ça fête toujours dans les rues et le drapeau irlandais est à l'honneur!

Encore "Mighty Mouse"

Demetrious Johnson (21-2-1) continue de donner à tous des arguments afin d'être reconnu comme le meilleur combattant de la planète "livres pour livres". Samedi soir, en grande finale du gala UFC178, le champion mondial des 125 livres a été tout simplement parfait et y est allé d'une autre performance dominante face à un sérieux aspirant en la personne de Chris Cariaso (17-6-0) et dès le 2e round d'un combat prévu pour cinq il a passé une prise de soumission à son rival. Personne depuis le Québécois Georges St-Pierre chez les 170 livres n'a fait un tel ménage dans sa division et Johnson trône bien confortablement au sommet de sa division et selon plusieurs même au sommet de la catégorie "livres pour livres". Johnson parle même de faire une incursion chez les 135 livres afin de livrer un combat revanche à l'ancien champion de la division (mais qui n'a jamais perdu son titre dans un ring), Dominik Cruz. Un autre scénario qui sera très intéressant à suivre!

Le retour du "Dominator"

Absent de la scène des arts martiaux mixtes depuis presque trois ans en raison de diverses blessures, l'ancien champion des 135 livres du UFC Dominik Cruz (20-1-0) y allait d'un très attendu retour dans l'octogone et il a été chaudement accueilli par la foule de Las Vegas. Comme j'expliquais plutôt, lorsqu'on parle d'ancien champion dans le cas de Cruz c'est que le UFC n'a eu d'autre choix que de lui enlever son titre en raison de sa très longue absence, mais il n'a jamais perdu ce titre en réalité dans l'octogone. Pour son retour, Cruz faisait face à un défi de taille en la personne du Japonais Takeya Mizugaki (20-8-2), classé dans le top-5 chez les 135 livres au UFC. Et personne n'a jamais fait à Mizugaki ce que Cruz lui a fait subir samedi soir! Une éclatante victoire par K.-O. en un peu plus d'une minute, 1:01 plus exactement! Le "Dominator" est de retour et Dana White a déjà annoncé qu'il obtiendra un combat de championnat dès son prochain combat face au champion actuel T.J. Dillashaw. Et Cruz est convaincu que malgré sa longue absence, il ira chercher ce qui lui appartient face à celui qu'il considère comme un champion "intérimaire" qui a simplement poli et réchauffé sa ceinture. Je ne manquerais pas ce combat pour tout l'or du monde!

Autres notes sur le gala:

- Les femmes se sont livrés un furieux combat et l'excellente Cat Zingano (9-0-0) a cimenté sa position comme l'aspirante numéro un au titre de Ronda Rousey en venant à bout de la très dangereuse Amanda Nunes (9-4-0);

- Le Québécois Patrick Côté (20-9-0) s'est incliné par décision des juges face au spécialiste du kickboxing Stephen Thompson (10-1-0) dans un combat qui promettait beaucoup d'action. Malheureusement, les deux athlètes se sont respecté un peu trop tout au long du combat et le spectacle en a souffert. Mais lors des courts moments où les deux se sont défiés à coups de pieds et de poings, ce fut très intéressant. Côté rebondira j'en suis certain et il aimerait remonter dans l'octogone d'ici la fin de l'année. On parle beaucoup de Georges St-Pierre, mais il ne faut pas oublier que Côté roule sa bosse au sein du UFC depuis plus de treize ans, n'a jamais subi de K.-O., a participé à un combat de championnat du monde (face à Anderson Silva), est allé en finale de la télé-réalité "Ultimate Fighter", a aussi été l'un des entraîneurs en chef d'une autre saison de cette télé-réalité, en plus de remporter deux fois le bonus du K.O. de la soirée... Des exploits peu banals.

- Il y a eu une controverse dans le combat opposant l'Américain Tim Kennedy au Cubain Yoel Romero. Entre le deuxième et le troisième round alors qu'il était temps de reprendre l'action, Romero est demeuré assis sur son tabouret pendant de longues secondes et ses hommes de coin ont tardé à quitter l'octogone ce qui a soulevé l'ire des inspecteurs de la commission athlétique et bien évidemment de Tim Kennedy et son équipe. Une investigation est en cours en ce moment à ce sujet par le UFC et la commission athlétique. Il est évident que Romero et son équipe ont fait ça de façon intentionnelle puisqu'à la toute fin du deuxième round, Romero avait été solidement ébranlé et sauvé par la cloche. À suivre. 

- Mon poulain Kevin Lee (9-1-0) a aussi très bien fait samedi soir face à l'excellent Jon Tuck (8-2-0). Kevin a dominé les trois rounds de son combat alors que les trois juges ont remis une carte de 30-26. Il s'agissait d'une deuxième victoire au UFC pour Kevin. Sa fiche chez les professionnels est de neuf victoires contre une seule défaite, mais il ne faut pas oublier son cheminement amateur au cours duquel il fut invaincu avec dix victores dans un état (le Michigan) où contrairement à partout ailleurs, les règlements amateurs sont exactement les mêmes que chez les professionnels.