MONTRÉAL – À chaque année, une cagnotte d’un million de dollars est promise au nouveau champion de chaque division de la Professional Fighters League. Avant même d’avoir disputé son premier combat au sein de l’organisation, Olivier Aubin-Mercier a pratiquement fait son deuil de cette bourse de rêve.

Le modèle d’affaires de la PFL diffère de celui préconisé par les autres ligues d’arts martiaux mixtes. Alors que l’UFC, par exemple, produit des événements périodiques indépendants les uns des autres et dont les affrontements sont déterminés de façon arbitraire, la PFL oppose ses athlètes dans un contexte de « saison régulière » au cours de laquelle ceux-ci accumulent des points dans le but de se qualifier pour un tournoi éliminatoire.

Chaque saison comprend deux combats. Une victoire vaut trois points alors qu’une défaite n’en rapporte aucun. Un combattant peut toucher jusqu’à trois points supplémentaires s’il parvient à l’emporter avant la limite de trois rounds.

Aubin-Mercier, qui a joint les rangs de la PFL en mars 2020 après une association de cinq ans avec l’UFC, a commencé sa saison du mauvais pied. Le mois dernier, une blessure a forcé l’annulation de son combat prévu contre l’Allemand Joilton Lutterbach.

Cette malchance lui a occasionné un double problème. Non seulement le duel raté ne sera pas replacé à l’horaire, réduisant de moitié ses opportunités de progresser au classement des poids légers, mais son forfait lui a fait perdre un point. La récolte maximale qu’il peut viser, à l’aube des « séries », se chiffre donc à cinq points alors que cinq concurrents en ont déjà trois en banque.

« Je pense qu’il faut être réaliste, ça va être bien difficile de faire le tournoi », réalise le combattant québécois à une semaine de son départ pour Atlantic City, où il complètera ses préparatifs en vue de son retour à la compétition qui est maintenant prévu pour le 10 juin.

« Je vais essayer de le faire, ça c’est sûr, mais tu sais, je suis juste content de replonger dans le bain et de me battre. Je suis juste heureux de me battre. Je vais avoir besoin d’un peu de chance, mais que ça arrive ou que ça n’arrive pas, je vais être content. Je veux juste me battre, rendu là. »

L’insistance d’Aubin-Mercier trahit son grand soulagement à l’approche du Jour J. Le « Canadian Gangster » ne se sera pas battu depuis 685 jours lorsqu’il entrera dans la cage pour y affronter Marcin Held. Cette longue période d’inactivité aura été ponctuée de résignation, d’impatience, d’incertitude et d’angoisse. Ce cocktail, agrémenté de son éternel optimisme, a aujourd’hui un goût d’espoir.

Ces bonnes sensations menacent toutefois d’atteindre leur date d’expiration. Pour un pugiliste qui s’est absenté de l’arène pendant deux ans, la PFL aurait pu trouver un adversaire plus accueillant que Held, un vétéran de 29 ans qui en sera à son 35e combat professionnel. Avant d’entrer lui aussi dans la course au million, le Polonais a passé cinq ans chez Bellator et a disputé quatre combats à l’UFC. Il a signé 14 de ses 27 victoires par soumission.

À son combat d’entrée avec la PFL, le mois dernier, Held a causé une surprise de taille en défaisant le Brésilien Natan Schulte, le champion des deux dernières saisons de l’organisation. Il s’agissait de la cinquième victoire de suite qu’il ajoutait à sa fiche.

« Après cette victoire, c’est probablement le gars à battre dans la catégorie, estime Aubin-Mercier, qui a perdu ses trois derniers combats. Schulte, ça faisait quand même deux ans qu’il n’avait pas perdu. Tu as aussi [Clay] Collard qui a battu [Anthony] Pettis. Alors présentement, les gros gars à battre dans la PFL c’est sûrement Collard, Held et le Russe [Akhmed Aliev]. »

« Je vais t’avouer que c’est quand même un gros, gros, gros matchup pour un combat de retour. Mais je suis pas mal excité. C’est un gars que je pensais bien retrouver sur mon chemin quand j’étais avec l’UFC. Je trouve que ça s’est bien aligné. Je trouve ça cool aussi pour les fans purs et durs de MMA. Je pense qu’ils trippent sur ce combat-là. »

Même s’il opposait deux combattants spécialisés dans le combat au sol, le duel entre Held et Schulte s’est passé presque exclusivement debout. Held s’est montré très agressif dès le premier round et même s’il a perdu en efficacité à mesure que l’affrontement progressait, il en a fait assez pour obtenir la faveur des juges.

Il serait logique qu’il opte pour une stratégie similaire contre un adversaire qui a été éloigné de la compétition pendant aussi longtemps qu’Aubin-Mercier, mais le principal intéressé est confiant en ses moyens.

« Schulte est vraiment un bon athlète, mais il utilise un peu la technique Homer Simpson, c’est-à-dire avancer, se faire frapper et attendre que son adversaire se fatigue pour prendre le dessus. Je pense que Marcin a eu plus de cardio que prévu. Schulte l’a laissé s’installer, il a réussi à gagner les deux premiers rounds et éventuellement le combat. »

« Marcin, c’était comme des grosses patates qu’il lançait, image l’excentrique OAM. Des bombes atomiques qui venaient de l’autoroute 20 pendant un round et demi et c’est à cause de ça qu’il a gagné. Il a fait des belles feintes aussi avec ses amenées au sol pour remonter avec l’uppercut, mais je pense que mon style est bien différent de celui de Schulte. »