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MONTRÉAL – Georges St-Pierre ne s’est pas rendu à l’hôpital uniquement pour recevoir des points de suture après sa victoire contre Michael Bisping.

St-Pierre a révélé jeudi qu’il n’avait reçu son congé que plusieurs heures après son admission, le temps de subir deux examens au scanner pour obtenir l’heure juste sur une blessure au cou subie lors de son retour dans l’octogone.

Le nouveau champion des poids moyens de l’UFC croit s’être blessé en encaissant un coup de coude en apparence inoffensif derrière la tête alors qu’il tentait sa première amenée au sol du combat, au premier round. Le choc lui aurait fait perdre la carte pendant un bref instant – ce qu’il a décrit en anglais comme un « flash knockdown » - et aurait provoqué un inconfort immédiat au niveau de la nuque.

« Ça m’a causé beaucoup de problèmes dans le reste du combat, a confessé St-Pierre lors d’une conférence téléphonique au cours de laquelle il a livré ses premiers commentaires depuis son spectaculaire triomphe. Quand j’étais au sol, je ne pouvais pas me redresser pour frapper, j’avais comme le cou jammé. C’était une sensation très étrange, comme si mes muscles étaient engourdis ou même morts. »

St-Pierre affirme que la douleur a atteint son apogée une fois le combat terminé, lorsque la pression est retombée. « Ça faisait terriblement mal. Je n’étais même pas capable d’attacher mes souliers. »  

Les cinq autres combattants impliqués dans les combats de championnat de l’UFC 217 avaient rencontré les médias ce soir-là, mais St-Pierre avait dû renoncer à ce rendez-vous. Le président de l’UFC, Dana White, avait alors expliqué que le Québécois était parti faire refermer les entailles creusées dans un visage charcuté par les coudes de Bisping lors d’un échange au sol au troisième round.

« J’étais un peu rouillé, a prétexté St-Pierre pour justifier le dommage que son adversaire a été en mesure de lui infliger dans une position en théorie désavantageuse. Ça faisait quatre ans que je ne m’étais pas battu et à l’entraînement, il y a certains aspects du combat qu’on ne peut pas vraiment pratiquer. Le ground and pound, avec tous les coups qu’on peut recevoir par-dessous, en est un exemple. »

« Mais tout est correct en fin de compte. Mon cou va mieux et ma santé va mieux », a-t-il assuré.

La stratégie de Freddie

Il n’y a pas qu’au sol que Bisping est parvenu à déstabiliser St-Pierre. Le plan de match du Britannique a surpris l’élève du gym Tristar et son équipe.

« Je m’attendais à ce qu’il vienne vers moi en ligne droite, qu’il veuille se bagarrer et me harceler, mais il a plutôt utilisé son jeu de pieds et ses feintes. Il m’a pris de court avec une excellente stratégie. Il ne s’est pas battu du tout comme je m’y attendais. »

Au premier round, St-Pierre est parvenu à exploiter le jab de Bisping en contre-attaquant avec son overhand right, un coup en puissance qui consiste à décrire un arc exagéré avec la main arrière. Cette agressivité a porté fruits à au moins deux reprises, causant des dommages visibles au visage de l’Anglais.

« Au deuxième round, il a commencé à bouger davantage et j’ai essayé de le suivre d’un peu trop près », estime St-Pierre, qui a dû à son tour apporter les ajustements nécessaires pour reprendre l’ascendant. Dans son coin, avant le début du troisième assaut, c’est l’entraîneur de boxe Freddie Roach qui a lui a refilé le tuyau gagnant.

« Il m’a dit que lorsque Bisping lancerait sa main droite, je devrais répliquer avec un direct suivi d’un crochet de la gauche. C’est exactement ce que j’ai fait et il s’est retrouvé au sol. »

Et une fois son rival ébranlé, St-Pierre avait une autre ruse dans son sac, preuve parfaite qu’un combat peut se gagner dans le gymnase.

« Je savais que Bisping aime se relever en prenant quatre points d’appui, le ventre au sol. Alors plutôt que de gaspiller mon énergie à tenter de le clouer au sol, comme je l’avais déjà fait dans le passé, j’ai décidé de lui laisser un peu d’espace. C’était un piège. Dès qu’il a exposé son dos, je m’en suis emparé et je l’ai étouffé. »

Lorsqu’on lui a demandé d’évaluer sa performance, St-Pierre a bien voulu se donner un « B ».

« C’était correct. J’ai commis quelques erreurs qui ne m’ont pas plu. À un certain moment, je l’ai amené au sol et je me suis retrouvé dans sa demi-garde. Je crois que j’aurais dû essayer de passer sa garde, mais je voulais stabiliser ma position pour essayer de lui infliger du dommage. Ça n’a pas fonctionné, mais c’était difficile. Bisping s’est bien défendu. »