RDS2 diffusera samedi soir à compter de 20 h les combats préliminaires du gala UFC 221.

L’incapacité de Robert Whittaker à combattre samedi lors d’UFC 221 est évidemment un coup dur pour l’intérêt porté à cette carte présentée à Perth en Australie.

Après tout, l’UFC avait élu domicile au Perth Arena spécialement pour que les supporters australiens puissent voir leur compatriote défendre sa ceinture des poids moyens pour la toute première fois.

Mais comme on le sait, une série de blessures et d’ennuis de santé ont obligé Whittaker à faire une croix sur le combat et à retarder sa défense de titre, de sorte que son adversaire Luke Rockhold combattra pour le titre intérimaire face au vétéran cubain Yoel Romero.

Il y a néanmoins des raisons de s’intéresser à cette confrontation. Ça reste du très haut calibre que nous présentera l’UFC. Tandis que Romero veut faire oublier sa défaite encaissée aux mains de Whittaker en juillet 2017, Rockhold, pour sa part, cherche à finalement mettre derrière lui sa défaite contre Michael Bisping, un échec qui l’a longtemps hanté – et qui encore à ce jour semble le déranger. D’ailleurs, s’il veut avancer et redevenir le monarque de la catégorie, il va devoir ranger cette obsession qui le tenaille depuis l’UFC 199. Il y a un travail psychologique à effectuer chez Rockhold à ce niveau-là.   

Âgé de 40 ans, Romero est encore un combattant super athlétique et explosif, en plus d’être un ancien olympien en lutte. Un nuage noir va le poursuivre pour le reste de sa carrière après qu’il ait déjà testé positif à un contrôle antidopage, mais pour le reste, on parle encore d’un athlète spectaculaire. Il amène un élément d’imprévisibilité que j’apprécie, surtout avec son style peu orthodoxe de combat debout. Son adversaire ne sait jamais si ça va venir de la gauche ou de la droite. Parlez-en à Chris Weidman, qui avait été surpris par le coup de genou à la volée de Romero lors de leur affrontement à UFC 205.

Combinez ça à la mentalité « all-in » qui caractérise Rockhold – c’est-à-dire que gagne ou perd, il met toujours la pédale au plancher – et on est presque assurés d’assister à un spectacle excitant. Il est un excellent kick-boxeur et le fait qu’il soit gaucher peut rendre la tâche difficile à ses rivaux. Je serai aussi intrigué de voir quel genre d’ajustements il aura apporté à sa technique en travaillant avec une toute nouvelle équipe.

Depuis qu’il a été mis K.-O. par Bisping au premier round, Rockhold s’est en effet tourné vers le spécialiste de la boxe Henry Hooft, avec qui il s’entraîne en Floride, en compagnie de Robbie Lawler notamment. Il se disait « trop confortable » avec l’American Kickboxing Acamedy, et c’est ce qui a motivé sa décision de s’en éloigner. Il a ressenti le besoin de sortir de sa zone de confort.

Au final, le gagnant du duel entre Rockhold et Romero devrait être considéré comme le « vrai champion » des poids moyens, puisque Whitakker, on le sait, s’en est emparé en vertu du forfait de Georges St-Pierre après sa victoire face à Bisping.

À mon sens, une victoire de Rockhold serait le résultat le plus intrigant pour la suite des choses chez les 185 lbs. Il est toujours intéressant de le voir combattre, et rappelons-nous Romero n’avait pas été de taille face à Whitakker l’été dernier. Il s’était rendu à une décision en endurant les coups de l’Australien pendant cinq rounds, mais le résultat ne laissait pas de place au doute.

L’épisode Yamasaki : un cauchemar

Lorsque la qualité de l’arbitrage représente le sujet le plus abordé après une soirée de combats, on peut se douter qu’il s’est réellement passé quelque chose d’outrageux.

La lenteur avec laquelle  Mario Yamasaki a mis fin au supplice que faisait subir Valentina Shevchenko à Priscila Cachoeira est absolument honteuse pour un officiel d’expérience.

L'arbitre laisse aller une sévère dégelée

Alors que plusieurs lui reprochaient – avec raison! – son jugement défaillant, le débat a glissé sur la responsabilité de l’UFC de mettre sur pied des combats équitables. Autrement dit, le « match-making » a été remis en question. Permettez-moi de rappeler que Cachoeira avait un curriculum vitae assez impressionnant en arts martiaux mixtes (6-0, dont 4 K.-O.) avant de se mesurer à Valentina Shevchenko. C’était une fille de la place. C’est difficile d’affirmer que les deux combattantes n’auraient pas dû se retrouver dans le même octogone.

Elle a effectivement été dominée du début à la fin, mais ça aurait pu être beaucoup plus court si l’arbitre avait rempli son mandat principal, soit celui de protéger les combattantes et d’assurer leur sécurité. Il n’a pas fait son travail et ce n’est pas la première fois.

Même la foule brésilienne, qui encourageait sa compatriote, avait un malaise de voir cette boucherie se poursuivre inutilement.

Dans un communiqué, Yamasaki s’est défendu en écrivant qu’il avait laissé Cachoeira « être une guerrière »… Je trouve cette mentalité assez déplorable. On n’est plus en 1993 : l’idée n’est plus de déterminer qui est la plus « tough » des deux.

Ce genre de correction peut carrément être un moment qui met une carrière en péril. D’avoir reçu autant de coups pour rien (230 au total), ce n’est pas défendable. Même Shevchenko le regardait avec l’air de lui demander : « Qu’est-ce qu’il faudra que je fasse de plus? »

Même quand Shevchenko a réussi l’étranglement arrière, Yamasaki a mis beaucoup de temps à réagir. La Brésilienne a tapé à trois reprises sur son adversaire avant que l’officiel ne réagisse. C’est d’ailleurs la seule chose qu’il a reconnue et dont il s’est excusé dans ses explications à l’écrit.

Dans toute cette histoire, je n’ai qu’une chose de positive à souligner, et c’est l’habitude qu’a pris Yamasaki de s’expliquer après chacune des gaffes qu’on lui reproche. Il répond de ses actes, et c’est tout à son honneur.

Pour le reste, les arts martiaux mixtes sont une discipline beaucoup trop dangereuse pour qu’on tolère une telle incompétence dans l’octogone. Espérons que la commission athlétique brésilienne s’en apercevra et agira en conséquence.

Diaz, un adversaire vendeur pour Woodley

Le suspense semble tirer à sa fin quant au retour dans l’octogone de Nate Diaz, alors que ce dernier a affirmé haut et fort qu’il a le champion des mi-moyens Tyron Woodley dans sa mire. Ça tombe bien, puisque Woodley semble lui aussi disposé à ce que ce combat ait lieu.

Inactif depuis sa défaite par décision majoritaire contre Conor McGregor lors de leur deuxième affrontement à UFC 202, Diaz veut bien entendu monnayer son retour à l’UFC. Même si ce n’est pas sa catégorie de poids, c’est une situation gagnante pour lui, d’autant plus qu’il combattrait pour une ceinture dès son retour. Il se faufilerait notamment devant Rafael dos Anjos et Stephen Thompson parmi les aspirants potentiels pour aller combattre face à un rival qui n’a rien cassé à ses dernières sorties. En ce sens, Diaz m’a l’air d’être en train de manigancer pour obtenir un combat pas trop ardu.

La situation chez les 170 lbs est quelque peu nébuleuse. Déjà que Woodley n’est pas du tout le type de combattant qui attire les foules, Dana White n’a pas vraiment le choix de lui trouver un adversaire digne d’aider à vendre des forfaits de télévision à la carte. En Nate Diaz, possiblement en tête d’affiche d’UFC 226, il tient peut-être quelque chose, même si en réalité, dos Anjos en est un qui aurait mérité un combat de championnat bien avant lui.

Les combats d’unification ont la cote présentement

Il y aussi une intrigue entourant la suite des choses pour le nouveau champion des poids coqs de l’UFC, TJ Dillashaw.

Une des tendances lourdes qui se dessine dans l’organisation est celle des méga-combats impliquant des champions de deux catégories de poids. On en verra un exemple lorsque les détenteurs des ceintures des lourds et des mi-lourds Stipe Miocic et Daniel Cormier en découdront le 7 juillet.

La possibilité d’une unification entre la championne des 135 lbs Amanda Nunes et celle des 145 lbs Chris Cyborg est également un sujet de discussion ces derniers temps.

Tout ça m’amène à dire que je ne serais pas étonné que Dillashaw monte dans l’octogone face Demetrious « Mighty Mouse » Johnson à sa prochaine sortie.

Sans surprise, Cody Garbrandt, celui qu’il a vaincu pour devenir champion en novembre dernier, met beaucoup de pression pour qu’on lui accorde un combat revanche. Ces deux-là ne s’aiment pas du tout et leur rivalité intéressent les amateurs, c’est assez clair. Mais Dillashaw n’est pas pressé de lui présenter une opportunité. Il va tenter de l’éviter, mais si Garbrandt remonte la pente, éventuellement il n’aura pas le choix.

Ce sera une situation à surveiller de près, car Garbrandt s’est porté volontaire pour remplacer Max Holloway, blessé, comme adversaire de Frankie Edgar lors d’UFC 222. Les informations qui circulent à ce sujet laissent toutefois croire que les dirigeants de l’organisation penchent plus vers Brian Ortega pour agir comme remplaçant.

* propos recueillis par Maxime Desroches