MONTRÉAL – Même s’il avait été prévenu de la possibilité qu’il devienne un sacrifié de dernière minute, Steve Bossé avoue avoir avalé de travers son éviction de la carte de l’UFC 186 telle qu’annoncée à la suite du retour dans le portrait de Quinton « Rampage » Jackson.

Il y a deux semaines, Bossé s’était proposé pour sortir de la retraite et affronter à pied levé le Brésilien Fabio Maldonado, qui s’était soudainement retrouvé sans adversaire après qu’une bataille légale opposant Jackson à son ancien employeur, l’organisation Bellator, ait bloqué la tenue du combat.

Or, mardi soir, un juge a entendu l’appel de Jackson et décidé de lever l’injonction qui l’empêchait de se donner en spectacle à Montréal. Bossé, qui a appris la nouvelle sur les réseaux sociaux avant d’obtenir la confirmation de l’UFC, s’est retrouvé le bec à l’eau.

En route vers l'UFC 186 à Montréal

« Quand on a signé le contrat, il y avait une clause qui mentionnait la possibilité que "Rampage" porte sa cause en appel. Sauf qu’à partir du 18, 19, 20 avril, on ne pensait vraiment plus à ça », confiait Bossé mercredi midi.

« Je venais d’aller prendre possession de ma chambre à l’hôtel, j’avais signé toutes les affiches, j’avais pris toutes les photos pour la promotion. Même si c’était entendu que ça pouvait arriver, c’est vraiment comme un coup de pelle dans la face. »

À quelques jours du gala qui aura lieu samedi soir au Centre Bell, Bossé garde néanmoins les yeux sur l’objectif. Son promoteur et lui s’accrochent à l’espoir que Bellator revienne à la charge avec une dernière offensive qui contrecarrerait les plans de « Rampage » et permettrait au Québécois de monter dans l’octogone tel que prévu.

« Il n’y a rien de coulé dans le béton, s’encourage Bossé. Je dois continuer ma préparation comme si j’allais me battre. Je continue donc ma coupe de poids et je tente de garder ma concentration. Même si ça m’a rentré dedans, il faut que je reste le plus positif possible. »

Lié à l’UFC par un nouveau contrat de quatre combats, Bossé dit avoir reçu la certitude qu’il aurait la chance de faire ses débuts avec l’organisation au cours des prochains mois si jamais son baptême ne pouvait se concrétiser à Montréal. Des noms d’adversaires potentiels seraient déjà sur la table pour un combat qui aurait lieu à l’extérieur du pays. Comme sa préparation a déjà atteint un stade avancé, pas question pour lui d’attendre la tenue d’un autre événement en sol canadien.

Bossé n’a pas voulu confirmer qu’il encaissera son chèque de paie même s’il devait être laissé de côté samedi soir. « Mais je ne me serais pas lancé dans un combat avec autant de préparation et de dépenses si je n’avais pas eu de protection », laisse-t-il entendre.

La drogue du combat

Le retour du « Boss » dans le paysage des arts martiaux mixtes professionnels en a pris plusieurs par surprise. Le populaire pugiliste devait à l’origine faire ses débuts dans les grandes ligues en avril dernier, au Colisée Pepsi de Québec, mais un malaise à l’épaule gauche l’avait forcé à renoncer au combat qu’il devait livrer à Ryan Jimmo. C’était aussi la blessure de trop, celle qui l’avait convaincu de tout abandonner.

« J’avais vraiment tiré un trait là-dessus pour plusieurs raisons, dont les blessures. On dirait que mon corps commençait à me parler. En plus, j’ai un poste régulier de pompier à St-Constant et ma propre entreprise. On dirait que je n’avais plus juste ça dans la vie. J’ai tiré la plogue pour penser à moi et faire le vide là-dessus. »

Mais Bossé n’a pas écouté les signes très longtemps. À l’automne, il est retourné à ses premiers amours en s’embarquant avec les Prédateurs de Laval, de la Ligue nord-américaine de hockey. C’est sur patins que la popularité du dur à cuire avait pris naissance au début des années 2000 et c’est dans les mêmes circonstances que l’athlète aujourd’hui âgé de 33 ans a retrouvé le goût de se battre.

« À mon premier combat sur la glace, même si je me suis brisé la main, l’adrénaline que j’ai ressentie a rallumé une flamme. C’était reparti. J’ai été immobilisé pendant six semaines, j’ai ensuite fait d’autres combats sur la glace et la piqûre pour l’entraînement de compétition est revenue. »

Bossé a reçu une offre, qu’il a acceptée, pour faire ses débuts en boxe professionnelle face au poids lourd québécois Éric Barrak. Puis un bon matin, alors qu’il se trouvait à la caserne, il a appris que la carte de l’UFC 186 venait d’encaisser un dur coup avec la perte de Jackson.

« J’ai pris mon téléphone et j’ai envoyé un texto à mon promoteur pour lui dire que je voulais le remplacer. À partir de là, ça a déboulé. Je ne pensais vraiment pas que les gens de l’UFC avaient encore un intérêt pour moi, mais j’ai pu voir qu’ils étaient contents que je revienne et maintenant, tout est en place pour que je fasse un bout de chemin avec eux. Ma pause a été bénéfique et j’ai le goût d’aller voir jusqu’où Steve Bossé est capable d’aller. »

Les plans de retraite sont donc repoussés. Bossé est confiant que son corps meurtri puisse lui permettre de soutenir le poids de ses rêves. Pour l’instant, il se dit en santé, et en s’entraînant intelligemment, il croit pouvoir se débarrasser de la guigne qui l’a jusqu’ici empêché de pousser sa carrière sur la scène internationale.

« Autant j’ai déjà vu noir, autant je réalise que mon histoire n’est pas finie, dans le fond. Je suis juste sur le point d’exploser dans la plus belle phase de ma carrière. Je sais qu’une fois que j’aurai goûté à mon premier combat, je vais être dur à arrêter. »

Malgré ses nouvelles ambitions, Bossé souhaite pouvoir honorer sa parole et affronter Barrak tel que prévu le 22 mai, mais la décision ne lui appartient plus complètement. Pour l’instant, son avenir sportif est de retour entre les mains de l’UFC.