Un mot ressort toujours lorsqu’on parle d’Hugo Houle à ses coéquipiers ou au staff de l’équipe Astana: loyal. C’est cette grande qualité, plutôt rare chez les professionnels, à ce qu’on comprend, qui lui a permis de tisser des liens avec les principaux leaders de l’équipe Astana, dont Jakob Fuglsang. « Il apprécie que je sois loyal, un coéquipier de confiance. Je ne suis peut-être pas le plus fort, mais il sait que je suis prêt à me lessiver pour lui », confie Houle.

« Sa loyauté est sa grande qualité et c’est ce qui le rend complètement différent. Parfois, les coureurs pensent à leurs résultats personnels. Avec Hugo, c’est simple : s’il n’est plus à tes côtés pour t’aider, c’est qu’il est complètement vidé, et qu’il est quelque part à l’arrière », dit Fuglsang, en riant.

Si le leader danois a pleine confiance en Houle, il avoue qu’il y a un an, il n’avait aucune idée qui il était.

« Je ne connaissais rien du tout de lui! Je me souviens qu’on m’ait dit: on a signé un coureur canadien, Hugo Houle. J’ai répondu: Qui? Jamais entendu parler », avoue-t-il avec un sourire dans la voix.

L’expérience de Fuglsang

Hugo admet sans hésiter que le changement d’équipe lui a fait le plus grand bien. Nouvelle technique d’entraînement, nouveau groupe de coéquipiers et une motivation renouvelée, des aspects qui l’ont aidé à progresser.

« Je suis meilleur tactiquement, je sens mieux la course., la force est meilleure. C’est certain  que je suis un meilleur cycliste », admet Houle.

Cette progression, il la doit au changement d’environnement, mais également au fait qu’il a été confronté à de nouvelles situations en course.

« On a souvent eu des maillots de leaders à défendre. Par exemple, j’ai roulé pendant quatre jours sur Paris-Nice, à gérer la course et les échappées [pour défendre le Maillot jaune de Luis Leon Sanchez]. C’était la même chose lors de l’Arctic Race en Norvège [pour son coéquipier, Sergei Chernetski]. »

Des situations qu’il avait peu, pour ne pas dire, jamais vécues lors des cinq dernières saisons. Et Houle peut compter sur les précieux conseils de Fuglsang.

« Il m’apprend à gérer les échappées, c’est quand même un gars qui a l’expérience », reconnaît Houle.

Fuglsang sait de quoi il parle. Il a vécu pareille situation aux côtés de grands du cyclisme.

« Pour moi, c’est agréable d’enseigner ce que j’ai appris de coureurs comme Stuart O’Grady, Jens Voigt ou Fabian Cancellara, il y a quelques années, alors qu’on devait contrôler la course», déclare le Danois, qui a été longtemps reconnu comme un super-domestique.

Défendre des Maillots de leaders comme à Paris-Nice ou en Norvège, ou encore participer au Maillot à pois de Dario Cataldo et à la victoire d’étape de Pello Bilbao au Dauphiné, demande beaucoup de sacrifices en course, mais apporte également son lot de plaisir.

« Hugo m’a dit récemment: J’ai bu plus de champagne cette année qu’en cinq saisons avec AG2R », renchérit d’un ton rieur le manager de l’équipe, Dmitriy Fofonov.

Tour de France 2019

Ce dévouement a bien failli permettre à Houle de participer au Tour cette année. En fait, il a été un des derniers coureurs retranchés, sinon le dernier.

« Il est passé près. Oui, il y a la déception, mais il n’était pas dans les plans au départ. Il a mérité d’être considéré », précise Fofonov.  « Certains m’ont dit, on ne pense pas à mettre n’importe qui sur le Tour. Si on t’a considéré, c’est qu’on apprécie ce que tu fais. T’es un coureur important dans l’équipe. C’est certain qu’il y a une déception. Tu te prépares, tu y crois évidemment. Ç'a passé à côté, mais je vous garantis que l’année prochaine ça va être l’objectif no 1 en partant la saison », ajoute Houle.

Le manager de l’équipe confirme que le Québécois sera considéré pour le Tour 2019.

« Il sera de la liste de 14 coureurs au début de la saison pour le Tour et ensuite on verra. »  

Pas de Tour, mais de bons résultats

À défaut, d’être sur le Tour, Houle a eu la chance de jouer sa propre carte sur certaines courses. Et il a impressionné : 14e de la Bretagne Classic, 8e du classement général au Tour du Danemark et 4e du Tour de Poitou-Charentes. Le Québécois avoue que même s’il apprécie son rôle d’équipier, il ne déteste pas avoir sa chance sur certaines courses.

« Ça fait du bien de se mettre un peu de pression. Au fil du temps, on s’habitue à faire un certain travail. Il faut réapprendre à gagner des courses, à jouer l’étincelle finale », dit-il avec un sourire dans la voix.

« Quand tu te retrouves dans une position où on te donne le lead, il faut l’apprendre et ça te permet de te pousser encore plus loin. Sur Poitou-Charentes, j’avais six coéquipiers autour de moi pour m’aider. T’as des comptes à rendre et ça te pousse vers le haut », reconnaît Houle, qui avoue que cette expérience l’a également aidé à progresser.

Québec et Montréal

Malgré les résultats des dernières semaines, Hugo retrouvera, avec plaisir, son rôle d’équipier pour les courses québécoises.

« Même s’il est à la maison, il aura son rôle de coéquipier. On a plusieurs coureurs qui peuvent bien faire comme Valgren, Fuglsang ou encore Chernetski », précise Fofonov.

La meilleure chance de victoire semble toutefois s’être envolée pour la formation kazakhe: Magnus Cort Nielsen ne sera vraisemblablement pas du départ à Québec, lui qui a été pris de vomissements, jeudi.

Et comme le mentionnait Fuglsang, « c’est une déception pour l’équipe, puisque les deux parcours lui convenaient parfaitement. »

Houle et ses coéquipiers auront tout de même à coeur de bien faire, surtout avec la présence de deux partenaires importants dans l’équipe, soit le manufacturier de vélos Argon 18 et la compagnie PremierTech. « La pression est sur nous avec la présence de nos partenaires québécois. On va essayer de faire un gros résultat pour les remercier du support. »