ROME (AFP) - La menace du terrorisme islamiste et les mouvements de contestation se trouvent au centre des préoccupations italiennes pour les Jeux olympiques de Turin (10-26 février), au cours desquels 15 000 personnes seront chargés d'assurer la sécurité des spectateurs et des athlètes.

Un avion Awacs de l'Otan survolant en permanence les cieux olympiques, des chasseurs aériens prêts au décollage à tout moment pour intercepter un vol suspect, des spécialistes des attaques chimiques ou nucléaires dépêchés sur place, des centaines de contrôles sur des personnes considérées comme "suspectes": les autorités italiennes espèrent avoir fait le nécessaire pour prévenir un attentat de grande ampleur.

"L'expérience nous enseigne que la simultanéité d'un grand événement comme les JO avec un rendez-vous important comme les élections (législatives italiennes, le 9 avril) peut représenter une attraction pour le terrorisme international", a récemment souligné le ministre italien de l'Intérieur Giuseppe Pisanu.

L'Italie, dont le gouvernement de Silvio Berlusconi est un fervent allié de l'administration Bush, se sent particulièrement menacée en raison de la présence sur le sol irakien d'un contingent militaire de près de 3000 hommes.

"Mais ce que je crains par-dessus tout", avait également confié M. Pisanu, "ce sont les actions illégales à petites doses et à basse intensité (...) qui pourraient gâcher l'image des Olympiades."

Dans la ligne de mire du ministre, des groupes de militants altermondialistes, anarchistes ou écologistes qui pourraient tenter de se servir de la vitrine des JO pour faire passer leurs revendications.

Cet automne, dans le Val de Suse (Alpes italiennes), où se dérouleront une partie des épreuves, les débuts des travaux de sondage pour la construction du TGV Turin-Lyon avaient provoqué de nombreuses manifestations réunissant des dizaines de milliers de personnes, dont certaines s'étaient soldées par des affrontements violents avec la police.

Craintes de "groupes subversifs"

Le parcours de la flamme olympique, lancé le 8 décembre dernier à Rome pour un tour d'Italie de 11 300 km, a lui aussi été marqué par la présence de petits groupes venus protester contre un des parraineurs, Coca-Cola, ou contre les conséquences environnementales des projets de grands travaux du gouvernement Berlusconi.

La plupart de ces manifestations sont pacifiques, mais les autorités craignent "l'intrusion de groupes subversifs" et violents, comme l'a rappelé le ministre de l'Intérieur.

Pour assurer la sécurité des compétitions qui se dérouleront dans sept communes, avec 2500 athlètes répartis dans trois sites olympiques, le dispositif de sécurité prévoit la présence de 15 000 personnes. Parmi eux, 2500 militaires, 300 policiers à ski et des tireurs d'élite, qui seront notamment mis à contribution lors de la Cérémonie d'ouverture, le 10 février.

Six cents caméras de télésurveillance ont également été installées dans le métro de Turin.

Pour accueillir les 21 chefs d'Etat, six familles royales et 15 chefs de gouvernement annoncés à Turin, l'Italie compte faire aussi bien que lors des événements liés à la mort de Jean Paul II, au printemps dernier à Rome. Les temps de préparation avaient été bien moins longs et il avait fallu canaliser des millions de pèlerins venus rendre hommage au pape défunt.