Robert Paradis avait une vie bien rangée, il préparait sa retraite de l’enseignement et voulait se faire un cadeau pour ses 60 ans. Celui de faire la grande traversée des Alpes à vélo. Pendant cinq ans, il a préparé cet événement grandiose. Il s’entraînait pour ça, suivait son programme d’entraînement à la lettre pour améliorer ses capacités. Il avait planifié sa progression pendant 1825 jours, ce qui est plus long qu’un cycle Olympique. Pas besoin de vous dire que l’engouement était palpable! Tout allait bien et la motivation était à son comble. Jusqu’au jour où le cancer a décidé d’être de la partie.

Voici le combat digne d’un Olympien. Robert contre le cancer. Sa victoire : Réaliser son rêve.

« C’était mon but, ma mission, je voulais monter l’Alpe d’Huez et les autres grands cols mythiques pour mes 60 ans. J’y étais presque. Je m’étais entrainé avec Luc Ostiguy de chez Polo Vélo et Robert#1tout semblait être en place pour le grand jour où j’allais m’envoler pour les Alpes. » Robert ne se doutait pas que quelque chose de terrible se préparait. Son destin allait changer. Alors qu’il faisait sa randonnée de vélo habituelle avec ses amis, il a vite compris que la fin de cette randonnée allait être différente. Il n’aura pas été en mesure de compléter tous les kilomètres. « Tout est allé si rapidement. Cette journée-là, j’ai fait une crise de labyrinthite. Une semaine plus tard, je passais une échographie et j’étais en attente d’un rendez-vous avec l’oncologue. Dans la salle de consultation, je ressentais l’urgence des médecins. Je ne comprenais pas pourquoi ils étaient tous dans cet état d’alerte.  À ce moment, je ne me doutais encore de rien. »

Il a tout de même continué à préparer son voyage. La date de son départ approchait de plus en plus. En attendant les résultats de tous les tests passés depuis la labyrinthite, il se souvient d’être allé chercher son billet d’avion pour son voyage. Son rêve devenait de plus en plus réel, il était excité et heureux à l’idée de partir! « J’avais mon billet et ma préparation était terminée. Deux jours plus tard, on m’annonçait que j’avais le cancer des amygdales et qu’il fallait agir rapidement. C’était un choc. » Ce qui l’attendait était loin d’être dans ses plans. Il ne pouvait pas croire que c’était à lui qu’on parlait, mais il savait qu’à partir de ce moment, tout allait changer. Verdict : Les chances de s’en sortir avaient été établies à 65%.

« 65%, c’était le chiffre que j’avais en tête, c’était à ça que je m’accrochais. J’ai subi plusieurs opérations, plusieurs séances de radiothérapie, on a dû m’enlever une douzaine de dents, j’ai perdu 25 livres en peu de temps, mais j’avais 65% de chance de m’en sortir. C’était tout ce que je voyais. J’étais bien entouré et j’ai reçu beaucoup de support, ce qui m’a aidé à surmonter ces épreuves qui se sont accumulées subitement. » Robert savait qu’il allait devoir se battre. Il se répétait que la grande traversée des Alpes n’avait pas nécessairement à être cette année. Peu importe le temps que ça prendrait, jamais il ne cesserait d’avoir ce désir pendant son combat. C’était ce qui le tenait en vie.

« Dans mes traitements, je me suis mis à faire de la visualisation. J’écoutais la chanson Alégria et je me voyais en train de monter les 21 lacets de l’Alpe D’Huez. Je me voyais en sueur être debout sur ma monture pour accomplir cet exploit, mon rêve, ma visée. Cette image était sublime, je la vivais. Je me battais. » Après de nombreux mois de douleur, Robert, exténué, a finalement eu son congé d’hôpital. « J’avais la conviction que si je me remettais en forme physiquement, ça allait être plus facile de m’en remettre. » Il a donc décidé de retourner voir celui qui avait toujours cru en lui et qui l’avait entraîné pour le plus grand objectif de sa vie, Luc Ostiguy de chez Polo Vélo.

« Au début, Luc a été surpris de voir que je voulais revenir, mais il m’a encouragé et a tout de suite décidé de m’aider pour que je puisse retrouver l’espoir de vivre cette fameuse traversée. Ça me faisait un grand bien de revenir avec les copains. Pendant mon absence, Luc leur avait raconté mon histoire. Ils étaient tous là à m’accueillir pour m’aider à reprendre la motivation. C’est alors qu’un bon soir dans une séance, Luc a décidé de personnaliser l’entrainement pour moi. Il s’est mis à décrire la montée de l’Alpe d’Huez, lacets après lacets. Tous les copains dans la salle participaient et le faisait pour moi, pour m’encourager. Il a ensuite fait jouer Alegria. C’est là que j’ai eu les larmes, les frissons. Je réalisais tout le chemin parcouru. Je venais de retrouver mon essence et je venais de comprendre que le cancer n’avait pas gagné. J’étais le vainqueur. »

Robert #3Deux ans plus tard, c’est avec beaucoup d’émotion que Robert a finalement réussi à prendre l’avion pour vivre son rêve. « Rien ne m’arrêtait. Je volais. J’étais là, sur mon vélo, à faire ce que je croyais ne plus jamais être capable de faire. Je le vivais. Je le savourais. Quand je suis arrivé au pied des Alpes, j’ai décidé de faire cette montée seul avec Alégria dans les oreilles. Je pleurais. J’étais fier. Je ne pouvais retenir mes émotions. Ce que j’avais visualisé pendant si longtemps dans la douleur et la souffrance était en train de se produire. Je n’oublierai jamais ce moment. »

Aujourd’hui, Robert s’entraîne encore chez Polo Vélo avec un nouvel objectif pour ses 70 ans. « Je veux faire la Croatie à vélo, je suis tellement heureux de pouvoir être capable de me rendre au sommet de cols mythiques, à chaque fois, c’est un cadeau. »

Une histoire inspirante de courage et de résilience qui nous donne envie de savourer chaque moment n’est-ce pas?