MONTRÉAL – Le passage de Mike Sherman à la barre des Alouettes de Montréal n’aura rien eu de convaincant. À vrai dire, depuis son départ, le portrait que les membres de l’organisation dessinent apparaît encore plus sombre qu’on aurait pu le croire.

 

On se doutait que ça ne roulait pas toujours comme sur des roulettes avec cet entraîneur dans le dernier droit de sa carrière qui a bâti sa réputation au sud de la frontière. Sauf que les embûches devenaient de plus en plus problématiques. Sherman a bien pu admettre que l’ajustement à la LCF n’était pas de tout repos pour lui.

 

« Ouais, c’est différent, c’est drôlement différent. Il y avait beaucoup de choses sur lesquelles on avait des divisions et on argumentait souvent ce qui causait des pertes de temps interminables sur certaines choses simples. Comme entraîneur, tu finis par abandonner des choses qui sont nécessaires dans la LCF », a témoigné André Bolduc, l’entraîneur des porteurs de ballon.

 

Bolduc trouvait cela dommage puisqu’il avait établi un bon contact avec Sherman dès le départ.

 

« L’homme était trippant, il avait de l’expérience et toujours de bonnes anecdotes à raconter, mais ça n’empêche pas que c’est du football bien différent », a-t-il ajouté.

 

Ce grand vécu dans le football à quatre essais a fini par compliquer son adaptation à son nouvel environnement.  

 

« Quand ça fait plus de 30 ans que tu évolues dans un style de football que tu connais de fond en comble et que tu te présentes dans un autre type de football, ça change dans la sélection des jeux et le design de ceux-ci. Les règles sont différentes aussi, dans la gestion d’un match, tu peux vivre une première en carrière », a pointé Luc Brodeur-Jourdain.

 

Sans détenir une grande expérience dans la LCF, le quart-arrière Antonio Pipkin comprend que la promotion accordée à Khari Jones sera bénéfique à ce chapitre.

 

« Il est très familier avec le jeu de la LCF, je vois cela comme un gros plus pour nous. Ce sera d’une grande influence sur l’attaque. Puisqu’il était déjà notre coordonnateur offensif, on sait déjà ce qu’il attend de nous, les standards sont de gagner », a commenté Pipkin.

 

Le principal intéressé aura maintenant la latitude de sélectionner les jeux qui le représentent davantage comme entraîneur.  

 

« Désormais, je ferai plus de choses auxquelles je suis habitué. Je pense que les gens verront quelques différences. Mais Mike a aussi ajouté de bonnes choses qui ont eu du succès. L’important, c’est de se fier sur ce qui fonctionne bien pour notre attaque », a noté Jones.

 

S’il parvient à transmettre sa vision sur le terrain, le visage des Alouettes sera rafraîchissant.  

 

« Je voudrais qu’on soit une équipe excitante offensivement et défensivement. J’aime les règlements de la LCF, ça fait plus de 20 ans que je suis au Canada. Je veux qu’on soit axé sur l’attaque et qu’on dicte le ton », a souhaité l’entraîneur.

 

Présentement, Jones occupe quatre fonctions : entraîneur-chef, coordonnateur offensif, entraîneur des quarts et entraîneur des receveurs (de manière temporaire). On aurait pu croire que le sommeil avait disparu de ses habitudes de vie.

 

« J’ai réussi à dormir », a-t-il assuré en riant. « C’est comme ma carrière de joueur, j’ai dû attendre avant d’obtenir ma chance sur le terrain, mais je me sentais prêt quand ça s’est présenté et on dirait que c’est la même chose cette fois. Ce mandant ne me semble pas trop étranger pour l’instant. »

 

Slowik content de rester même si Sherman est parti

 

Si le départ de Sherman a emporté dans la vague son fils et l’entraîneur des receveurs, Andre Barbosa, le coordonnateur défensif Bob Slowik a conservé ses fonctions. Le contexte demeure particulier pour lui puisque c’est Sherman, un ami de longue date, qui l’a recruté pour la saison 2019.

 

Ça ne fait que deux fois que l’on s’entretient avec Slowik, mais on a perçu un homme plus ouvert et modeste.

 

« Je veux absolument rester, j’adore ce métier, c’est ma passion. Avant tout, je suis bien reconnaissant qu’il m’ait donné la chance de me retrouver avec cette organisation », a confié Slowik.

 

Bob SlowikCette expérience se démarque des autres parce qu’elle se produit dans la LCF, un univers méconnu pour Slowik, mais il ne sonne pas trop déboussolé.

 

« Quand tu as été dans ce milieu depuis près de 40 ans, ce n’est pas comme si je n’avais jamais vu ça auparavant. Ça demeure difficile quand ça se produit surtout qu’il m’a confié cette chance », a cerné celui qui a œuvré avec les Cowboys, les Bears, les Browns, les Packers, les Broncos et les Redskins.

 

Sherman détenait également un C.V. très étoffé si bien que la question demeure de découvrir si Slowik pourra s’adapter contrairement à son ami. Pour le moment, il considère que ce n’est pas trop difficile.

 

« Non même si j’hésite à employer ce mot parce qu’on n’a pas encore joué un match. Je dis non, mais je dirai oui si rien ne fonctionne. J’ai passé une grande partie de ma saison morte à m’enfermer dans mon petit bureau pour étudier le football canadien. C’est un jeu fascinant à mes yeux. Le plus gros ajustement serait le mouvement des receveurs », a justifié Slowik qui a obtenu un vote de confiance de Jones.

 

« Oui, je suis très à l’aise qu’il reste, j’ai une grande confiance en lui. Ce que j’aime de sa part, c’est qu’il a un immense respect pour la LCF. Il n’essaie pas uniquement de faire entrer un carré dans un rond, il s’ajuste au football canadien. Ça ne veut pas dire que tout baignera dans l’huile, on rencontrera sans doute de l’adversité, mais je suis justement là pour aider. Il a la bonne approche et c’est le plus important », a conclu Jones avec une réponse donnant le goût de lire entre les lignes.