MONTRÉAL – Lorsque l’année 2021 s’est terminée sur une note décevante pour les Alouettes, ça sonnait extrêmement logique qu’Anthony Calvillo revienne dans le nid de la formation montréalaise. Mais de l’autre, il semblait y avoir un décalage entre sa personnalité et celles de Vernon Adams fils et Khari Jones. 

Cet élément n’a pas empêché Jones, l’entraîneur-chef, de se laisser convaincre par l’idée de miser sur l’expertise de cet ancien quart-arrière étoile. Après la défaite en demi-finale de l'Est, le premier contact a été effectué par le directeur général Danny Maciocia qui avait accueilli Calvillo au sein du personnel des entraîneurs des Carabins de l’Université de Montréal. 

Par la suite, Jones et Calvillo ont pu apprendre à mieux se connaître et il a été retenu pour encadrer les quarts de l’organisation après son entrevue. Ainsi, Jones, qui est également coordonnateur offensif, se libère de ce troisième chapeau. 

« On avait eu quelques conversations au fil des années sans toutefois avoir la chance de discuter de football en détails. Mais on a plusieurs amis en commun comme Mark Washington et j’ai toujours eu un grand respect envers lui et maintenant pour ce qu’il a bâti avec les Alouettes », a commenté Calvillo, jeudi après-midi, avec quelques parties de réponses en français témoignant de ses progrès. 

Ça peut paraître étrange en raison de ses exploits sur le terrain, mais c’est en faisant un pas de recul que Calvillo a pu obtenir ce nouveau départ dans la Ligue canadienne de football. 

Pour ceux qui l’ont oublié, de 2015 à 2017, Calvillo a travaillé comme entraîneur des receveurs, entraîneur des quarts et coordonnateur offensif avec les Alouettes à travers des saisons pénibles pour le club. Il est le premier à admettre que cette transition n’a pas été un succès pour lui et ce ne fut pas plus facile en 2018, chez les Argonauts de Toronto, avec Marc Trestman. 

« Après quatre années comme entraîneur, j’ai dû me questionner sur comment mon message passait auprès des joueurs. J’ai été chanceux que Danny et Manon (Simard) croient que je pouvais contribuer avec les Carabins. Être dans cet environnement m’a permis de faire des ajustements et je crois que ç’a paru dans mes discussions et mon entrevue avec Khari. Ça prend seulement une personne pour croire en toi. Khari le fait actuellement et j’en suis très reconnaissant. Je vais tout faire pour aider », a mentionné Calvillo en démontrant toute son humilité dans un rôle d’entraîneur. 

« Quand je repense à ma première expérience comme entraîneur avec les Alouettes, Bob Wetenhall et Jim Popp étaient encore là, ils avaient une grande confiance en moi. Je pensais vraiment que j’étais prêt à relever ce défi. Mais j’ai réalisé que je ne connaissais pas plusieurs petits détails au niveau de l’attaque au sol et de la protection. Je les remercie pour cette chance et je ne le regrette pas puisque j’ai beaucoup appris. Je reviens dans un poste dans lequel je suis très à l’aise et avec sept années d’expérience. Je sens réellement que c’est une bonne occasion pour moi alors que l’organisation se dirige dans la bonne direction et je veux en faire partie », a-t-il ajouté. 

Voir le jeu avec les yeux d’Adams fils

Calvillo avait éprouvé des ennuis à sa première tentative comme entraîneur dans la LCF car il ne parvenait pas à s’adapter aux connaissances moins affûtées de ses joueurs. Pour un athlète aussi perfectionniste que lui, c’était difficile d’abaisser ses attentes. 

En travaillant au niveau universitaire, Calvillo n’a pas eu le choix d’ajuster le tir. Il retient d’ailleurs que Jacques Chapdelaine répétait souvent qu’on doit voir le jeu avec les yeux de notre quart-arrière.  

« Les meilleurs entraîneurs sont ceux qui peuvent voir le jeu de cette façon en trouvant où chaque joueur est rendu dans son évolution », a noté Calvillo. 

À ses yeux, il revient chez les Alouettes en ayant avant tout raffiné ses qualités d’enseignant. Adams fils représente donc un défi plus qu’intéressant pour son approche plus patiente. Les deux hommes ont déjà travaillé ensemble en 2015 et 2016 alors qu’Adams campait un rôle de soutien. 

Il faudra voir comment la chimie se développera autant au niveau du style que de la personnalité. Tandis que Calvillo était le maître dans sa pochette protectrice, Adams doit y progresser. Alors que Calvillo était cérébral comme nul autre, Adams fils traverse des montagnes russes émotives.

« Chaque relation que tu veux bâtir doit être authentique et je l’ai toujours fait, je suis fidèle à celui qu’on voit. Je crois véritablement que je suis devenu meilleur pour écouter. Lorsque les athlètes parlent d’où ils sont rendus, ce qu’ils veulent améliorer et ce qu’ils voient, je dois vraiment absorber ça et ensuite répondre à leurs besoins de la manière adéquate. Je suis convaincu qu’il a grandi depuis notre premier contact et c’est la même chose pour moi. J’ai hâte de l’aider », a exprimé Calvillo. 

Prudent, l’ancien numéro 13 n’a pas voulu dévoiler ses priorités avec son élève. Calvillo souhaite d’abord en discuter avec les autres entraîneurs et le principal intéressé. Il a précisé que ça ne le dérangeait plus du tout que les athlètes d’aujourd’hui fassent les choses autrement qu’il pouvait le faire.

Impossible de ne pas aborder l’aspect inévitable liée à cette nomination : deviendra-t-il le prochain entraîneur-chef des Alouettes? 

« Cette question revient sans cesse depuis que j’ai commencé comme entraîneur dans le sens que je devrais y aboutir simplement par rapport à ce que j’ai accompli sur le terrain. Mais on a la preuve que chacun doit faire son apprentissage. J’obtiens une occasion grâce à Khari et, tout ce que je vais faire, c’est prodiguer mes connaissances pour aider le club. Je ne suis aucunement pressé, j’en suis à mes premières années et j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. Pour avoir un avenir dans ce métier, je dois bien me débrouiller cette année », a répondu Calvillo. 

Au cours des derniers mois, Calvillo a obtenu sa citoyenneté canadienne et ce processus lui a permis de comprendre davantage l’importance de la langue française au Québec. Il a l’intention d’en poursuivre l’apprentissage surtout qu’il ne veut plus s’éloigner, pour le travail, de sa femme et ses filles qui considèrent Montréal comme leur maison.