MONTRÉAL – Les partisans des Alouettes devront encore patienter avant de juger de l’approche, mais le directeur général Danny Maciocia a tout mis en œuvre pour ramener la fierté québécoise de jouer pour l’organisation montréalaise. Après ses acquisitions sur le marché de l’autonomie, il a respecté ses paroles lors du repêchage.

Jeudi soir, Maciocia et les Alouettes ont, virtuellement, sélectionné cinq joueurs issus du RSEQ (Réseau du sport étudiant du Québec). Il s’agit de Marc-Antoine DeQuoy (2e ronde), Benoit Marion (3e ronde), Brian Harelimana (4e ronde), Jersey Henry (6e ronde) et Vincent Alessandrini (7e ronde). Les trois premiers ont évolué sous les ordres de Maciocia avec les Carabins de l'Université de Montréal tandis que les deux suivants proviennent des Stingers de Concordia.

« Danny est le coach qui me connaît le mieux »

Cet afflux de « produits locaux » s’ajoute à la mise sous contrat des joueurs autonomes David Ménard, Alexandre Gagné, Junior Luke, Frédéric Chagnon et Félix Ménard-Brière. Pour le nouveau DG des Oiseaux, c’était tout simplement logique d’agir ainsi, ça allait plus loin que d’apposer une empreinte québécoise à son premier repêchage avec le club.

« Mais ça n’a rien à voir avec le fait d’être Québécois. Pour moi, je n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé dans mon expérience des neuf dernières années alors que la plupart des meilleurs programmes sont situés au Québec. Je ne peux pas dire qu’on frappera des circuits chaque année avec ça, mais de voir des joueurs des joueurs comme Sean Thomas Erlington (Hamilton) et Kerfalla (Exumé à Winnipeg) qui sont repêchés en huitième ronde et qui deviennent des joueurs d’impact dans leur équipe respective, mais ils s’en vont ailleurs. Il faut changer cette mentalité. Il faut les garder ici. Je sais que ce sont des joueurs qui veulent demeurer au Québec. C’est très important pour eux de jouer dans leur ville natale et ils vont le faire avec une certaine fierté », a témoigné Maciocia avec conviction.

« C’est important de garder nos effectifs à la maison. C’était le but de l’organisation, ce n’est pas juste moi. Tout le monde est d’accord qu’on doit leur donner une occasion ici. En le faisant, on va ramener cette fierté qui, d’après moi, manque depuis quelques années », a poursuivi le dirigeant.

À ses yeux, le problème se situait vraiment chez les Alouettes qui laissaient, par le passé, filer plusieurs athlètes talentueux du Québec.

« Dans les dernières années, plusieurs équipes repêchaient au Québec. L’avantage qu’on avait cette année, et c’est malheureux de le dire, mais c’est la COVID-19 qui a annulé ce camp d’évaluation à Toronto. Ça nous a aidés énormément », a admis Maciocia qui a pu récolter toutes les informations désirées dans les dernières années avec Byron Archambault contrairement à d’autres organisations de la LCF.

Le joueur de ligne offensive Kettel Assé aurait également pu constituer une prise intéressante pour les Alouettes qui avaient déterminé qu’il serait disponible tardivement. Toutefois, le Rouge et Noir d’Ottawa l’a sélectionné au début de la huitième ronde alors que Montréal détenait deux choix par la suite.

DeQuoy et O'Donnell, des risques justifiés?

L’autre aspect qui saute aux yeux dans le portrait du repêchage des Alouettes, c’est le risque couru avec deux des dix sélections. Les circonstances auront voulu que DeQuoy et Carter O’Donnell, qui tenteront chacun leur chance du côté de la NFL respectivement avec les Packers et les Colts, soient encore disponibles quand ce fut au tour des Alouettes de s’exprimer.

Dans le cas de DeQuoy, c’était pour la première sélection de l’équipe au 14e rang. L’ayant recruté et dirigé, Maciocia pouvait bien jauger le risque. Parmi les éléments déterminants, les Packers ont accordé des contrats à 12 autres joueurs après le repêchage dont deux demis de coin et un maraudeur.

« Il était de loin le meilleur joueur disponible en deuxième ronde. On a eu plusieurs discussions avec les Packers. Ce qu’on a bien compris, c’est qu’il s’en ira au camp et qu’ils vont lui donner une occasion pour se tailler un poste sur l’équipe de 53 joueurs ou le club de réserve. Mais ils ne lui donnent pas de garantie. On sait qu’ils ne peuvent pas se permettre de garder tous ces joueurs. Alors, c’est la raison pour laquelle on l’a choisi », a justifié Maciocia.

« Je lui souhaite qu’il puisse réaliser son rêve et jouer dans la NFL. Mais, si jamais ça n’arrive pas, il m’a fait comprendre qu’il voulait vraiment jouer à Montréal et rester dans sa ville natale. Il n’y a pas un plus gros fan de Marc-Antoine à Montréal que moi. On est prêts à attendre même si on parle de plus d’une année », a poursuivi Maciocia en parlant d’un pari bien calculé.

En ce qui concerne O’Donnell, son potentiel semble encore plus prometteur pour la NFL, mais l’occasion semblait trop belle en troisième ronde.

« Il n’y avait aucune chance qu’on ne le prenne pas en troisième ronde. S’il était disponible à ce rang, on devait le prendre. Je connais très bien son entraîneur Chris Morris, il a joué pour moi à Edmonton. J’ai obtenu toutes les informations dont on avait besoin. Il a énormément de potentiel et il pourrait s’implanter dans la NFL. Mais son entraîneur m’a expliqué que s’il revient dans la LCF, il sera un partant pour nous dès la première journée », a indiqué le directeur général à propos du joueur qui pourrait évoluer comme bloqueur ou garde dans la LCF.

Quelques espoirs devraient donc pouvoir contribuer plus rapidement que DeQuoy et O’Donnell. Maciocia se frottait particulièrement les mains pour les sélections de Cameron Lawson (ligne défensive en 2e ronde) et Andrew Becker (ligne offensive en 6e ronde).

« On adore Lawson, on pense qu’il était le meilleur plaqueur défensif de cette cuvée. On travaille sur notre ligne défensive par rapport au ratio. On a ajouté David Ménard, Junior Luke et maintenant Cameron. Ça nous procure non seulement du talent, mais aussi de la profondeur. Le gars pour lequel on est vraiment excités, c’est Andrew Becker, il aurait été un choix de première ronde s’il n’avait pas été victime de deux commotions cérébrales la saison dernière », a confié Maciocia, alors que les Alouettes ont procédé à des vérifications médicales.

Au final, les Alouettes ont repêché trois joueurs de ligne défensive, deux joueurs de ligne offensive, deux secondeurs, un demi défensif, un porteur de ballon et un demi-inséré. L’organisation tenait à renflouer la profondeur à plusieurs positions et elle n’attend maintenant que le feu vert pour renouer avec l’action.

Précisons que plusieurs de ces joueurs pourraient retourner avec leur équipe universitaire en 2020. Becker détient deux autres années d’admissibilité comparativement à une pour Lawson, Marion, Harelimana, Alessandrini et Colton Klassen. Au sujet de Klassen, son entraîneur universitaire est Scott Flory, l’ancien joueur de ligne offensive étoile des Alouettes, et il a texté Maciocia pour lui dire qu’il venait d’effectuer le « vol du repêchage » en le choisissant au 69e rang sur les 73 sélections.