MONTRÉAL – Malgré sa carrière légendaire et sa feuille de route exceptionnelle, Anthony Calvillo devra gravir les échelons dans son nouveau rôle d’entraîneur sous la férule d’un coordonnateur offensif avec une solide poigne.

La nomination avait de quoi surprendre jeudi alors que les Alouettes ont dévoilé que l’ancien quart-arrière occupera la fonction d’entraîneur des receveurs. Bien sûr, l’équation facile l’aurait mené aux commandes des quarts, mais son patron immédiat désirait retenir cette responsabilité.

« Il y aura une voix et je vais diriger les quarts. Pour moi, c’est important que le coordonnateur offensif s’occupe d’eux. Je veux qu’ils sachent ce que je pense et pourquoi je le pense. On doit être sur la même page », a expliqué Turk Schonert avec clarté.

L’ancien quart de la NFL, qui a aussi été entraîneur des quarts avec six organisations du circuit américain, considère que c’est la meilleure approche pour le développement de ses protégés dont le partant, Jonathan Crompton.

« Si j’étais dans une autre salle à participer à une réunion d’une autre position, ils ne pourraient pas savoir ce que je pense sur certains éléments », a ajouté celui qui a appartenu aux Bears de Chicago, aux Bengals de Cincinnati et aux Falcons d’Atlanta.

Tout de même, on peut s’imaginer que Calvillo s’établira comme une précieuse ressource pour le développement de Crompton. Définitivement direct dans ses réponses, Schonert a démontré la conviction de son caractère avec cette déclaration.

« Anthony pourra aider en s’assurant que les receveurs accomplissent bien leur mission. Il dirigera les receveurs et non les quarts », a lancé Schonert sans laisser planer d’ambiguïté.

C’est à la troisième occasion que Schonert a finalement ouvert une porte à Calvillo afin qu’il puisse partager ses connaissances inestimables de la LCF.

« Bien sûr, AC pourra donner des conseils à Crompton. Je veux l’aide des autres entraîneurs parce que j’ai ma vision de ce que j’ai fait dans la NFL et certaines pourraient ne pas fonctionner ici. Mes concepts exigeront parfois de petites modifications et AC peut être d’une très grande aide dans ce sens », a confié l’entraîneur de 58 ans qui jouait un peu ce rôle la saison dernière quand il agissait lui-même comme entraîneur des receveurs.

Schonert trouve que cet organigramme fait du sens puisque ça permettra à Calvillo de demeurer en contact avec les quarts des Alouettes qui ont l’intention de lui poser une multitude de questions.

Quant au principal intéressé, il a assuré qu’il comprenait la réflexion menant à cette décision.

« Ce n’est pas vraiment une surprise. C’est normal que le coordonnateur retienne cette fonction. Ils sont liés ensemble et ils veulent éviter les problèmes de communication et je comprends ça », a déclaré Calvillo qui a vu son numéro être retiré la saison dernière.

« J'ai hâte de m'attaquer à ce défi »

Tom Higgins, qui se trouve aux commandes de ce contingent d’entraîneurs, a vécu une panoplie d’expériences différentes dans sa carrière. Ce curriculum vitae fort garni l’incite à préciser la valeur d’un tel passage.

« La croissance d’Anthony sera vraiment meilleure en sortant de sa zone de confort », a ciblé Higgins.

« En fait, il va apprendre des choses aux receveurs que peu d’entraîneurs des receveurs peuvent enseigner. Je suis persuadé qu’il deviendra l’un des meilleurs dans cette fonction et ça représente une plus belle opportunité de grandir », a enchaîné l’entraîneur au profil de professeur.

« C’est certainement utile de commencer avec un poste moins familier. Je suis persuadé qu’il sera très détaillé et précis dans ses requêtes aux receveurs et ça va rehausser le calibre de notre groupe de receveurs », a jugé le centre Luc Brodeur-Jourdain qui le voit devenir coordonnateur offensif ou entraîneur-chef par la suite.

Dévoué à se développer comme un entraîneur de premier plan, Calvillo a évidemment accepté ce défi avec enthousiasme et avec une perception intéressante de la situation.

« Je suis excité de pouvoir partager mes connaissances aux receveurs. Nous avons un groupe très solide à cette position, mais je pense que je pourrai les aider à ouvrir un peu plus leur esprit en ajoutant ma vision de quart-arrière. Je crois que ça aidera leur jeu », a humblement suggéré Calvillo qui travaille à se familiariser avec le cahier de jeux élaboré par Schonert et ses collègues.

Les receveurs ont tout intérêt à se préparer

C’est bien connu, à son époque de joueur, Calvillo arrivait au bureau aux aurores pour quitter le dernier. Véritable amant de la préparation, le nouvel entraîneur ne risque pas de changer son approche.

« J’étais quelqu’un de préparé, ça va continuer ainsi. Je veux les défier chaque semaine et surtout sur le terrain d’entraînement », a confirmé AC qui témoignait de sa pause bénéfique d’une année loin des terrains.

Turk SchonertSans tarder, Calvillo risque de maîtriser sur le bout des doigts les particularités du rôle de receveur. Une fois qu’il aura assimilé le nécessaire, il devra s’habituer à une relation différente avec ses anciens coéquipiers.

« Bien sûr, ça fait partie du défi. J’ai joué et combattu avec eux tandis que je vais maintenant les coacher. Mais, pour être honnête, je le faisais déjà quand j’étais leur quart-arrière. Il y aura une séparation sauf que le respect sera réciproque », a avoué le père de famille.

« Je l’appelais déjà coach à l’occasion pour le taquiner », a lancé S.J. Green en lien avec le contrôle exercé par Calvillo.

Tout comme Green, Brodeur-Jourdain ne s’attend pas à un changement radical.

« On a vécu un peu la même chose avec Anwar Stewart l’an dernier et j’ai gardé une relation amicale avec lui. À mes yeux, ce sont des leaders qui ont influencé ma carrière. Je leur parle comme des amis, mais on les écoute quand ils donnent une instruction. On sait aussi quand le c’est le temps de s’amuser ou d’être plus sérieux », a soupesé Brodeur-Jourdain.

Ultimement, les Alouettes souhaitent inscrire plus de points et ce, peu importe la façon dont les entraîneurs vont bâtir leur méthode de travail. Confiant comme il l’est, Schonert est persuadé d’améliorer l’avant-dernier rang occupé par les Oiseaux à ce chapitre en 2014.

« Il faut mieux faire et surtout marquer plus de touchés dont quand nous sommes dans la zone payante », a reconnu Schonert (photo).