MONTRÉAL – Le jeu truqué bousillé par les Alouettes, jeudi dernier, dans le revers en prolongation contre les Blue Bombers de Winnipeg, a coûté cher à la formation montréalaise et le secondeur Nicolas Boulay en a assumé le blâme malgré ses bonnes intentions.

Avant la demie, les Alouettes avaient été en mesure de combler un retard de 10-0 et ils entamaient donc le troisième quart avec confiance. Cependant, dès leur première séquence offensive, les Oiseaux ont été freinés à leur ligne de 51 et se retrouvaient en situation de troisième essai et trois verges à franchir.

Le botteur Boris Bede a donc été envoyé sur le terrain pour procéder à un dégagement afin de repousser les Bombers profondément dans leur territoire. Du moins, c’est ce que les entraîneurs croyaient voir.

De sa propre initiative, Boulay a plutôt sélectionné un jeu truqué sans que la commande ne vienne des lignes de côté. Le Québécois a donc reçu la remise directement quand il était positionné cinq verges derrière la ligne de mêlée. Il a donc entamé sa course à la ligne de 46 des siens si bien qu'il devait parcourir huit verges pour gagner le premier jeu.

Malheureusement pour les Alouettes, les Bombers ont réagi sans tarder et il a été facilement stoppé à trois verges de son objectif.

Après la rencontre, l’entraîneur Jacques Chapdelaine avait avoué que la sélection de ce jeu avait été effectuée par un joueur et non par lui ou ses adjoints.

« Je n’étais pas heureux que ça arrive. Parce que, dans ma tête, à ce moment de la partie, on avait l’occasion de reprendre le contrôle du positionnement sur le terrain et de se retrouver dans une bonne position. En plus, le tout a mené à un jeu déplorable et ça s’est poursuivi après en défense », a expliqué plus en détails Chapdelaine, lundi.

Boulay voulait bien sûr aider la cause de sa troupe.

« Je prends entièrement le blâme. J’avais compris que c’était une lecture que je devais faire et que si je la voyais, je devais demander le jeu. Je pense qu’on était dans un contexte favorable pour le positionnement de terrain et la situation », a confié Boulay à propos de ce jeu qui avait été pratiqué pendant plusieurs semaines.

« Ils ont cette liberté (de choisir un jeu truqué) si on leur dit qu’ils l’ont. Quand on te donne le feu vert, tu peux l’annoncer. Ça n’avait pas été accordé. Si on reconnaît certains paramètres, peut-être qu’on va le sélectionner. Le jeune homme a possiblement cru qu’il avait obtenu ces paramètres, mais il a sauté une étape », a précisé Chapdelaine.

Ce qui est d’autant plus dommage, c’est que le jeu aurait pu fonctionner n’eut été d’un deuxième manque de communication. En effet, peu de joueurs sur le terrain ont saisi le signal lancé par Boulay. Par conséquent, ses coéquipiers n’ont pas procédé aux blocs dessinés pour ce jeu ce qui explique le piètre résultat.

L'heure est au bilan de mi-saison

« Seulement trois joueurs le savaient, la communication n’a pas été faite entièrement. C’est pour ça qu’on appelle le jeu des lignes de côté, c’est pour que la communication doit être bonne », a révélé Chapdelaine.

Boulay reconnaît que sa décision était risquée. Elle l’était notamment parce que les changements sont nombreux quant aux ressources employées sur les unités spéciales depuis le début de l’année.

« C’est un jeu de nombre, on avait plus de joueurs qu’eux au point d’attaque. C’est comme ça que ça fonctionne en attaque. Oui, c’était audacieux. Si tu l’as, tu es un héros, mais tu deviens un zéro si tu le rates », a admis le vétéran de cinq saisons dans la LCF.

D’ailleurs, cette course aurait appartenu à Jean-Christophe Beaulieu s’il n’avait pas été blessé.

« Oui, c’est lui qui aurait porté le ballon et j’aurais bloqué pour lui. Mais j’ai été porteur de ballon plus tôt dans ma carrière. On l’a pratiqué toute la semaine et on était confiant avec le jeu. L’entraîneur (des unités spéciales, Bruce Read) n’a jamais douté durant la semaine que je puisse exécuter le jeu. Même que c’était probablement un touché si ça marchait, on aurait été en un contre un avec le retourneur avec beaucoup d’espace », a soutenu Boulay.

La mission devenait plus périlleuse contre les hommes de Mike O’Shea, un entraîneur qui accorde une grande attention au travail des unités spéciales.

« Peu importe l’adversaire, quand on commet des erreurs, nos adversaires vont sauter dessus. En dépit des deux revirements et de ce jeu truqué, on a quand même été en mesure de remonter dans le match et de se rendre en temps supplémentaire contre l’une des équipes de l’heure de la LCF. Ça devrait nous donner de la confiance, mais on doit être plus prudent dans nos actions », a répondu l’entraîneur.

Les Blue Bombers ont profité de ce malentendu pour s’emparer d’une avance de 17-10 en inscrivant un touché seulement trois jeux plus tard.

« Est-ce que ce jeu a coûté le match? Je pense qu’il n’y a jamais un jeu qui détermine le résultat, mais c’est certain que le positionnement n’était pas idéal après », a reconnu le numéro 52.

Boulay, qui est surtout limité à une contribution sur les unités spéciales jusqu’ici en 2017, ne peut pas se laisser hanter par cette mésaventure. Les entraîneurs ont tout de même décidé de modifier son rôle sur la formation des bottés de dégagement.

« Pour cette semaine, on m’a déplacé sur la ligne. Mais on est des joueurs professionnels, je ne dois pas laisser ça m’affecter. Oui, c’était un mauvais call, mais il ne fallait pas que ça influence le reste de ma performance », a-t-il insisté.

Il semblerait qu’une discussion ait permis de clore le dossier.

« On a mis ça de côté, on a réglé ça en parlant entre joueurs et entraîneurs. C’est derrière moi et on va aller battre Ottawa chez nous cette semaine », a conclu l’athlète de 28 ans.