MONTRÉAL – Inutile d’être doué en calcul mental pour savoir que les Alouettes ont été déclassés depuis les congédiements de l’entraîneur-chef, Jacques Chapdelaine, et du coordonnateur défensif, Noel Thorpe. Tout de même, l’addition frappe. On parle d’une domination de 121 à 41 en trois parties.

Les adversaires des Oiseaux ont donc eu le dessus par 80 points pour un écart moyen de 26,66 points par match!

Avec de telles statistiques, les partisans peuvent bien se demander si les sacrifices de Chapdelaine et Thorpe valaient la peine.  

André Bolduc, l’entraîneur des porteurs de ballon, reconnaît que cet autre changement aux commandes des Alouettes ne facilite guère la vie à personne.

« Pour une quatrième année de suite, je trouve qu’on n’a pas beaucoup avancé. On a parlé de la recherche de stabilité et de leadership plus d’une fois pour corriger les choses. Il y a eu des changements dans ce sens cet hiver, mais c’est arrivé une autre fois. Je trouve que c’est faire un pas de côté », a admis Bolduc avec réalisme.

L’entraîneur québécois souhaite que ce jeu de chaise musicale se termine.

« Il faudra de nouveau évaluer la situation et prendre des décisions solides pour les prochaines années. S’il y en a ici qui ne font pas partie de la solution, il faut passer à autre chose », a-t-il ajouté sans détour.

Bolduc a émis ce souhait avant tout pour le bien de l’avenir de l’organisation. Cependant, il admet que ça faciliterait aussi sa vie et celle des autres adjoints qui écopent sans que ça produise des bénéfices.

« Quand des changements surviennent, notre tâche augmente, ça rend ça difficile. On travaille encore plus fort, mais on a l’impression qu’on fait ça pour rien parce qu’on n’a pas les résultats désirés », a reconnu Bolduc avec une conclusion honnête.

C’est sans doute le plus fâchant pour les partisans. Malgré le renvoi de Chapdelaine, ça ne clique pas plus sur le terrain.

« Dans le monde du football, ce n’est pas aussi représentatif qu’au hockey par exemple ou dans d’autres sports. C’est très difficile de remplacer un entraîneur-chef qui était aussi ton coordonnateur offensif. On se retrouve avec un entraîneur qui utilise des idéologies qui ne sont pas les siennes. C’est plus difficile pour Anthony Calvillo d’y aller de ses propres idées à ce moment de la saison. En défense, on a changé complètement notre front défensif et notre façon d’attaquer nos adversaires. Bref, on ne travaille pas ces stratégies depuis longtemps. Ce n’était pas évident d’arriver contre une équipe rodée depuis plusieurs années comme Calgary et tenter de les déstabiliser », a élaboré Luc Brodeur-Jourdain.

Cette explication du vétéran fait croire que Reed a sacrifié ceux avec lesquels ils ne s’entendaient pas. Mais, pour conserver son poste à la fin de la saison, il devra convaincre les propriétaires qu’il peut relancer le club. Les quatre derniers matchs pourraient l’aider ou le couler.

« C’est niaiseux, mais j’y crois encore », a déclaré Jean-Christophe Beaulieu en parlant d’un accès aux éliminatoires.

« Je t’avoue que je me concentre seulement sur ma contribution, mon 1/12 (pour le nombre de joueurs en attaque) de l’équation. J’essaie de répandre mon énergie et mon positivisme en y allant une semaine à la fois. Si tout le monde fait sa part, on peut encore faire de quoi de bon. »

Tout comme Beaulieu, Brodeur-Jourdain ne considère pas que ses partenaires ont baissé les bras.

Des propos réalistes d'André Bolduc

« Non, je ne pense pas. Avant tout, c’est un sport qu’on aime. J’ai commencé à jouer au CÉGEP avec un dossier de 2-28 dont 0-10 à ma dernière saison. Je n’ai pas eu que des succès dans ma carrière, mais je n’ai jamais embarqué sur le terrain en me disant qu’une partie ne valait pas la peine d’essayer. Il faut continuer d’y croire », a mentionné le centre qui a accumulé les victoires avec le Rouge et Or et à ses premières années à Montréal.

Logiquement, Reed a voulu abonder dans ce sens devant les médias. Il a servi un exemple pour démontrer que ses protégés pensent encore au but commun au lieu d’afficher des préoccupations égoïstes.

« J’ai vu une chose des plus plaisantes mercredi. Je suis entré dans la salle de réunion et, pour la première fois de l’année, tous les membres de l’attaque étaient présents à regarder des vidéos par rapport à notre plan de match. Pendant deux heures, on pouvait les entendre discuter de la situation. Il n’y a pas de joueurs qui ne pensent qu’à protéger leur emploi », a essayé de rassurer Reed.

Même s’il a été déçu par certaines séquences de sa troupe à Calgary, il a choisi de retenir une image évocatrice.

« Je suis encouragé par un extrait que j’ai montré aux joueurs. On questionne l’ADN de cette équipe, mais on perdait par plus de 40 points sur notre dernière séquence sauf que ça n’a pas empêché la ligne offensive et Tyrell Sutton de batailler encore pour des verges supplémentaires. Je ne vois personne qui a jeté l’éponge là. Il y a un problème de frustration et de déception, c’est normal quand tu perds de cette façon », a relaté le DG et entraîneur-chef.

Optimiste comme il est, Beaulieu demeure persuadé que ses coéquipiers sont encore guidés par de bonnes intentions.

« C’est un sport d’équipe, je ne pense pas (que les gars jouent pour leur contrat). C’est plate si des gars le font, qu’ils ne veulent pas se blesser et qu’ils laissent tomber les autres. Je serais surpris que ça arrive ici, on a un bon cœur, une bonne équipe », a maintenu Beaulieu.

Ça demeure difficile d’avoir un portrait 100 % authentique de la situation dans ce contexte. On peut tout de même être certain d’une chose, le dernier droit de quatre parties constituera un test pour la fierté de ce groupe.

« On veut bien finir la saison. Est-ce qu’un élan pourrait nous donner des ailes pour la prochaine saison? On ne peut que le souhaiter », a conclu Brodeur-Jourdain qui est l’un de ceux à ne pas mériter une autre saison aussi décevante. ​