Anecdotes sur la carrière de Bryan Chiu qui fera son entrée au Temple de la renommée
MONTRÉAL – La fameuse palourde royale, un surnom de dindon masqué, de la hargne derrière un sourire angélique et du football : retour sur la superbe carrière de Bryan Chiu.
La LCF a annoncé que le Temple de la renommée du football canadien ouvrira ses portes, le 12 juin, à sept nouveaux membres dont Jeremaine Copeland et Chiu qui a été un pilier de la ligne offensive des Alouettes.
Un hommage fort mérité pour Chiu, qui de 1997 à 2009, a représenté un atout inestimable pour la formation montréalaise avec laquelle il a soulevé la coupe Grey à deux reprises (2002 et 2009).
Avant de se plonger dans le volet football, deux de ses anciens coéquipiers, Pierre Vercheval et Bruno Heppell, avaient des anecdotes savoureuses à raconter à son sujet.
Quand les Alouettes allaient jouer à Vancouver, le lieu d'origine de Chiu, il était automatiquement responsable de trouver l'endroit où la ligne offensive irait se remplir la panse.
« Une fois, on avait été à un restaurant asiatique et on avait mangé plein de trucs que je ne pensais jamais manger dans ma vie, c'était fantastique. Il ne manquait jamais son coup », s'est souvenu Vercheval.
« Pendant le repas, on avait finalement découvert la palourde royale, on n'avait jamais vu ça ! », a-t-il poursuivi en nous faisant éclater de rire en repensant à la vidéo virale de l'émission Des kiwis et des hommes.
Vercheval se souvient aussi d'un autre souper où les sushis étaient servis à volonté avec la formule d'un BBQ coréen.
« En entrant dans le restaurant, c'était toujours drôle de voir la face des clients, ils savaient ce qu'on s'en venait faire », a rigolé Vercheval alors que les joueurs de ligne offensive ne sortaient jamais perdants dans un tel concept.
Heppell, de son côté, même s'il ne jouait pas sur la ligne offensive, a développé une belle amitié avec Chiu. L'ancien centre-arrière n'a que du positif à dire sur Chiu, un valeureux soldat qui répondait toujours présent.
Il n'en veut pas à Chiu de lui avoir trouvé un surnom qui a perduré.
« Une année, je suis arrivé encore plus costaud au camp d'entraînement. J'étais à 245 livres et je jouais avec une visière Oakley. Les gars me taquinaient et Bryan avait lancé ‘le dindon masqué !'. C'est resté car Éric Lapointe et d'autres joueurs étaient présents. Le surnom m'a suivi et c'est devenu Dinder. Un gros merci à Bryan ... », a lancé Heppell en riant.
Une hargne essentielle derrière son sourire
Chiu a accroché ses crampons avant la saison 2010. Ses sept nominations sur l'équipe d'étoiles de la LCF ont démontré toute son importance.
Mais son influence déterminante passait également par son style de jeu.
« Avec Bryan, il ne fallait pas se laisser berner par son sourire angélique. Il amenait beaucoup de hargne à notre groupe, il avait ce petit côté tannant. Neal Fort pouvait s'imposer physiquement tandis que Bryan avait ce volet hargneux, il jouait jusqu'à la limite des règlements, comme en bloquant jusqu'à l'écho du sifflet », a insisté Vercheval.
Heppell abondait dans le même sens et il a poursuivi l'hommage en parlant de son intelligence. Par la nature de son poste de centre, il donnait les commandes à ses partenaires, mais ça ne s'arrêtait pas là.
« Il était tellement intelligent qu'il était capable d'apprendre les stratégies des défenses adverses. Il pouvait aider dans le caucus en donnant une idée de ce qui pourrait arriver », a souligné Heppell.
« Ayant des origines asiatiques, j'ai toujours été un peu différent. Je n'ai jamais été le plus gros, le plus fort ni le plus rapide. J'ai compris que pouvoir avoir une longue carrière dans la LCF, je devais être plus intelligent et étudier plus que les autres. Ça m'a procuré un petit avantage », a expliqué Chiu à propos de la recette de son succès.
En plus de sa hargne et son intelligence, Chiu s'est illustré grâce à sa mobilité.
« Il n'était pas le plus fort physiquement, mais parmi tous mes coéquipiers de ligne offensive, il a été l'un des plus agiles. Ça donne une grande latitude et ça facilite le travail de beaucoup de monde », a vanté l'ancien numéro 33.
En tant que garde, Vercheval était aussi très bien placé pour confirmer le tout.
« Je l'ai vu faire des blocs que je ne pensais pas qu'un centre pouvait faire. Il a permis aux Alouettes de faire des choses qu'on ne voyait pas souvent », a-t-il exposé.
Ironiquement, sans une blessure subie par Mike Sutherland, Chiu n'aurait probablement pas connu cette magnifique carrière. Auparavant, Chiu jouait comme garde et il n'affichait pas la constance recherchée.
S'il a défoncé cette porte qui s'est entrouverte, il n'a pas eu à pousser la porte du Temple de la renommée.
« Dès qu'il a été déplacé au centre, il est vraiment devenu, selon moi, le meilleur centre de la LCF », a jugé Heppell.
Sans être maniaque de l'entraînement en gymnase, Chiu a affiché une longévité épatante. Après ses 13 saisons dans l'uniforme des Alouettes, Chiu s'est rapidement lancé dans le métier d'entraîneur pour transmettre son savoir et sa joie de vivre.