MONTRÉAL – Spécialiste des longues remises, Pierre-Luc Caron semble en voie de devenir spécialiste des accouchements en tant que répartiteur au 911. « On dirait que j’ai un aimant pour les bébés », s’amuse-t-il à dire à propos de cet emploi déniché durant la pandémie pour redonner à la société. 

« Je suis ‘chanceux’ entre guillemets. Certains collègues font ce métier depuis 15 ans et ils ont assisté des parents pour un seul accouchement alors que ça m’est arrivé deux fois en moins d’un an », a poursuivi Caron. 

À sa première expérience du genre, le père pouvait déjà voir la tête du bébé lorsque le contact téléphonique a été établi avec lui. 

« C’était un peu stressant parce que, parfois, le bébé ne pleure pas tout de suite ou il ne respire pas immédiatement. Donc j’ai été nerveux pendant quelques instants. Je me demandais si je m’apprêtais à expliquer la respiration cardiaque sur un bébé de même pas une minute... », s’est rappelé Caron à propos de cet appel de nuit plutôt marquant. 

Si la dose de stress atteint de hauts niveaux pour un accouchement, voilà un rare contexte d’appels au 911 qui se termine par des remerciements. 

Caron a choisi de se spécialiser pour les appels classés du côté médical qui nécessitent l’arrivée d’une ambulance. Ça varie autant d’un accouchement à un accident de voiture ou une personne qui se coupe les doigts avec une scie et bien plus... 

« Ma mère travaille dans le milieu médical et aussi j’ai mon baccalauréat en kinésiologie donc je connais assez bien le corps humain sans avoir une formation médicale approfondie. J’aimais mieux travailler avec les ambulances et ne pas avoir à gérer, par exemple, des chicanes entre voisins », a-t-il expliqué. 

Caron et ses collègues s’occupent du territoire de Lanaudière et des Laurentides. Ils reçoivent autour de 400 appels par jour. 

« Mais, ces temps-ci, ça dépend de la température. La semaine dernière en raison du verglas et des tempêtes de neige, on a vraiment eu une journée record avec les accidents de voiture », a noté l’athlète de 28 ans qui disputera sa sixième saison dans la LCF en 2022. 

La pandémie a également provoqué une multitude d’appels frappants. 

« Ça me marquait de parler à des personnes de mon âge qui étaient positives à la COVID-19 et qui avaient clairement de la difficulté à respirer au téléphone ou terminer une phrase. Mais ce qui me stresse le plus, ce sont les appels qui impliquent des enfants. Comme de jeunes parents qui voient leur bébé s’étouffer quand ça ne fait pas longtemps qu’il a commencé à manger ou bien des accidents de voiture alors que tu ignores si l’enfant respire encore », a précisé Caron qui peut s’imaginer le désarroi des parents même s’il n’a pas d’enfant pour le moment. 

Caron prévoyait donner un coup de main dans ce domaine à court terme, mais il a repris ce poste après avoir arrêté pendant la saison 2021. L’influence positive de ce travail y joue un grand rôle. 

« C’est vraiment gratifiant, c’est un peu pour ça que je l’ai fait. Je n’avais pas nécessairement les qualifications pour devenir infirmier. Le peu de fois qu’on se fait dire merci, ça vient vraiment nous chercher. Même sans ça, quand tu finis ton quart de travail, tu as l’impression que tu as fait du bien », a convenu le sympathique athlète qui a joué pendant quatre ans avec les Stampeders de Calgary avant de signer avec Montréal. 

Prêt à voir les bénéfices sous Reinebold

En 2021, dans l'uniforme montréalais, Caron a subi la première blessure sévère de sa carrière. Il s’est déchiré un muscle pectoral le 11 octobre, contre le Rouge et Noir d’Ottawa, si bien qu’il a raté les sept dernières parties des Alouettes. 

« Je ne battrai peut-être pas mes records au bench press dans les prochaines semaines, a-t-il lancé en riant, mais je suis vraiment rétabli à 100%, je pourrais jouer un match sans problème demain matin. Je n’ai aucune limitation pour mes remises, je suis très heureux de comment l’opération s’est déroulée », a noté l’ancien de l’Université Laval. 

Malgré son diplôme en kinésiologie, il a préféré s’en remettre entièrement à l’équipe médicale des Alouettes (particulièrement Pierre-Olivier Breault et Tristan Castonguay) pour sa remise en forme. 

Caron aura justement besoin d’être en grande forme puisque les Alouettes misent sur un nouveau coordonnateur des unités spéciales, Jeff Reinebold. 

« Je sais c’est une personne intense, il va exiger le meilleur de moi-même, a reconnu Caron sans même qu’on évoque le tout. Je l’avais côtoyé un peu quand il était venu au camp de printemps du Rouge et Or en 2014 ou 2015. J’ai vraiment hâte de travailler avec lui et on a aussi un bon noyau de joueurs qui revient, c’est excitant. »

Concrètement, en tant que spécialiste des remises, Caron n’aura pas à changer drastiquement son travail. Cela dit, il est intrigué de découvrir les conseils de Reinebold pour garnir son bagage de connaissances. 

En tant que vétéran, Caron devrait retrouver ses repères aisément. Le botteur de précision David Côté a excellé à sa saison recrue et le botteur Joseph Zema s’est très bien intégré à la LCF. D’ailleurs, Zema a remplacé le teneur, le quart réserviste Matthew Shiltz, quand celui-ci s’est blessé. Le départ de Shiltz avec les Tiger-Cats de Hamilton devrait redonner ce mandat à Zema.  

Le véritable impact devrait plutôt survenir via Mario Alford. En santé, Alford pourrait créer des flammèches sur les retours grâce aux stratégies de Reinebold. 

« On s’est côtoyés beaucoup l’année passée quand on était blessés. Mario peut réussir un touché chaque fois qu’il attrape le ballon. Ça devrait produire un très bon duo », a conclu Caron.