Pour un deuxième match consécutif, les Alouettes ont semblé ensevelis sous la boue avec le spectacle désolant offert à domicile vendredi, face aux Tiger-Cats de Hamilton.

On aura beau rappeler que des éléments cruciaux de l’attaque – Kevin Glenn, S.J. Green et Tyrell Sutton – n’y étaient pas, la réalité demeure qu’il est impératif de performer sans eux, et surtout de déployer l’effort nécessaire pour espérer l’emporter. Après tout, les Alouettes ne sont pas l’unique formation à devoir se débrouiller sans des joueurs importants à des postes-clés. Contraints à utiliser leur quart-arrière réserviste eux aussi en l’absence de Zach Collaros, les Ticats sont dans le même bateau.

C’est non seulement un test pour ceux qui prendront la relève – notamment quant à leurs habiletés et à leur préparation – mais aussi pour le personnel d’entraîneurs, qui a le mandat de placer les remplaçants dans une position qui permettra à l’équipe de connaître du succès.

D’ailleurs, la déception ne provient pas uniquement du revers en soi, mais aussi de la façon dont celui-ci a été encaissé. La désorganisation (surtout en attaque) et l’indiscipline sont les deux mots les plus représentatifs de ce troisième match de l’année.

Évidemment, c’est tout à fait anormal qu’après trois rencontres, les Alouettes aient déjà cumulé 40 pénalités (moyenne supérieure à 13 par tranche de 60 minutes). Cet élément vient hanter l’équipe match après match en ce début de saison. Et ne nous en faisons pas accroire : il ne s’agit pas d’un groupe de joueurs assez dominant pour compenser ce nombre imposant de pénalités.

Je prends par exemple les Roughriders de la Saskatchewan et leur dossier de 0-3 en ce début d’année. Ils n’ont pas encore savouré la victoire, mais à voir les deux clubs aller, les Riders ont l’air plus compétitifs que les Alouettes. Ils se battent match après match et restent dans le coup malgré des pertes importantes, comme celles de leur quart partant, un bon joueur de ligne offensive et un receveur de premier plan samedi contre les Lions de la Colombie-Britannique. On a tout de même continué à faire avancer le ballon et à marquer des points. Ultimement, les Riders ont perdu le match, mais on sentait une progression et un désir de s’en sortir.

Qu’on le veuille ou non, lorsque les mots-clés « désorganisation » et « indiscipline » sont à l’avant-plan, cela pointe inévitablement en direction des entraîneurs. La responsabilisation des joueurs semble être un problème. C’est du moins ce qu’on en déduit lorsqu’on décèle entre les lignes, dans les propos des joueurs, que la sélection des jeux ne fait pas l’unanimité et que la préparation fait défaut.

Et je le répète, même si l’équipe était dépouillée de plusieurs joueurs offensifs d’impact, avoir l’air si mal préparés en ayant bénéficié d’une semaine de congé doit mener à un sérieux examen de conscience.

Tout doit être passé au peigne fin

Il va sans dire que les prochaines parties représenteront un gros test pour Jim Popp et son groupe. Rapidement, il va falloir trouver des façons de mieux enseigner les stratégies aux joueurs, de mieux les motiver et de les garder dans un état d’esprit positif. Ce sera aussi important de s’assurer d’expliquer que dorénavant, certains comportement sur le terrain ne seront pas tolérés. Autrement, comment faire passer son message de manière claire et précise?

Don Matthews est un coach qui ne s’est jamais gêné pour appliquer ce concept. Cela avait pour effet que chacun s’arrangeait pour ne pas franchir la limite imposée.

« Les Alouettes étaient désorganisés »

Il y a quelques semaines, après une défaite qu’il a avalée de travers face aux Lions, l’entraîneur des Tiger-Cats Kent Austin a remercié un demi de coin et insisté sur l’importance de s’améliorer à cette position, soulignant que la prestation livrée était inacceptable. C’est le message le plus puissant qui puisse être envoyé.

Pas plus tard que la semaine dernière, après que son club ait vu trois de ses tentatives de bottés de dégagement être bloquées, Wally Buono a exigé que les joueurs des unités spéciales pratiquent cette facette du jeu avec le port d’épaulières, une particularité que l’on ne voit plus souvent en raison de la convention collective de la LCF.

Rigueur à l'entraînement

Lorsqu’on constate à quel point tout avait l’air d’aller trop vite pour les Alouettes vendredi, c’est à se demander si le degré d’intensité des séances d’entraînement (bien qu’il sera toujours quelques coches en-dessous des matchs) est trop faible.

À l’époque où il menait la barque, Marc Trestman avait l’habitude de mener des entraînements se rapprochant des situations de partie, durant lesquels tout se déroulait pratiquement à fond de train.

Est-ce qu’une partie de la solution pour Popp et les Alouettes réside dans une augmentation de l’intensité lors des pratiques? La question mérite d’être posée.

Un mouchoir de plus pour les Alouettes

Au sein des unités spéciales des Als, la quantité démesurée de pénalités obtenues en trois matchs est une situation problématique qui doit être rectifiée. En plus de laisser un positionnement exécrable au reste de l’équipe, cette manie casse aussi énormément le rythme. Est-ce réellement que ces joueurs n’arrivent pas à suivre ou est-ce une situation qui pourrait être réglée par la méthode forte?

Sans vouloir m’acharner sur Popp et ses adjoints, je dois admettre que j’aurais aimé entendre les entraîneurs mentionner qu’ils n’avaient pas, eux non plus, été à la hauteur face aux Ticats. L’opportunité était tout désignée d’avouer que nos rivaux avaient absolument tout mieux fait que nous, sur le terrain comme sur les lignes de côté, et d’enchaîner en martelant que c’est ensemble qu’il importe de trouver des solutions.

Si tu demandes à tes joueurs d’arriver prêts à exécuter, il faut que tu montres l’exemple en étant toi aussi irréprochable en tant qu’entraîneur-chef, notamment en connaissant ta matière sur le bout de tes doigts. Difficile d’affirmer que c’est ce qui se produit lorsque, dans deux matchs en l’espace d’un mois, un mouchoir a été lancé pour contester la décision prise par les arbitres sur un jeu qui n’est pas admissible à la révision en vertu du livre de règlements, menant ainsi à une pénalité automatique… Oui, l’erreur est humaine, mais cela envoie un drôle de message aux joueurs, vous en conviendrez.

Bref, c’est un gros test de leadership qui attend le personnel d’entraîneurs, alors que les Alouettes sont sur le point de s’attaquer à une portion très chargée de leur calendrier : trois parties en l’espace de 11 jours. Tout n’est pas encore perdu malgré tout et le nœud du défi sera justement de garder le moral à travers tout cela.

Tiger-Cats 31 - Alouettes 7