Pendant que les réjouissances se faisaient entendre à quelques mètres en provenance du vestiaire des Argonauts de Toronto, il régnait pratiquement un silence dans celui des Alouettes de Montréal.

Probablement qu'aucun mot n'aurait été prononcé pendant plusieurs minutes si les joueurs n'avaient pas eu à répondre aux questions des journalistes.

Installé à la gauche du casier d'Anthony Calvillo, le receveur Brian Bratton se sentait bien petit à la suite de son erreur dans la zone des buts.

«Mes coéquipiers savent quel genre de joueur je suis alors j'espère qu'ils vont m'aimer encore quand un peu d'eau aura coulé sous les ponts», a-t-il soupiré.

Son entraîneur et ses coéquipiers ont tenu à le rassurer puisque le football demeure un sport d'équipe peu importe le résultat.

«Plusieurs personnes pleuraient de notre côté, Brian n'était pas le seul. On ne prévoyait pas perdre ce match et Brian est un morceau très important de notre équipe», a confié Trestman dans son point de presse.

«C'était vraiment triste de le voir échapper cette passe, Brian est un coéquipier en or, mais les choses n'ont pas tourné en notre faveur sur ce jeu», a ajouté Kyries Hebert.

Pendant que Bratton échappait la passe de Calvillo, les joueurs de l'attaque des Argonauts devaient patienter sur les lignes de côté et l'attente était pénible.

«J'ai eu l'impression que ce jeu a duré une éternité… On dirait que le ballon ne voulait pas redescendre et on regardait tous s'il y avait une infraction sur le jeu ensuite», s'est rappelé le quart Ricky Ray en esquissant un sourire de soulagement.

Les joueurs des Alouettes ont eu besoin de temps avant de pouvoir étaler leurs états d'âme. Luc Brodeur-Jourdain et Patrick Lavoie ont cependant accepté de commenter le revers à leur sortie du terrain et leurs yeux rougis voulaient tout dire.

«Je me sens frustré! Je ne crois pas qu'on s'est fait battre physiquement, mais c'est extrêmement frustrant de perdre à domicile devant une si belle foule qui nous a beaucoup aidés», a lancé Brodeur-Jourdain.

«Je n'ai pas vraiment d'autres mots que difficile à avaler pour décrire mes sensations. On a commis plusieurs grosses erreurs, on s'est tiré dans le pied dont en écopant de punitions, en échappant des ballons…», a résumé Lavoie dont la saison recrue de rêve se termine avec un cauchemar.

«Inacceptable pour notre équipe»

Éric Deslauriers était le premier à s'en vouloir puisqu'il n'a pas été en mesure de conserver le ballon alors que son équipe approchait de la zone payante. Mais par-dessus tout, il n'arrivait pas à concevoir que les Alouettes venaient de subir l'élimination.

«C'est inacceptable pour une équipe de notre calibre de perdre ce match, mais il faut donner du crédit aux Argos parce qu'ils ont joué comme une formation qui mérite d'accéder à la coupe Grey», a-t-il amèrement commenté.

Si l'attaque montréalaise n'a pas répondu aux attentes en deuxième demie, les membres de la défensive rageaient et ils auraient aimé corriger leurs bévues menant à la remontée des visiteurs.

«Ça fait mal, il y avait tellement de gens qui étaient venus nous supporter, mais c'est encore plus dommage pour notre équipe. Nous avons tout donné et je suis fier d'être leur coéquipier voilà pourquoi ça fait mal de ne pas avoir accompli le jeu qui aurait mené à une victoire. C'est si difficile, je n'étais pas prêt à jeter l'éponge et je voulais continuer à me battre avec mes coéquipiers», a admis Hebert.

En ce qui concerne le secondeur Shea Emry, qui a connu une impressionnante saison, il retenait seulement que la victoire est à la portée des siens.

«Tout ce que tu peux demander c'est une chance de gagner la partie et nous avions cette occasion. Malheureusement, ce sont eux qui ont réussi les jeux déterminants», a-t-il noté.

On ne plus volubile sur le terrain et parfois frustré durant la partie, le demi défensif Dwight Anderson cherchait ses mots dans le vestiaire.

«On avait abordé ce sujet en profondeur cette semaine et on se demandait cette semaine quelle unité défensive allait avoir le dernier mot...», a-t-il conclu.