Avant-match Buccaneers c. Chiefs

Prédictions des experts

Vos prédictions du Super Bowl

RDS vous prépare une journée spéciale dimanche, dès 12 h 30, menant au match du Super Bowl qui sera présenté sur RDS et RDS Direct à 17 h 30.

Voici cinq éléments que je surveillerai attentivement dans un Super Bowl qui s'annonce palpitant entre les Chiefs de Kansas City et les Buccaneers de Tampa Bay.

J'ai choisi de laisser de côté la bataille des quarts-arrières entre Patrick Mahomes et Tom Brady car elle aura été décortiquée de fond en comble avant que ne soit donné le coup d'envoi dimanche soir, à Tampa.

1. La mission des Bucs : contrer Hill

Je crois que le mandat le plus crucial qui attend la défense des Buccaneers est celui de contrer Tyreek Hill. Seront-ils capables de réduire son impact sur le match, lui qui a connu énormément de succès lors des deux matchs éliminatoires des Chiefs, ainsi que lors de la 12e semaine de la saison régulière, dans l'affrontement entre les deux clubs au Arrowhead Stadium.

En deux matchs d'après-saison, Hill totalise jusqu'à présent 17 attrapés pour des gains de 282 verges. Ni les Browns de Cleveland ni les Bills de Buffalo n'ont trouvé de solution pour le ralentir malgré que cela avait été clair que le plan de match de part et d'autre avait été bâti sur mesure pour tenter de l'arrêter.

À la fin du mois de novembre, « Cheetah » avait fait passer un après-midi misérable aux Bucs, avec ses 13 réceptions, 269 verges aériennes et trois touchés. Une performance absolument ahurissante du petit no 10 des Chiefs, qui aurait ridiculisé la couverture homme à homme qu'on lui avait présentée avec Carlton Davis. Les visiteurs ne s'étaient jamais ajustés, et ils s'étaient creusé un trou insurmontable. 

Il faut donc arriver à mettre un tant soi peu des bâtons dans les roues du joueur le plus rapide de la NFL. D'une part, il faut évidemment un plan permettant de le déranger à la ligne d'engagement, dès les premières fractions de seconde après la remise du centre. Il faut d'une manière ou d'une autre l'empêcher de prendre son erre d'aller. C'est en le contraignant à repartir une deuxième fois que Hill peut être maîtrisé. Autrement, c'est peine perdue car personne dans l'effectif défensif des Bucs n'a la vitesse pour suivre pas à pas le dynamique receveur. La stratégie défensive 'Cover 2 Man' est probablement la plus appropriée en ce sens.

La prestation de Hill aura une incidence importante sur le dénouement du match. Puisque les Bucs seront terrifiés de ce qui peut arriver s'il a le champ libre, on lui accordera une immense attention en tout temps, et ça peut toujours ouvrir la porte à ce qu'un de ses coéquipiers soit démarqué. C'est de la musique aux oreilles de Travis Kelce, et c'est ce qui fait que les Chiefs sont si dangereux en attaque.

2. Laquelle des deux équipes établira son jeu au sol?

On connaît les Chiefs et les Bucs pour leur approche portée sur le jeu aérien. En ce sens, ils représentent très bien la NFL de 2021. Leurs passeurs n'ont pas besoin de présentation, bien entendu. Ils peuvent lancer le ballon 40 à 50 fois dans un match s'il le faut, avec une efficacité et une régularité que peu de quarts possèdent. Dans les deux cas, le jeu au sol est souvent déguisé avec de courtes passes.

Ma question est de savoir si une des deux équipes tentera de courir avec le ballon de façon plus traditionnelle, et si c'est le cas, comment elle parviendra à le faire.

Quand je regarde leurs moyennes respectives, je vois que les Bucs ont déployé en moyenne 23 courses par match en saison régulière, ce qui les positionnait au 28e rang. Ils ont formé une des six formations n'ayant pas réussi à amasser en moyenne 100 verges par la voie terrestre en 2020. Ce n'est pas un club qui affectionnait la course, et quand elle le faisait, c'est rare qu'elle obtenait beaucoup de succès, comme en témoigne la moyenne de 4,1 verges par course, bonne pour le 24e rang dans le circuit.

Mais ça, c'était la méthode en saison régulière. En trois matchs éliminatoires, Tampa a amené sa moyenne de courses par rencontre à 30. Sans dire que l'identité a changé du tout au tout, les stratégies offensives de Bruce Arians sont désormais plus équilibrées. À mon avis, ce changement a amélioré le rendement de toute son unité, incluant les membres de la ligne offensive dans leur mission de bien protéger Tom Brady.

Il sera intrigant de voir si Arians aura une préférence marquée entre Leonard Fournette et Ronald Jones lorsqu'il choisira de s'appuyer sur le jeu au sol.

Chez les Chiefs, c'est un peu la même chose. En termes de volume, les 25 courses par rencontre en saison régulière les plaçaient au 23e rang dans la ligue. Cette cadence a été conservée après deux duels éliminatoires, avec en moyenne 24,5 courses contre les Browns et les Bills.

Kansas City s'est tourné vers Darrel Williams depuis le début de son parcours éliminatoire. Le demi offensif Clyde Edwards-Helaire a fait son retour au jeu, mais on ne sentait pas une grande explosivité de sa part. Est-ce que deux semaines complètes pour continuer de se rapprocher de sa meilleure forme feront une grande différence? Ce sera intéressant à voir, mais chose intéressante, Le'Veon Bell ne semble pas vraiment faire partie de l'équation, mis à part quelques jeux ici et là.

Bref, je ne sais pas si on verra une dose importante de jeu au sol d'un côté ou de l'autre compte tenu des préférences offensives des deux finalistes, mais ça peut certainement être une tactique payante afin d'assurer une bonne protection aux quarts.

3. Qui jouera, qui ne jouera pas parmi les blessés?

Quelques joueurs importants manqueront à l'appel dimanche pour le match le plus important de l'année, tandis que d'autres semblent en voie d'effectuer un retour au jeu.

Du côté de Kansas City, impossible de ne pas mentionner les absences d'Eric Fisher et Mitchell Schwartz. Les Chiefs s'amènent à Tampa sans leurs deux meilleurs bloqueurs, ce qui n'est vraiment pas une bonne nouvelle face à un front défensif qui applique une pression incessante sur les quarts depuis le début de son aventure éliminatoire. 

Parlez-en à Aaron Rodgers, qui a eu des joueurs défensifs des Bucs dans le visage tout l'après-midi en finale d'association, en partie en raison de l'absence de l'excellent garde à gauche David Bakhtiari. Rodgers a subi un total de cinq sacs du quart, et on l'a vu être constamment sous pression.

J'ai mentionné Edwards-Helaire précédemment; ce dernier revient d'une blessure subie lors de la 15e semaine d'activités contre La Nouvelle-Orléans. Il a disputé un total de 32 jeux offensifs face aux Bills, mais n'a pas eu d'impact réel. Sera-t-il mis à contribution de façon plus significative au Super Bowl?

Finalement, on est en droit de s'attendre à ce que le receveur Sammy Watkins soit en mesure de participer au match, lui qui a connu sa part de pépins physiques cette anneé et qui s'est absenté des deux premiers matchs éliminatoires des Chiefs.

J'ajouterais aussi les noms de Demarcus Robinson et Daniel Kilgore, qui se retrouvent présentement dans le protocole de la NFL en matière de COVID-19. Kilgore est un remplaçant sur la ligne à l'attaque, mais en raison des blessures à Fisher et Schwartz, sa disponibilité pourrait s'avérer importante. Robinson et Kilgore pourront jouer s'ils connaissent cinq jours consécutifs de tests négatifs. D'ailleurs, on a amplifié du côté du circuit Goodell les tests de COVID-19 en vue du Super Bowl.

Chez les Bucs, je me tourne immédiatement vers Antonio Brown, absent il y a une dizaine de jours à Green Bay. Sa blessure au genou semble être rétablie, et si c'est le cas, c'est tant mieux pour l'attaque de Tampa, car il amène un élément de vitesse qui manque lorsqu'il n'y est pas, surtout lorsqu'on considère que Mike Evans semble jouer en dépit d'une blessure qui lui cause beaucoup de douleur. Avec sa rapidité et son dynamisme, Brown amène un punch qui ne sera pas de trop pour Brady, surtout avec le rythme que ces deux-là avaient commencé à trouver en fin de saison.

En défense, Antoine Winfield a raté la finale d'association en raison d'une blessure à une cheville. Il est un énorme morceau dans la tertiaire des Bucs. On ne connaît pas encore l'évolution de son état de santé, mais clairement, sa présence serait plus que bienvenue. Tu as besoin d'un arsenal complet dans la tertiaire pour tenir tête au brio de Patrick Mahomes.

Jordan Whitehead a pour sa part joué un fort match face aux Packers, mais il s'est blessé à une épaule. En voilà un autre dont l'évolution sera intéressante à surveiller au fil des entraînements cette semaine.

4. La confrontation Reid-Arians

On est en présence de deux entraîneurs-chefs très audacieux dans ce Super Bowl. Andy Reid et Bruce Arians n'ont jamais eu peur de pousser la note depuis le début de leur carrière, et ils nous en fournsissent des preuves sur une base quasi-hebdomadaire encore à ce jour. Chez les Chiefs, on l'a vu tout récemment en finale de division avec la décision de faire lancer le ballon à Chad Henne sur un 4e essai et une verge sur le jeu le plus crucial du match.

Pas besoin d'aller plus loin que la fin de la 1re demie du match face aux Packers pour recenser les derniers choix de jeu agressifs d'Arians, qui a mis à la pédale au fond pour marquer des points avant de retraiter au vestaire. 

Au final, on parle de décisions salutaires qui ont grandement contribué à la victoire de leur club. Ce sont deux instructeurs vétérans qui ont essuyé plus d'une fois les critiques pour avoir été trop téméraires par le passé. Mais n'empêche que ça leur a permis de se rendre là où ils sont aujourd'hui.

Voudront-ils forcer la note? Parce que la pousser, c'est une chose, mais la forcer, ça peut mener à des dommages irréparables! C'est le constant jeu d'échecs qu'on risque de voir entre ces deux-là dimanche.

5. Le travail d'arbitrage

Avant d'élaborer un peu sur le travail des officiels, je tiens à saluer la présence de Sarah Thomas en tant que juge de lignes. Elle est la première femme de l'histoire à faire partie du groupe d'arbitres assigné au Super Bowl.

On a beaucoup fait cette année dans la NFL pour l'avancement de l'égalité entre les hommes et les femmes. Il y a de plus en plus de femmes qui coachent et qui occupent des postes de direction. C'est une autre nouvelle percée cette fois du côté de l'arbitrage, et Thomas brise un plafond de verre avec cette nomination. Chapeau à la NFL et à Sarah Thomas!

Après avoir regardé de près l'arbitrage du duel entre les Bucs et les Packers, je serai intéressé de voir comment s'en tireront les arbitres ce dimanche.

Pas que les officiels ont nécessairement laissé leur empreinte sur le résultat de la finale de la NFC, mais clairement, ils avaient décidé tôt dans le match qu'ils allaient se montrer permissifs. Très peu de pénalités ont été décernées. Même que sur une interception de Sean Murphy-Bunting des Bucs, on avait laissé passer un cas flagrant d'accrochage à mon avis. D'accord pour qu'on laisse les athlètes s'exprimer, mais une situation quasi identique a mené à une pénalité des Packers en fin de match, alors que Green Bay espérait récupérer le ballon une dernière fois. Était-ce une pénalité? Assurément. Mais il y avait un élément de constance qui manquait ici.

On n'aimerait pas que ça se reproduise. Qu'un jeu ayant une importance capitale sur l'issue du Super Bowl soit teinté par une décision d'arbitrage qui s'avère controversée.

Historiquement, on laisse les athlètes joueur avec robustesse au Super Bowl. On les laisse se chamailler un peu plus qu'à l'habitude. On laisse plus de marge de manoeuvre pour ne pas « prendre contrôle de la rencontre ». C'est toujours un équilibre délicat à obtenir, de vouloir se montrer permissif tout en voulant imposer des limites.

Pour aider à relativiser ce que je mentionnais, à noter que dans les trois derniers matchs du Super Bowl, une seule pénalité d'obstruction défensive a été appelée au total.

Je pense que si on laisse les joueurs batailler avec agressivité, ça pourrait favoriser les Buccaneers, une équipe très physique en défense, surtout avec les receveurs adverses.

Bon Super Bowl à tous!

* propos recueillis par Maxime Desroches