MONTRÉAL – Junior Luke ne s’y attendait plus. L’invitation espérée n’était pas venue à la suite du repêchage de la NFL donc il se préparait maintenant pour celui de la Ligue canadienne de football.

Mais agréable surprise allait venir modifier ses plans. Les Giants de New York lui ont trouvé une place pour l’inviter à leur mini-camp des recrues qui se tiendra du 12 au 14 mai.

« C’était vraiment une surprise, je n’avais pas eu de nouvelles après le repêchage. Je me disais que l’intérêt n’était peut-être pas là pour le moment et que j’allais continuer à être patient. Finalement, mon agent m’a appris la nouvelle le lendemain et j’étais bien content. C’est un moment important pour moi, c’est certain », a mentionné le puissant joueur de ligne défensive de 25 ans.

Naturellement, ce revirement de situation l’enchante.

« Maintenant, j’ai une opportunité de démontrer mon talent là-bas et prouver que je peux jouer au prochain niveau », a noté Luke qui a causé des maux de tête aux lignes offensives adverses.

Luke devra toutefois s’imposer pour se démarquer surtout que les Giants se font parfois accoler la réputation d’inviter plusieurs joueurs canadiens sans les retenir par la suite.

« Je veux rester moi-même, jouer à la hauteur de mon potentiel, mais ne rien forcer tout en croyant en mon talent », a décrit celui dont la présence de son coéquipier, le botteur Félix Ménard-Brière, rendra l’expérience encore plus spéciale.

Junior LukeD’ici là, Luke sera fixé sur ses droits dans la LCF avec la présentation du repêchage, dimanche le 7 mai.

« Ça fait quand même quelques semaines qu’on en parle, moi et les autres gars (ses coéquipiers des Carabins admissibles). On a tous hâte de savoir où on aboutira », a admis Luke qui est répertorié au 11e rang selon le dernier classement publié.

À son arrivée avec les Carabins, le Montréalais affichait un poids de 325 livres. En retranchant des livres durant son parcours de quatre saisons, Luke a gagné en efficacité et en agilité ce qui lui permet de constituer une menace de taille.

« Je pense que je comprends bien la game, je regarde beaucoup de vidéos des adversaires pour observer leurs tendances. Ça m’aide à jouer plus rapidement. Cette année, j’ai démontré que je suis capable d’être rapide sur la ligne mêlée. Je décolle rapidement à partir de mon premier pas et je suis assez fort pour mon gabarit », a répondu Luke invité à se décrire.

Sa compréhension du jeu et son attrait pour l’analyse vidéo font de lui un candidat intéressant pour le coaching à moyen ou long terme. Il a rapidement constaté les bénéfices de s’investir dans cet aspect.

« Ça ne fait pas si longtemps, ça remonte à 2015 environ. J’ai commencé à en regarder plus parce que je cherchais quelque chose pour être meilleur. En jouant souvent contre Laval, on pouvait remarquer qu’ils faisaient beaucoup de choses qui revenaient. J’ai regardé plus attentivement et j’ai poussé ça aux autres équipes. C’est plus facile de s’ajuster quand tu reconnais des indices », a évoqué le sympathique gaillard de six pieds et trois pouces.

Cette facette jumelée à ses capacités physiques lui ont permis de s’établir comme un athlète qui parvient à accomplir des « gros jeux » dans des moments cruciaux. Mais l’humilité prend le dessus quand on aborde la question.

« Ce n’est pas juste moi, ça arrive grâce aux gars autour et à la préparation. Quand tu veux tellement faire une grosse différence pour ton équipe et tes coéquipiers, les jeux finissent par se développer. Mon plan, cette année, était d’être meilleur comme joueur et comme personne. Ça m’a aidé à faire des gros jeux », a commenté l’auteur du botté bloqué déterminant contre le Rouge et Or de l’Université Laval lors de la coupe Dunsmore en 2015.

Une carrière professionnelle intéressante semble donc à sa portée. Par contre, il ne serait pas bouleversé de ne pas concrétiser ce projet.

« Je joue parce que j’adore ça et j’espère pouvoir le faire pendant plusieurs années. Mais si ça ne marche plus à un certain moment, j’ai quand même d’autres plans; ce ne serait pas la fin du monde. Je voudrais devenir intervenant (auprès des jeunes) et coacher. J’ai des plans B et C en tête, je ne suis pas stressé pour cette raison », a assuré Luke, qui a amassé 37 plaqués et 11 sacs en 32 matchs réguliers avec Montréal.

Une personnalité qui se démarque

Ce côté humain de Luke remonte aisément à la surface. Son entraîneur Danny Maciocia a d’ailleurs insisté là-dessus pour décrire ce jeune homme élevé par une mère monoparentale.

« C’est aussi une personne spéciale qui a de bonnes valeurs », a relevé Maciocia après avoir vanté ses vaillants efforts.

Durant son parcours sur le mont Royal, Luke considère qu’il a effectué des pas de géants. Sa transformation a été physique et psychologique. Junior Luke

« J’ai compris que quand tu t’investis dans un sport et une passion, tu dois faire des sacrifices. ll fallait que je m’entraîne mieux, que je prenne plus soin de mon corps et de mon alimentation. C’était quand même difficile pour moi, je suis arrivé à 325 livres et j’ai peut-être tenu pour acquis que je serais capable de jouer universitaire à ce poids parce que je le faisais au collégial.

« Oui, je jouais, mais ça me bloquait et je n’étais pas au sommet de mon potentiel. J’ai compris, à partir de 2015, et les choses ont débloqué pour paraître encore plus en 2016. Ce fut vraiment payant de jouer en bas de 300 livres. J’étais capable de jouer quatre quarts sans être fatigué. J’ai fini la saison sans blessure et en pleine forme. J’aurais pu jouer une autre saison ! », a précisé le colosse de 288 livres.

Ainsi, Luke sera mieux outillé pour la prochaine étape de sa carrière. Une étape qu’il partagera avec sa mère et ses nouveaux coéquipiers. Qui sait, la vie pourrait également lui permettre de se rapprocher, un jour, de ses demi-sœurs et demi-frères (du côté de son père) qu’il ne voit pas vraiment.