Ce que peut faire comme différence une semaine dans le football professionnel!

Après l’épisode difficile vécu à notre dernière sortie à Pittsburgh, juste avant notre départ pour la semaine de congé, l’ambiance était beaucoup plus propice aux sourires dimanche après-midi, dans les minutes suivant notre victoire aux dépens des Raiders d’Oakland.

Mardi, c’était la journée de révision de séquences vidéo. Et même si l’ambiance était joyeuse et décontractée, chacun demeurait conscient que plusieurs choses doivent être améliorées. Du côté de l’intensité et de l’effort, tout y était dimanche, mais au plan technique et stratégique, on peut toujours faire mieux.

Le temps additionnel à notre disposition a été utilisé pour analyser notre adversaire et décortiquer ce qui avait fait défaut face aux Steelers. On peut dire que cela a mené à des résultats tangibles. Durant la pause, nous avons pu implanter des moyens concrets de corriger nos lacunes et mieux comprendre notre livre de jeux.

Alex Smith et Spencer WareLa clé de cette victoire de 26-10 aura été d’établir le jeu de course dès le premier quart, une facette qu’on avait été contraint de négliger quelques fois depuis le début de la saison, particulièrement durant les deux matchs précédents pour lesquels j’ai été partant. En ce sens, notre ratio course versus passe de 40 pour 22 parle de lui-même. Et puisque l’efficacité de la course a un effet domino sur le reste du jeu, le travail de chacun a été facilité.

D’une part, la défense devient craintive relativement à la menace constante du jeu au sol. Elle n’a d’autre choix que d’amener plus de munitions prêt de la ligne d’engagement. Cela a pour conséquence d’ouvrir des lignes de passes pour notre quart-arrière Alex Smith. C’est donc dire que chaque fois que notre alignement offensif laisse présager une remise à un demi offensif, nous avons la possibilité de jouer la carte de l’imprévisibilité en appelant un jeu de passe, et bénéficier d’une fraction de seconde durant laquelle le joueur défensif doit faire sa lecture du jeu.  Dans la NFL, compte tenu les qualités athlétiques des joueurs, un tel détail prend une importance capitale.

Tout cela devient possible en se donnant régulièrement des deuxièmes essais et court, chose qui s’est produite dimanche contre Oakland, comme en témoigne la récolte frôlant les 200 verges au sol de nos porteurs de ballon Spencer Ware, Jamaal Charles et Charcandrick West (dont 131 de Ware sur 24 portées).

Contre San Diego et Pittsburgh, un déficit à combler au tableau indicateur nous avait forcés à nous éloigner de la menace du jeu au sol. Comme il devenait nécessaire de nous appuyer sur le jeu de passe pour resserrer la marque durant ces matchs, il n’y avait aucun effet de surprise pour la défense. La pression appliquée par le front adverse devient donc importante, et il en résulte que la ligne offensive peut en avoir plein les bras.

Les conditions météo nous ont aidés

Le fait que la partie se soit déroulée dans des conditions climatiques particulières – c’était pluvieux et venteux pendant une bonne partie de l’affrontement – a aussi été favorable au travail de notre groupe. Même si le terrain avait été couvert et qu’on avait retiré la couverture seulement dans les moments précédant la rencontre, le mal avait déjà fait plus tôt dans la journée.

Pour une ligne à l’attaque, des intempéries et une pelouse détrempées sont pratiquement des bonnes nouvelles pour ainsi dire! Le gazon plus spongieux a pour effet de ralentir dans leurs manœuvres des secondeurs de ligne talentueux comme Khalil Mack et Bruce Irvin. Ces derniers doivent s’ajuster et changer de crampons. Oui, nous devons aussi changer de crampons, mais règle générale, ce manque de traction sur le terrain avantage les membres de la ligne offensive.

Bref, je dois dire que ce match s’est avéré être l’un des plus plaisants que j’ai pu disputer jusqu’à présent chez les professionnels. Le sentiment d’aller à la guerre en bloquant pour les porteurs de ballon sous la pluie, dans le stade de l’ennemi, c’était un feeling spécial.

En tant que groupe, il y a de quoi être satisfait de la performance de la ligne offensive. On sait cependant que certains détails doivent être peaufinés, notamment à capacité à obtenir avec plus de régularité quatre verges ou plus sur premier essai. On considère qu’un tel gain est une « victoire » en soi, et on souhaite accomplir cela au minimum 55 % du temps. C’est donc une statistique qu’on essaie sans cesse d’améliorer.

 « Hungry Pig Right » a été un succès

Un jeu des Chiefs menant à un touché a fait sensation au cours des derniers jours. En effet, le majeur inscrit par le plaqueur défensif Dontari Poe, un colosse de 6 pieds 3 pouces et 346 livres, n’a pas manqué de faire jaser. Sur un troisième essai à la porte des buts, nos entraîneurs ont décidé d’appeler la formation qu’on surnomme le « Hungry Pig Right » (!) et nous avons réussi à inscrire six précieux points.  

J’ai franchement l’impression que de trouver la zone des buts sur un tel jeu, avec un joueur défensif qui capte une passe latérale du quart, aide beaucoup à la formation qui réussit le jeu au plan du momentum. Pour l’équipe adverse, au contraire, cela doit être démoralisant.

Toutefois, on a fini de penser à cette victoire et on se concentre désormais sur la confrontation face aux Saints de La Nouvelle-Orléans, qui nous rendront visite dimanche. Rien n’est gagné d’avance face à une des attaques les plus dévastatrices du circuit Goodell! C’est important de se préparer de manière adéquate. La bataille du temps de possession sera impérative afin de l’emporter devant nos partisans.

* propos recueillis par Maxime Desroches