COLLABORATION SPÉCIALE

La nouvelle Super Ligue de golf LIV, financée par un fond souverain de l’Arabie Saoudite, vient de conclure son premier week-end d’activités sur le terrain. C’est une occasion pour moi de partager avec vous mes réflexions, mais surtout mes interrogations.

La LIV a beaucoup fait parler d’elle dans les dernières semaines pour plusieurs raisons. Les bourses remises aux golfeurs ont fait tourner bien des têtes, en plus du fait que tous les participants aux tournois de cette série quitteront chacun des huit tournois avec une bourse entre 120 000$ et 4 M$, certains golfeurs ont signé de très lucratifs contrats. Ceux offerts, entre autres, aux vedettes Phil Mickelson et Dustin Johnson ont retenu l’attention. Ces derniers toucheront respectivement 200 M$ et 125 M$ pour faire partie de ce nouveau circuit de golf.

Évidemment, la toute puissante PGA n’est pas heureuse que certains golfeurs décident de participer à des tournois d’un circuit concurrent. Celle-ci fait tout en son pouvoir pour empêcher les golfeurs de joindre les transfuges Mickelson, Johnson et compagnie. Les cartes des membres de la PGA qui font partie de la LIV sont donc révoquées. Tout ça devrait se régler en cour puisque plusieurs golfeurs risquent de contester cette décision de la PGA. Voilà pour la mise en contexte.

Ce qui m’a marqué de cette saga, c’est combien les joueurs qui ont décidé de joindre la LIV ont eu à répondre à des questions touchant la piètre performance de l’Arabie Saoudite en ce qui a trait aux droits humains. Comme c’est un fonds souverain du pays du Moyen-Orient qui finance cette Super Ligue, plusieurs se demandent à quel point il est moral pour les golfeurs d’accepter de l’argent d’un pays où les femmes sont traitées comme des citoyennes de seconde zone, où la moindre contestation politique peut vous mener à la prison... ou pire, où les droits des minorités sexuelles sont tout simplement inexistants et j’en passe.

Les questions sur la responsabilité des golfeurs de s’associer à un tel pays se posent. Surtout quand on sait que le sport est souvent utilisé par des pays totalitaires pour redorer leur blason. Ces pays et les organisations qui leur accordent de grands événements sportifs, comme la Coupe du monde de soccer ou les Jeux olympiques, participent à une sorte de sportswashing. Un genre de caution par le sport. Une façon pour ces pays de dire, « regardez combien nous sommes fins, beaux et gentils, nous accueillons la planète pour tel ou tel événement sportif international ».  Je suis d’avis qu’on doit poser des questions difficiles à ces golfeurs.

Par contre, ne devrait-on pas aussi poser des questions aussi difficiles et demander des comptes de manière aussi serrée aux organisations qui acceptent de tenir leurs grands événements dans ces pays totalitaires? Ne faudrait-il pas demander pourquoi les organismes internationaux qui régissent le sport décident d’associer leur nom à des pays où plusieurs athlètes ne pourraient vivre leur vie librement?  Ne faudrait-il pas aussi demander à répétitions et de manière aussi insistante à nos gouvernements pourquoi ils font affaire et continuent de vendre des armes à des pays qui traitent leurs citoyens comme des sujets, plutôt que des êtres humains libres? Je me demande pourquoi ça serait aux golfeurs de dénoncer ces régimes quand les institutions elles-mêmes ne le font pas.

On demande aux golfeurs comme individu de prendre leurs responsabilités et de faire valoir les valeurs humaines avant l’argent, soit. Cependant, il faudrait être conséquent et en faire autant comme société en demandant plus de comptes à nos gouvernements et nos institutions, mais aussi en consommant de manière plus responsable et morale.