On aurait voulu mettre un peu de piquant à quelques heures du début du tournoi de la Coupe Ryder qu’on n’aurait pas fait mieux.

Le clan européen a passé une bonne partie de la journée hier à réparer la gaffe du frère de Danny Willett, Peter; qui a, dans un blogue qui se voulait humoristique, traité les Américains de « …stupides, obèses, imbéciles et avides… ». Il a ajouté quelques autres commentaires qui ont obligé Willett à s’excuser publiquement de même que le capitaine de l’équipe européenne Darren Clarke qui s’est empressé de rencontrer son homologue Davis Love pour calmer la tempête.

Nul besoin de préciser que le détenteur du veston vert aura une cible dans le dos tout au long des trois jours de compétition. Et pas certain non plus que les membres et dirigeants du Augusta National seront ravis d’accueillir la famille Willett en avril prochain.

De leur côté les Américains, considérés comme favoris lors de la présente édition, ont tenté de minimiser l’impact des déclarations du vétéran Phil Mickelson qui a blâmé un ancien capitaine, Hal Sutton, pour la cuisante défaite de l’équipe en 2004 à Oakland Hills. En ravivant cette vieille blessure, Mickelson a voulu mettre en relief les décisions douteuses qui ont hanté l’équipe américaine au fil des ans. Sutton avait jumelé Mickelson et Tiger Woods, L’expérience avait été catastrophique à plusieurs égards.

Mickelson s’est excusé auprès de Sutton, mais on a immédiatement ressenti un malaise chez les Américains. Les répliques ont été vives et acerbes, notamment du côté du Sutton. Plusieurs se souviendront aussi des déclarations peu flatteuses de Mickelson à l’endroit de Tom Watson pour sa façon d’avoir dirigé son équipe lors de la plus récente défaite il y a deux ans contre les Bleus. Un trop gros égo pour le gaucher ?

Il n’y a pas un seul tournoi au golf qui suscite autant de passion que la Coupe Ryder. Les débordements sont nombreux chez les partisans des deux camps et souvent parmi les joueurs eux-mêmes. Une véritable guerre diront certains des principaux acteurs.

Chaque coup prend une importance capitale. Chaque parole prononcée peut faire basculer la balance. Cette fois les Américains évoluent à domicile et présentent une équipe solide, probablement la meilleure depuis un bon moment. Les Européens, qui ont gagné huit des dix dernières éditions, adorent cette compétition. Ils sont confortables dans cette formule de jeu. L’équipe est inexpérimentée et les choix du capitaine Clarke en Westwood et Kaymer n’ont pas fait l’unanimité. Mais on a appris à se méfier de cette délégation qui a le don de déjouer les experts.

Les Américains ont passé beaucoup de temps au cours des derniers mois à préparer l’équipe. Ils estiment avoir appris du passé et croient être en mesure de jouer comme ils en sont capables, sans pour autant crouler sous la pression. Car cette bien la pression qu’ils s’imposent eux-mêmes qui est à l’origine des défaites répétées et de leur frustration. L’encadrement semble bien meilleur cette fois et ils sont franchement dus pour connaitre un bon tournoi.

Reste que la Coupe Ryder est un événement qui ne pardonne pas. La victoire y est célébrée avec un enthousiasme démesuré, mais il n’y a pas une défaite plus difficile à accepter et à subir que celle-là. C’est surtout ça qu’on veut éviter.