OTTAWA - Il était facultatif pour les joueurs de l'équipe nationale junior de 2018 qui auraient été impliqués dans une affaire de viol collectif de participer à l'enquête sur les événements, si bien qu'Hockey Canada affirme ignorer l'identité des huit joueurs accusés.

« Nous avons encouragé vivement tous les joueurs à participer à cette enquête (indépendante que nous avions commandée) », a indiqué lundi le président et chef de l'exploitation de Hockey Canada, Scott Smith, lors d'une comparution devant le comité permanent du Patrimoine canadien.

À ses côtés, le chef de la direction de l'organisation, Tom Renney, a déclaré qu'il estime que de « quatre à six » joueurs présents à la soirée de gala à la suite de laquelle le viol se serait produit ont participé à l'enquête, un nombre qui serait « définitivement » plus important que cela, selon M. Smith.

MM. Smith et Renney, qui répondaient aussi aux questions des élus fédéraux, ont tous deux répété à plusieurs reprises durant leur témoignage que la présumée victime n'a pas voulu identifier ses agresseurs allégués et a voulu protéger sa propre identité.

L'examen externe lancé par Hockey Canada n'a pu se conclure, a dit M. Renney, puisque la jeune femme n'a pas voulu s'entretenir avec la personne responsable de l'enquête. « C'était son droit et nous respectons ses souhaits. »

M. Smith a assuré que les joueurs en question, s'ils avaient été identifiés, auraient fait face à des sanctions disciplinaires déterminées par un panel de trois personnes « qui n'est pas géré par Hockey Canada ». Il a ajouté, du même souffle, que cela était toujours une possibilité si de nouvelles informations permettaient de relancer l'enquête.

Code de conduite « mal interprété »

L'organisation dispose d'un code de conduite et c'est « tolérance zéro pour tout type de violation », a assuré le PDG.

Des députés membres du comité du Patrimoine ont paru tantôt surpris, tantôt choqués qu'aucun des joueurs n'ait été trouvé responsable ou n'ait subi de sanctions disciplinaires à ce jour.

« Que vaut votre code de conduite » s'il n'est pas obligatoire de participer à une enquête du genre, a demandé le néo-démocrate Peter Julian.

Le code de conduite a en fait été « mal interprété » dans le cas des joueurs ayant participé au gala, lui a répondu M. Renney.

Le député bloquiste Sébastien Lemire a reproché aux dirigeants d'avoir été « plus ou moins proactifs. »

« Vous ne savez pas ce qui s'est produit, mais vous vous êtes dépêchés de payer pour camoufler cette affaire, a-t-il dit. Il y a une certaine forme de complicité que vous démontrez dans le camouflage de cette affaire. »

Appelée à commenter après qu'elle ait elle-même comparu devant le comité, la ministre des Sports, Pascale St-Onge, a déclaré qu'« on est face à une organisation qui perpétue la culture du silence. »

Mme St-Onge a refusé de dire si elle entend retenir des fonds publics ou si des têtes doivent rouler tant qu'elle n'a pas reçu les conclusions de l'audit financier qu'elle a commandé. « Rien (n'est) exclu pour la suite des choses », a-t-elle précisé.

Selon les informations d'abord rapportées par le réseau TSN, une femme qui aurait été agressée sexuellement par huit joueurs juniors de la Ligue canadienne de hockey a abandonné une poursuite après un accord à l'amiable.

Dans les documents de cour qui ont été cités, la jeune femme allègue avoir été agressée sexuellement à plusieurs reprises dans une chambre d'hôtel après un gala de Hockey Canada en juin 2018.

D'emblée, le chef de la direction de l'organisation a soutenu qu'aucun fonds gouvernemental n'a servi dans l'entente conclue. Néanmoins, il a ajouté qu'Hockey Canada allait « collaborer pleinement » à l'audit financier demandé par la ministre des Sports, Pascale Ste-Onge.