Ce qui est décevant avec la défaite du Canadien contre les Bruins mercredi, c’est que l’effort ne semblait pas au rendez-vous. C’est d’autant plus décevant, alors qu’il s’agissait du retour de Claude Julien à Boston.

Lors des quatre matchs précédents, le Canadien avait été en mesure de récolter six points sur une possibilité de huit parce que les joueurs avaient fourni un effort constant. On sait qu’il y a un manque en ce qui concerne le talent chez le Tricolore cette saison, donc le travail doit primer et ce n’est pas ce qu’on a vu du côté du TD Garden.

Comme l’a illustré mon collègue François Gagnon dans sa chronique, l’expérience de Jacob De La Rose au centre d’Alex Galchenyuk et Jonathan Drouin n’aura duré que le temps d’une rose. Ce que je trouve en quelque sorte dommage avec cette situation, c’est que le Suédois était sans cesse visé et sous les réflecteurs. Même s’il a commis des erreurs, dont son revirement qui a mené au but de Ryan Spooner, Galchenyuk et Drouin sont loin de l’avoir aidé en début de rencontre.

Il faut demeurer réaliste. Si on s’attendait à ce que De La Rose devienne le joueur clé sur ce trio chez le Canadien, on n’était dans le champ. Claude Julien prenait le pari qu’en plaçant Drouin à l’aile droite, celui-ci allait être capable de patiner, de provoquer l’adversaire et des chances de marquer, ce qu’on n’a pas vu. Je n’essaie pas de défendre De La Rose en disant qu’il a rempli le mandat qui lui a été confié, mais le travail de ses ailiers ne l’a certainement pas aidé pour cette audition.

Dans cette situation, je ne reviendrais tout de même pas avec De La Rose au centre de cette unité. Pour moi, la solution qui se présente pour l’entraîneur du Canadien, c’est Charles Hudon. Si j’étais l’entraîneur, je lui dirais comme message de ne pas changer sa façon de jouer. Il doit demeurer impliquer offensivement et responsable sur le plan défensif. Je suis conscient qu’Hudon commettrait sa part d’erreurs, mais l’entraîneur doit être prêt à vivre avec cette réalité.

Comme je l’ai mentionné à l’Antichambre, il y avait un temps où je trouvais que Claude Julien n’apportait pas assez de changements à ses trios, mais présentement, il est même difficile d’identifier quotidiennement qui évolue réellement sur la première unité du Canadien. Ce facteur devient une source de nervosité chez certains joueurs qui occupent une chaise qu’ils ne sont pas habitués d’avoir.

Le Trio : semaine cruciale... ou fatale?

Pour certains joueurs de talent, la question ne se pose pas et ils peuvent s’acclimater s’ils sont sortis de leur zone de confort. Max Pacioretty sait qu’il va évoluer sur les deux premiers trios. En raison de son talent, le capitaine du Canadien pourrait même évoluer sur le flanc droit et il parviendrait à s’adapter. Il ne peut que tenter de deviner avec qui il va jouer présentement.

Par contre, lorsqu’il est demandé à Nicolas Deslauriers, qui joue normalement sur le quatrième trio, de grimper dans la hiérarchie et de se retrouver sur le premier trio, on voit que sa vision de la situation et ses attentes envers lui-même changent. L’un de ses premiers commentaires après la défaite de mercredi était à propos d’un but qu’il a raté et selon lui qu’il aurait dû inscrire. Il doit se détendre, car non seulement il y a d’autres joueurs qui ont raté des buts, mais ce n’est pas non plus son rôle premier chez le Canadien de remplir le filet. Il s’est mis une pression supplémentaire sur les épaules, alors qu’il pense devoir marquer à tout prix afin de conserver son poste. Ses premières pensées sont de se demander s’il sera encore aux côtés des mêmes joueurs sur la première unité le lendemain à l’entraînement ou lors du prochain match ce qui est une nouvelle source de stress.

L’heure d’une évaluation

Je sais que Julien doit jongler avec ses trios en raison des blessés chez le Canadien, ce qui ne lui facilite pas la tâche. Je tenterais comme combinaison Hudon au centre et je garderais Drouin sur l’aile droite. En regardant les effectifs en place, il faut tenter de trouver des affinités entre les joueurs. Il faut se demander qui serait le joueur de centre de Pacioretty. Julien pourrait tenter d’utiliser le capitaine sur cette unité ce qui donnerait un trio : Pacioretty – Hudon – Drouin.

Il faut vivre avec les erreurs qui pourraient découler de cette nouvelle formation, mais ça permettrait à l’état-major d’évaluer ce qu’il a sous la main pour la suite des choses.

Ce constat est tout aussi bon pour les défenseurs. Je crois notamment que Victor Mete devrait être de tous les avantages numériques du Canadien. Je lui ferais comprendre que l’équipe est capable de vivre avec ses erreurs et qu’il perdrait du temps de glace seulement s’il venait à changer sa façon de jouer. Je suis d’avis que ce simple message pourrait lui enlever de la nervosité.

Gaston vous répond

Le Tricolore devrait poursuivre son évaluation en rappelant des joueurs du Rocket de Laval. Nikita Scherbak et Noah Juulsen feraient notamment partie du lot. Il serait possible d’évaluer les jeunes jusqu’à la fin de la saison pour ensuite dresser un portrait du rôle de chacun des joueurs dans son organisation. Il serait alors plus facile pour la direction d’avoir une évaluation juste et elle pourrait savoir quel joueur peut aider l’équipe dans les années à venir, et qui ne le peut pas.  

Avec le 14e rang dans l'Est, le Canadien est dans une position au classement pour analyser ses jeunes ce qu’il n’a jamais pu réellement faire. Mon plan serait de faire jouer Juulsen sur la deuxième paire à la défense et je placerais Scherbak sur l’un des trois premiers trios. Ils auraient 35 matchs à leur disposition pour montrer ce qu’ils peuvent apporter. En fonction de cette évaluation, la direction connaîtrait son équipe et sa profondeur. Il est alors possible de vouloir conclure des transactions en conséquence et de cibler les besoins au repêchage.  

Propos recueillis par Maxime Tousignant