Il était temps. Il était grandement temps qu’après son entrée dans les bureaux du Canadien et son retour derrière le banc que Marc Bergevin et Michel Therrien honorent la devise : pas d’excuse inscrite en grosses lettres dans le vestiaire du Canadien.

Des lettres qui sont bien plus grosses en anglais qu’elles ne le sont en français. Comme quoi, Rene Bourque ne pourra jamais dire que le Canadien ne lui a pas donné sa chance. Surtout que Bourque en a eu des chances. Il en a eu beaucoup. Beaucoup trop.

Et il était temps que ça finisse.

Rene Bourque est offert depuis midi dimanche à toutes les équipes de la LNH. En échange d’une compensation de 3375 $, les Sabres de Buffalo pourrait prendre une chance avec Bourque. Ils hériteraient aussi de son salaire de 2,5 millions $ pour cette année et la saison prochaine et de la ponction de 3,333 millions sous le plafond. Mais comme les Sabres font vraiment pitié sur tous les fronts cette saison, Bourque pourrait peut-être les aider à marquer un but de temps en temps. Ces accidents de parcours permettraient aux Sabres d’au moins donner l’impression qu’ils tentent de gagner des matchs au lieu de plonger au classement pour maximiser leurs chances de gagner la loto Connor McDavid, la sensation du prochain repêchage d’entrée dans la LNH.

Pourquoi les Sabres?

Parce que puisqu’ils sont les derniers au classement général aujourd’hui, ce sont eux qui ont le premier choix au ballottage. S’ils décident de lever le nez sur Bourque, l’équipe de 29e place passera devant les autres si elle signale son intention de réclamer l’attaquant du Tricolore.

Ainsi de suite...

Et si aucune équipe ne décide qu’il vaille le coût de prendre une chance avec Rene Bourque, le Canadien pourra le céder aux Bulldogs dans la Ligue américaine. Geoff Molson devrait alors lui verser son plein salaire. Mais la ponction de 3,333 millions $ sous le plafond serait annulée donnant ainsi une marge de manœuvre intéressante à Marc Bergevin pour peut-être trouver du renfort à la ligne bleue. Je dis ça juste de même...

«Almost Bourque»

À quelques heures du jour du Souvenir, la décision du Canadien de libérer Rene Bourque – à moins que Marc Bergevin ne décide de le garder dans l’entourage du grand club, ce qui serait très surprenant et ô combien difficile à comprendre – n’éveillera pas de grands souvenirs dans la tête des partisans. Car les faits saillants de ce joueur nébuleux sont loin d’être nombreux et mémorables.

Le fait saillant qui surpasse tous les autres est relié au fait que Bourque a été acquis en pleine rencontre du Canadien. Le 12 décembre 2012, alors que le Canadien affronte les Bruins, à Boston, Michael Cammalleri est gardé au vestiaire après le deuxième entracte alors que Pierre Gauthier – directeur général du CH à l’époque – venait de conclure sa transaction visant à mettre la main sur Bourque. Cette transaction mijotait depuis quelques jours déjà. Mais une suspension de cinq matchs imposée à l’ailier gauche de Lac La Biche avait contraint les deux clubs à baisser le feu un brin ou deux.

Bourque parti, le Canadien peut quand même claironner que cette transaction lui a rapporté des dividendes. Avec raison. Car avec le choix de deuxième ronde acquis de Flames dans le cadre de la même transaction, le Tricolore a mis la main sur Zachary Fucale qui devrait être l’adjoint de Carey Price, dans un an, ou deux, ou trois...

Les autres faits saillants de Bourque, les positifs ont s’entend, sont rares.

Rapide patineur, costaud, solide, doté d’un excellent tir, Bourque se sera contenté de 21 buts et 39 points seulement en 141 matchs de saison régulière avec le Tricolore.

Oui ! Si Bourque avait pu marquer sur ne serait-ce que la moitié des occasions qu’il a obtenues, il aurait valu son poids en or et serait adulé par les fans du Canadien. Mais passer proche, ce n’est pas assez bon pour faire sa marque au hockey. Et cette fâcheuse manie de l’ailier gauche lui aura valu le surnom de « Almost Bourque ». Un surnom qui résume à merveille son passage avec le Canadien.

Les séries ? Ah oui les séries. Vrai que Bourque a connu une très belle séquence le printemps dernier avec ses 8 buts et 11 points en 17 matchs. Une séquence qui permet bien plus de maudire son inertie en saison régulière qu’à célébrer ses trop rares prouesses.

Ce sont d’ailleurs les flashs démontrés le printemps dernier et les quelques autres survenus au fil de son séjour avec le Canadien qui ont valu à Bourque de jouir d’une patience débordante. D’une patience qui par moment devenait difficile à expliquer, voire à justifier. D’une patience dont il a abusé. Une patience qu’il a gaspillée.

Et si jamais il débloque ailleurs qu’à Montréal?

On pourra toujours dire qu’il a «almost» réussi avec le Canadien.

Jour de récompense

Le fait que le Canadien ait décidé de placer Bourque au ballottage représente un aveu d’échec. Oui ! Mais il représente aussi, et surtout, une belle récompense pour Jiri Sekac, Brandon Prust et les autres joueurs du Tricolore qui ont convaincu l’état-major de l’équipe qu’ils pouvaient en donner davantage que Bourque.

Peut-être que quelques jeunes à Hamilton donnent cette impression. Doublant ainsi les motifs déjà nombreux du Canadien de débrancher les tuyaux d’alimentation qui le liaient à son joueur mal-aimé. L’avenir nous le dire.

Mais ce qui était clair samedi alors que je suivais le match Canadien-Wild à la radio en effectuant le trajet Rimouski-Montréal, c’était que le Canadien, avec Bourque juché sur la galerie de presse, offrait une de ses meilleures performances de la saison.

Et cette victoire n’a pas été l’affaire des deux premiers trios seulement.

Que non!

Flanqué de Sekac et Prust qui l’ont propulsé au lieu de le ralentir, Lars Eller a connu une solide performance. Il sera intéressant de voir si ce joueur qui traverse – comme Bourque – de longs passages à vide en plus d’être assez nébuleux lui aussi pourra enfin jouer à la hauteur des espoirs fondés en lui. À la hauteur du contrat très généreux de 14 millions $ pour quatre ans que lui a consenti Marc Bergevin l’été dernier. Un contrat qui réclame des performances. Des performances qui faisaient défaut dans le cas de Eller comme de Bourque. Pas surprenant d’ailleurs que le directeur général soit intervenu directement auprès du joueur afin de le fouetter au lendemain de la décision de Michel Therrien de le clouer au banc pour l’entière troisième période le 28 octobre dernier à Calgary.

Surtout qu’à ce moment, tous les observateurs étaient convaincus que Therrien rayerait le nom de Eller de sa formation lors du match suivant à Vancouver. Une décision que Bergevin a peut-être été en mesure de modifier en s’occupant personnellement de son poulain.

Allez savoir.

Ce qui est clair c’est après avoir vu Eller performer en compagnie de Prust et de Sekac, Marc Bergevin comme le reste de l’état-major a réalisé que le problème n’était pas seulement qu’au centre. Et que si Eller était en mesure de jouer comme il l’a fait samedi avec Prust et Sekac, il ne valait plus la peine de patienter plus longtemps et d’offrir d’autres excuses à Rene Bourque.

Les prochains matchs diront à quel point le Canadien a eu raison. Mais il a eu raison.

Douceur de roulement...

En passant, je ne sais pas si on doit remercier Mario Dumont, ancien député de Rivière-du-Loup, ou feu Claude Béchard, ancien député de Kamouraska-Témiscouata à l’Assemblée nationale, ou Maurice Tanguay le grand manitou de ce qui se fait dans le bas du fleuve, mais le tronçon de la 20 entre Rivière-du-Loup et Québec est magnifique. Je sais, Messieurs Dumont, Béchard et Tanguay n’ont rien à voir avec la beauté du fleuve et des paysages. Mais s’ils ont joué un rôle dans le fait que la douceur de roulement rend ces paysages plus beaux encore, je profite de l’occasion pour les remercier. Surtout que si mon gars réalise son rêve de monter sur le pont de l’Institut Maritime du Québec, je sens que les allers-retours Montréal-Rimouski seront fréquents dès l’an prochain...