Le Canadien a gagné. Bravo scanderont les partisans les plus positifs. Enfin soupireront des partisans qui commençaient à s’en faire. À s’inquiéter. À s’inquiéter pas mal si je me fie aux cascades de critiques et messages haineux adressés aux joueurs du Canadien et à leur entraîneur-chef alors que rien n’indiquait que le Tricolore sortirait de Buffalo avec deux points de plus au classement. Voire un tout petit…

Vrai que le Canadien avait un urgent besoin de gagner. Et il l’a fait.

Mais cette victoire n’avait rien de bien convaincant. Elle n’a rien fait pour apaiser complètement le vent d’inquiétude que la récente série d’insuccès avait soulevé depuis une dizaine de jours.

Après s’être fait varloper 6-2 par les Flames ; après s’être fait blanchir et un brin ou deux humilier par les Blackhawks (5-0), il me semble que le Canadien se devait de disputer un bien meilleur match. De sortir avec fougue, avec conviction, avec une rage au cœur qui a fait cruellement défaut.

Revirements et tirs hors cible

Certains diront qu’il est toujours difficile de disputer un deuxième match en deux soirs. Je n’accepte pas ça comme excuse.

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Oui le Canadien jouait un deuxième match en deux soirs, mais il ne croisait pas les Ducks d’Anaheim, les Kings de Los Angeles, les Blackhawks de Chicago ou un club qui devrait occuper le haut du classement général.

Le Canadien croisait les Sabres de Buffalo. Rien que les Sabres de Buffalo. La pire équipe de la LNH. La pire attaque de la LNH. La pire équipe en avantage numérique de la LNH. L’un des pires clubs de la LNH en défensive avec une moyenne de 3,14 buts accordés par match.

Contre cette équipe de hockey, cette équipe qui n’a d’équipe que le nom, le Canadien n’a pas été fichu de marquer plus qu’un but en 65 minutes de jeu. Il a eu besoin de deux filets en tirs de barrage pour finalement savourer la victoire. Une neuvième cette saison. Ce qui est très bien. Mais une quatrième en tirs de barrage pour le Tricolore qui en compte une autre en prolongation. Ce qui fausse les données un brin ou deux.

Au-delà des deux points qui demeurent l’objectif à atteindre, j’en conviens, le Canadien a été brouillon dans trop d’aspects du jeu pour se péter les bretelles. Il a multiplié revirements et mauvaises passes en zone défensive. Tom Gilbert a une fois encore connu un match difficile à ce chapitre.

Le Canadien a aussi multiplié les tirs hors cible et loin hors cible. Des tirs pourtant décochés de l’enclave après de belles passes et au terme de descentes en surnombres. Je veux bien croire que le quatrième trio n’est pas celui qui doit remplir les buts. Mais voir Manny Malhotra rater la cible sur une descente à trois contre un, voir Desharnais tirer au-dessus du but, Gallagher aussi, c’était difficile à accepter considérant l’urgent besoin de buts à marquer pour gagner.

Ils ne sont pas venus.

Ou pas assez.

Mais le Canadien a gagné. Il a gagné un match qu’il ne pouvait se permettre de perdre. Vraiment pas. Car l’inquiétude aurait facilement cédé à la panique.

Mais ceux qui attendaient, souhaitaient, espéraient une victoire facile, un gain à sens unique susceptible de prouver que le Canadien fait vraiment partie de l’élite de la LNH et qu’il mérite sa place tout en haut du classement alors que les Sabres sont bel et bien un club qui passera l’hiver dans la cave, restent sur leur faim.

Sekac remplace Bourque

Tout n’est pas négatif pour autant. Pas du tout.

Le Canadien a marqué le premier but pour une troisième fois seulement en 14 matchs. Chaque fois il a gagné. Une récompense qui devrait pourtant l’inciter à être plus incisif en début de rencontre.

P.A. Parenteau qui gagnerait à converger plus souvent vers le filet comme il l’a d’ailleurs fait sur son but en temps réglementaire, le seul du Canadien hier, le premier après une disette de 107 minutes, a donné une troisième victoire au Canadien en tirs de barrage cette année. C’est énorme. Le Canadien a d’ailleurs fait grimper à 4-0 sa fiche en fusillade cette saison.

David Desharnais et Max Pacioretty ont démontré de beaux flashs en compagnie de Parenteau qui est venu rejoindre ses compagnons de trio du début de saison. Mais Pacioretty devrait cesser de tenter de compléter des passes en zone offensive et foncer au filet pour récupérer des rebonds ou décocher des tirs sur réception sur de belles passes que David Desharnais aime lui offrir. Des fois peut-être trop même alors que le petit Québécois aurait intérêt à tirer plus souvent.

Dustin Tokarski a fait ce qu’il devait faire pour garder son équipe dans le match. Il a réalisé 31 arrêts. Le seul but concédé l’a été en attaque massive.

Jiri Sekac, de retour au jeu après sept matchs passés sur la galerie de presse où Rene Bourque est allé le remplacer, n’a pas marqué. C’est vrai. Mais en 11 :11 d’utilisation – je me retiens pour ne pas écrire en une présence – il a offert beaucoup plus au Canadien que Bourque a offert au fil de ses 12 premiers matchs de l’année.

Rapide, vif, il a généré de l’offensive. Il lui reste à marquer. Ce que Bourque ne faisait pas non plus. Mais en attendant ce but et les autres qui devront suivre, Sekac offre plus que Bourque. J’espère que Sekac demeurera au sein de la formation et que Bourque restera sur la galerie de presse malgré la perte de Michael Bournival qui semble avoir été blessé sérieusement à l’épaule gauche. Dommage pour Bournival qui jouait avec Lars Eller et Sekac en première période. On pourrait le remplacer par Dale Weise et ramener Travis Moen au sein du quatrième trio.

Mais au-delà cette note positive, il est crucial de rappeler que le Canadien qui trône au premier rang de l’association Est a eu besoin de sa menue monnaie pour battre les Sabres de Buffalo. Juste les Sabres de Buffalo. L’une des pires équipes de la LNH sinon la pire… Mais deux points c’est deux points. Et les deux à l’enjeu hier étaient vraiment importants.

Ce matin, ces deux points sont dans la poche du Canadien de Montréal. Ça aide à accepter les nombreuses erreurs et nombreux manques relevés durant les 65 minutes de temps réglementaire et de prolongation.

On saura samedi contre Minnesota si malgré les nombreux aspects négatifs relevés lors du match à Buffalo, si cette victoire saura relancer le Tricolore qui disputera les quatre prochains matchs au Centre Bell et six des sept prochains à Montréal.