MONTRÉAL - À quelques jours de l’ouverture du camp d’entraînement auquel sont conviés 42 joueurs, il est intéressant de se placer dans la peau des membres de l’état-major du Canadien afin de déterminer à quoi ressemblera la formation qui mettra le cap sur Toronto pour amorcer la saison le 13 janvier prochain.

En passant, bien que les 42 joueurs soient tous à Montréal, Tomas Tatar et Corey Perry rateront la première journée du camp puisqu’ils n’ont pas encore complété la première moitié de la quarantaine de 14 jours imposée par la LNH avant d’avoir le feu vert pour s’entraîner avec le club.

Revenons à la formation : je ne fais pas référence ici aux 18 patineurs et deux gardiens qui affronteront les Leafs. Je ne fais pas non plus seulement référence aux 23 joueurs normalement inscrits au sein la formation officielle. Je fais plutôt référence à ces 23 joueurs plus ceux qui seront ajoutés au sein de l’équipe de réserve.

En raison des circonstances particulières de la saison de 56 matchs, le Canadien et ses adversaires pourront ajouter de trois à six joueurs au sein du «Taxi Squad». Ces équipes de réserve seront greffées aux vrais clubs en ce sens que les joueurs pourront s’entraîner et voyager avec leurs coéquipiers en attente d’être insérés au sein de l’alignement.

Les salaires des joueurs confinés au «Taxi Squad» ne seront pas comptabilisés sous le plafond à moins d’un rappel officiel. Un rappel qui devra être suivi d’une mise au ballottage chaque fois qu’un membre du «Taxi Squad» retournera au sein du club de réserve. Pour les joueurs qui doivent être soumis au ballottage bien sûr.

Ce critère financier jouera donc un rôle tout aussi important que le talent, la fougue, l’expérience ou le caractère dans les décisions finales qui seront prises par Marc Bergevin, Claude Julien et le reste de l’état-major.

Vers une formation de 21 joueurs

Comme le confirment nos amis et grands spécialistes du volet financier dans la LNH CapFriendly.com, le Canadien fracasse pour le moment le plafond salarial. Bergevin et ses adjoints devront donc jongler avec les contrats d’ici le 12 janvier pour respecter ce plafond qui sera limité à 81,5 millions $ cette année... et peut-être pour quelques années supplémentaires.

Une transaction pourrait bien sûr offrir un peu de marge de manœuvre sous le plafond. Tout comme une blessure assez grave pour que le nom du joueur touché soit inscrit sur la des blessés à long terme ce qui permettrait de soustraire son contrat de la masse salariale de l’équipe.

Mais si le club demeure en santé et qu’il est impossible de conclure une transaction satisfaisante, le Canadien sera forcé d’amorcer la saison avec une formation réduite.

Non seulement le Tricolore devra se limiter à 20 ou 21 joueurs au sein de la formation officielle – au lieu de la limite maximale de 23 – mais il semble acquis qu’il devra aussi se limiter à un «Taxi Squad» de quatre ou cinq joueurs afin de s’offrir la possibilité de procéder à des renvois théoriques dans les mineures lors des jours de congé.

Le camp d’entraînement permettra bien sûr de prendre des décisions finales plus éclairées. Du moins sur le plan sportif. Mais disons pour le plaisir de jouer au directeur général que le Canadien se limitera à 21 joueurs réguliers.

À quoi ressemblerait votre formation?

Parce qu’il sera toujours possible de greffer des joueurs du «Taxi Squad» au besoin, j’opterais pour une formation comptant 12 attaquants, sept défenseurs et bien sûr deux gardiens.

Peu importe les décisions finales de Claude Julien en matière de trios d’attaquants et duos d’arrières, j’irais avec les joueurs suivants.

Drouin – Suzuki – Anderson

Tatar – Danault – Gallagher

Toffoli – Kotkaniemi – Armia

Byron – Evans – Lehkonen

Chiarot – Petry

Romanov – Weber

Edmundson – Kulak

Victor Mete comme septième défenseur avec pour protéger la cage du Tricolore les gardiens Carey Price et son nouvel adjoint Jake Allen.

Perry et Frolik sur le «Taxi Squad»

En nous basant sur les informations de nos amis de CapFriendly.com, cette formation de 21 joueurs afficherait une masse salariale totale 76 832 976 $.

Ça semble bien loin du plafond.

Mais attention! On doit ajouter à cette somme les 3 958 333 $ associés au rachat du contrat du défenseur Karl Alzner. Un rachat qui «fondera» à 1 958 333 $ la saison prochaine et pour les deux suivantes.

En ajoutant la portion associée à Karl Alzner, la masse totale des 21 joueurs que j’ai sélectionnés s’élève à 80 791 309 $. Ce qui laisse le Canadien avec une marge de sécurité 708 691 $.

C’est mince.

D’où l’obligation de confiner les nouveaux venus Corey Perrry et Michael Frolik et leur contrat respectif de 750 000 $ au sein de l’équipe de réserve.

Vrai que le Canadien pourrait décider de placer Paul Byron (3,4 millions $), Joel Armia (2,6 millions $) ou Artturi Lehkonen (2,4 millions $) au sein de l’équipe de réserve afin d’ouvrir des places à Perry et Frolik au sein de la formation officielle.

Mais parce que les joueurs qui feront la navette entre la formation officielle et le «Taxi Squad» devront être soumis au ballottage, il serait imprudent d’offrir aux adversaires de mettre la main gratuitement sur des gars comme Armia, Lehkonen ou Byron qui devraient tous être en mesure de rendre de plus grands services au Canadien que les deux vétérans acquis justement pour assumer des rôles de réservistes.

C’est du moins mon avis...

Lindgren, Fleury, Ouellet

Qui ajouter à cette liste de réserve?

On doit obligatoirement ajouter un gardien puisque les 31 clubs de la LNH doivent en avoir trois à leur disposition en tout temps, dont deux au sein de la formation officielle.

Qui choisir?

Ma préférence va du côté de Charlie Lindgren. Et ce n’est pas parce que j’aime Lindgren. Au contraire. Puisque la Ligue américaine a confirmé le retour du Rocket et des autres formations du circuit le 5 février, je garderais Lindgren dans un rôle bien ingrat avec le Tricolore – le troisième gardien servira surtout à être lapidé de caoutchouc lors des entraînements – pour donner le plus d’action possible à Cayden Primeau, Vasili Dechemko et Michael McNiven à Laval qui occupent des places bien plus enviables que Lindgren dans l’organigramme du CH.

Ensuite?

J’ajouterais les noms de Cale Fleury et Xavier Ouellet pour compléter un club de réserve de cinq joueurs.

Ça ouvre la porte à bien des débats. Je le sais.

Je garderais Ouellet parce qu’il a de l’expérience suffisante dans la LNH. Pourquoi Fleury comme autre défenseur de réserve? Parce que je ne suis pas convaincu qu’il ait encore bien des choses à apprendre dans la Ligue américaine.

Noah Juulsen est bien sûr lui aussi un candidat potentiel au «Taxi Squad» mais il revient de tellement loin en raison des blessures qui l’ont miné qu’une saison supplémentaire à Laval ne pourra qu’être bénéfique.

Ryan Poehling?

Si Perry et Frolik donnent au Canadien ce que Marc Bergevin anticipait lorsqu’il les a mis sous contrat, Poehling n’aura rien à gagner à attendre un tour de temps de temps avec le grand club.

On verra dans quel état physique et mental il débarquera au camp. Mais comme il n’a rien cassé avec le Canadien l’an dernier et rien cassé non plus dans la Ligue américaine, il me semble que le jeune homme qui a encore trop ancré dans la mémoire son match de quatre buts dès son arrivée dans la grande ligue pourrait aller pelleter de la «garnotte» sous les ordres de Joël Bouchard.

Si vous n’avez pas lu le nom de Jordan Weal encore ce n’est pas parce que je l’ai oublié.

Que non!

Weal pourrait compléter mon «Taxi Squad» si j’étais en mesure – je me glisse dans le rôle du DG du Canadien dans cet exercice – de garder six joueurs dans le club de réserve. Ce qui pourrait arriver plus tard en saison selon l’espace que le Tricolore pourrait dégager en gérant les salaires de ses joueurs. Mais comme je suis limité à cinq, c’est à Laval, après un passage obligé au ballottage, que j’enverrais Weal.

Weal touche un salaire de 1,4 million $ dans la LNH. Une fois dans la Ligue américaine, je pourrais soustraire 1,075 million $ - la limite permise pour être enfouie dans les mineures – de cette somme sous le plafond.

Les Fans de Weal – s’il en a quelques-uns – souligneront que cette économie financière est effacée par l’ajout de Jake Evans au sein de mon groupe de 12 attaquants.

C’est exact.

Mais à mes yeux, Jake Evans a encore un avenir avec le Canadien, alors que Weal n’en a pas. Et le fait de garder Weal loin de la formation m’assurerait que Kirk Muller ne lui donnera pas une centième chance d’accéder à l’attaque massive... même si c’était seulement au sein de la deuxième vague!

Abonnement sur la ligne orange

Bien que je garde Jake Evans au sein de ma formation de 21 joueurs, il est bien possible qu’il soit l’un des joueurs qui recevront une carte OPUS en raison des aller-retour qu’ils effectueront sur la ligne orange entre les stations Lucien-Lallier (Centre Bell) et Montmorency (Place Bell) à Laval.

Evans et les jeunes Nick Suzuki, Jesperi Kotkaniemi et Alexander Romanov peuvent être cédés à la Ligue américaine sans avoir à être soumis au ballottage au préalable. Ils pourraient donc être touchés par des renvois dans la Ligue américaine chaque jour où le Canadien ne dispute pas de match.

Bien que théoriques – ils n’auront pas dans les faits besoin d’emprunter le métro pour se rendre à Laval – ces renvois permettront au Tricolore – comme à tous les clubs utilisant le même stratagème – d’économiser sur une base quotidienne la somme comptabilisée sous le plafond lorsque les joueurs sont avec le grand club.

Bien qu’ils touchent des salaires plus élevés, Jesperi Kotkaniemi (3,425 millions $), Nick Suzuki (1,326 million $) et Alexander Romanov (1,18 million $) coûtent moins cher – 925 000 $ pour KK, 894 167 $ pour Romanov et 863 333 $ pour Suzuki dans le calcul de la masse salariale puisque les primes de performances associées à leurs contrats ne sont pas comptabilisées. Dans le cas de Jake Evans, ce montant est de 750 000 $.

La saison 2021 étant disputé sur une période de 116 jours, le Canadien «économisera» 1/116e des 925 000 $ associés au contrat de Kotkaniemi pour chaque journée que KK passera dans les mineures.

Bon! On ne parle pas ici d’économies sensationnelles. Du moins sur une base quotidienne. Mais cette gestion permettra malgré tout de créer un peu d’espace sous le plafond au fil de la saison. Ce qui pourrait devenir très utile dans l’éventualité où il faudrait remplacer des joueurs blessés.

À vous de dresser vos listes.

On pourra les comparer à celles que le Canadien déposera à la LNH le 12 janvier prochain avant de mettre le cap sur Toronto pour amorcer la saison.