BROSSARD – Peu importe le résultat de son 50e match de la campagne, jeudi soir, le Canadien pourra quitter pour la pause du Match des étoiles en tant que meneur de sa division.

Sans que le portrait soit parfait, la réussite n’est pas banale pour une équipe qui aura été privée d’Alex Galchenyuk pendant 20 matchs, Andrei Markov durant 19 parties et David Desharnais lors de 25 rencontres.

Ce rendement n’aurait pas pu se concrétiser sans quelques facteurs partiellement inattendus. Parmi eux, l’étonnante  contribution de Phillip Danault, l’aplomb d’Artturi Lehkonen à sa saison recrue dans la LNH et la production du jeu de puissance sous l’influence de Kirk Muller.

Danault mérite qu’on s’attarde d’abord sur lui grâce à son éclosion qui ne pouvait guère survenir à un meilleur moment pour le Canadien. Celui qui célébrera son 24e anniversaire dans un mois a démontré une progression fascinante.

« J’ai énormément appris des vétérans (depuis le début de la saison) », a soutenu Danault qui est plus fort physiquement cette année. 

En ayant la chance de piloter régulièrement les premier et deuxième trios, le Québécois songe parfois à son passage avec les Blackhawks de Chicago. Il n’aurait certainement pas eu cette occasion au sein de cette organisation qui mise avant tout sur ses piliers offensifs.  

« Oui, j’y pense à l’occasion. Chicago joue beaucoup les deux premiers trios avec des attaquants comme Kane et Panarin… C’est différent. Ici, on me donne ma chance et j’ai prouvé que je peux contribuer. Je veux continuer comme ça et progresser encore », a expliqué Danault avec franchise quand on lui a fait part de cette observation.

Parlant de sa réponse convaincante, Danault est devenu un joueur difficile à déplacer du top-9. Son ascension complique donc le boulot de Desharnais qui essaie de remonter les échelons dans les combinaisons de Michel Therrien.

« Peu importe ce qui arrive avec David, je vais être content pour lui. Il m’encourage depuis le début de sa blessure et je ne vois pas de compétition dans cette situation. On est ici pour s’entraider et gagner des matchs ensemble », a réagi Danault sur le sujet.

« Desharnais est rendu à l'autre étape »

La situation se corsera peut-être dans les prochaines semaines, mais Danault se concentre surtout sur les accomplissements de sa formation. Le premier rang de la division était dans la mire du Canadien.

« On se voyait là depuis le début, on a atteint un bel objectif et on veut continuer sur cette lancée au retour », a-t-il commenté.

Desharnais aurait souhaité participer davantage à cette réussite, mais la malchance l’a poussé sur la touche.

« Comme ami, je sais que c’était frustrant pour lui surtout qu’on lui avait confié une belle occasion quand Alex (Galchenyuk) s’est blessé. C’est agréable de le voir de retour, il est très utile à l’équipe surtout offensivement. J’ai hâte de le revoir dans la formation », a témoigné Max Pacioretty qui a enfilé 21 buts en 49 parties.

Lehkonen visait encore plus haut

Avec la vague de blessés qui a frappé le Tricolore, l’apport de Lehkonen vaut cher. Arrivé de la Suède, le Finlandais s’est très bien débrouillé et il aurait facilement pu atteindre le plateau des 15 buts avec plus de chance.

C’est connu, son entraîneur raffole des joueurs responsables. Il en a découvert un en la personne de Lehkonen et il ne se gêne pas pour l’encenser depuis quelques semaines.

« Ce que j’aime de ce jeune, c’est qu’il est meilleur mois après mois. Il est responsable autant dans son jeu offensif que défensif. Pour qu’un joueur recrue soit capable de tenir son bout contre les meilleurs joueurs adverses, il faut qu’il soit responsable sur la patinoire et il l’est », a souligné Therrien.

Le principal intéressé ne se réjouit pas trop de ses prestations. En fait, à l’écouter parler, on comprend qu’il aurait pu accomplir bien plus dans ses 40 premiers matchs en Amérique du Nord.  

« Ç’a été correct. Je dois encore m’habituer à plusieurs choses, mais ma confiance augmente avec le nombre de matchs », a confié Lehkonen.

Mis au courant des compliments venant de son entraîneur, le gaucher de 21 ans demeure prudent.

« D’abord, ça me démontre de la confiance, mais je dois m’assurer de faire ma part de l’entente. Je dois être à la hauteur peu importe la situation dans laquelle l’entraîneur m’utilise », a relevé celui qui a peaufiné son jeu auprès de Tomas Plekanec.

Muller sonde souvent les spécialistes du jeu de puissance

Depuis un peu plus de dix matchs, le Canadien excelle en avantage numérique. Par conséquent, l’unité de Kirk Muller s’est hissée au troisième rang de la LNH. Si la tendance se maintient, il s’agira de tout un revirement étant donné que le Tricolore a conclu la saison précédente au 25e échelon à ce chapitre.

« Kirk communique beaucoup avec les joueurs pour faire des ajustements pratiquement à tous les matchs. Par les temps qui courent, on capitalise sur nos chances. Les unités spéciales sont déterminantes comme on a encore pu le voir au dernier match », a indiqué Therrien avec satisfaction.

La rencontre contre les Flames a effectivement été un exemple éloquent. En plus de produire deux buts, le jeu de puissance a connu du succès avec des entrées en zone offensive innovatrices alors que les défenseurs ont souvent confié la rondelle à un attaquant qui s’était déplacé derrière eux.

« On n’a pas peur de faire des changements et des ajustements. Plus que la saison avance, c’est important que les joueurs se sentent à l’aise de faire des modifications. Quand tu arrives à la fin de la saison, ils sont en mesure de faire des ajustements très rapidement. C’est important de travailler sur différentes tactiques », a avoué Therrien.  

« Toute l’année, on a fait beaucoup d’ajustements pour entrer dans la zone adverse. On ne va pas garder la même approche longtemps. Au dernier match, on a essayé quelque chose qu’on ne voit pas dans la LNH, une approche différente que personne n’utilise. Kirk arrive toujours avec de nouvelles idées. Le jeu de puissance est un endroit où tu peux être un peu créatif et arriver avec tes propres façons de faire », a exprimé Pacioretty.  

Le capitaine du Canadien était tout de même amusé d’entendre les questions positives sur l’avantage numérique.

« Il y a quelques semaines, je répondais à des questions sur le fait que notre jeu de puissance était mauvais et maintenant c’est l’inverse », a-t-il relaté en souriant.

Le Canadien n’est donc pas à l’abri d’un ralentissement à ce chapitre, mais Pacioretty a tenu à souligner les effets positifs reliés à cette mission.  

« Le fait de pouvoir évoluer sur le jeu de puissance, ça donne de la confiance aux joueurs offensivement. Dans mon cas, ça m’aide énormément dans mon jeu à cinq contre cinq, ça te permet de toucher à la rondelle souvent et de décocher des lancers », a mentionné l’Américain.  

Mention honorable à Weber et Emelin

Avant même qu’il ne débarque dans la métropole québécoise, Shea Weber savait que les attentes des partisans du Canadien seraient élevées envers lui. Nul doute, au niveau individuel, le colosse n’a pas déçu et Therrien a fini par lui trouver un complément plutôt fiable en Alexei Emelin.

Le premier duo de défenseurs du CH se démarque défensivement en neutralisant souvent les meilleurs trios adverses. Le directeur général Marc Bergevin parviendra peut-être à dénicher un autre partenaire à Weber, mais, en attendant, Therrien est satisfait de cette combinaison.

« J’ai aimé ce duo, dès qu’on a placé ces deux joueurs ensemble. C’est un duo qui hérite de grosses responsabilités à chaque match et ce sont des gars qui aiment ce défi même s’il est très difficile. Je sens qu’ils adorent composer ça. Ils sont rarement pris hors position et ça aide à bien jouer défensivement. En plus de pouvoir être très physiques, quand ils ont la rondelle, ils prennent toujours l’option A au lieu de rechercher l’option D, la plus compliquée.

« Ce n’est rien de fancy, mais c’est très efficace », a conclu Therrien qui n’est pas reconnu pour faire dans la dentelle.