Nous devons parler de Max Pacioretty. Ce n’est pas un début de campagne à tout casser pour le capitaine du Canadien, celui-ci n’ayant récolté que sept buts et 18 points en 26 rencontres cette saison. Pour la majorité des joueurs, une cadence de 57 points par saison est excellente dans la LNH moderne, mais dans le cas de Pacioretty, être en voie de connaître une saison de seulement 22 buts constitue une baisse importante, après avoir amassé 35 filets en moyenne pour chaque séquence de 82 parties lors de ses six dernières saisons.

La saison dernière, année où Pacioretty a joué en dépit d’un genou qui n’était pas totalement rétabli d’une blessure survenue lors de la saison morte, il avait déjà inscrit 12 buts et 24 points à ce stade. Cette baisse de production fait en sorte que les médias, les partisans et même l’entraîneur-chef sont sur le cas de Pacioretty cette saison, mais il faut prendre du recul pour avoir une meilleure vision d’ensemble de la situation.

Nous avons tous tendance à nous concentrer sur un seul facteur au moment d’évaluer les joueurs. Dans le cas de Shea Weber, en octobre, ce fut son différentiel de plus et de moins. Pour Pacioretty, jusqu’ici cette saison, c’est son nombre de buts marqués. En se concentrant uniquement sur un aspect, nous observons souvent des choses renforçant nos hypothèses, parce que nous étions déjà biaisés en ce sens.

Comme Pacioretty ne marque pas de buts, il a été brouillon dans toutes les facettes du jeu : il ne patine pas, il ne bataille pas le long des rampes, il ne frappe pas. Évidemment, ce n’est pas vrai, surtout si on l’observe d’un œil critique. Depuis le début de sa carrière, Pacioretty est un des meilleurs de son équipe pour le différentiel de tentatives de tir et le différentiel relatif de buts. Il n’est pas possible d’obtenir de tels résultants, sans fournir d’efforts. Observons ces données, année après année, à forces égales.

L'impact de Max Pacioretty à égalité numériqueBien que son taux de tirs convertis en buts soit en souffrance depuis la saison dernière, ces données sont grandement susceptibles de varier à la suite de facteurs aléatoires, mais vous pouvez constater que sa domination au chapitre des tentatives de tir est stable. Ces données suggèrent que pour la période de six saisons pendant laquelle Pacioretty fut l’un des meilleurs buteurs de la LNH, son impact comme joueur ne se limitait pas qu’à cela. Il créait des buts pour ses coéquipiers et il contrait également l’adversaire au moment de marquer.

Plus l’échantillon de données est important, plus le pourcentage relatif de buts se rapproche du Corsi, ce qui est une bonne nouvelle pour Pacioretty et le Canadien.

Néanmoins, Pacioretty semble particulièrement sujet aux critiques voulant qu’il « disparaisse » lorsqu’il ne marque pas. C’est peut-être essentiellement attribuable au fait qu’il est un joueur bien bâti physiquement dans une équipe ayant des manques à ce niveau, sans qu’il ne soit physique, et que son style de jeu n’est pas flamboyant.

Encore là, au moment d’analyser les catégories où le jeu physique entre en ligne de compte, comme les batailles remportées en échec avant pour récupérer une rondelle libre à forces égales, aucun joueur du Canadien ne récupère davantage de rondelles que les 11,3 de Pacioretty en zone offensive pour chaque tranche de 20 minutes de jeu, ses plus proches poursuivants étant Alex Radulov et Brendan Gallagher avec 10,7.

De même, au moment de soutirer le disque à l’adversaire, Pacioretty se classe premier chez les avants du Tricolore en zone offensive, réussissant cette action à 4,2 reprises pour 20 minutes de jeu, et au total, réussissant cette même action à 9,6 reprises pour 20 minutes de jeu. Ce ne sont pas les statistiques d’un joueur nonchalant. Nous savons également que Pacioretty n’affiche pas de tels chiffres comme il n’est jamais en possession de la rondelle, lui qui mène tous les avants du Canadien pour le différentiel de tentatives de tir.

Pacioretty a accompli cela, sans évoluer avec des partenaires de trio réguliers, il a joué entre 24 et 84 minutes au sein de cinq combinaisons différentes. Essentiellement, il a toujours dû s’ajuster à ses nouveaux partenaires et malgré cela, son différentiel de tentatives de tir est toujours positif.

La seule facette dans laquelle Pacioretty connait des ennuis cette saison, c’est au moment d’enfiler l’aiguille. Il est important de réaliser qu’il s’agit fort probablement d’une période temporaire sur laquelle il n’a pas entièrement le contrôle. J’ai récemment écrit que Pacioretty ne générait pas des chances de marquer au même rythme de que la saison passée. Il est également vrai que la saison passée, il a produit des chances de marquer à un rythme plus important qu’à n’importe quel autre moment de sa carrière, ce qui ne l’a pas empêché de voir son total de buts inscrits chuter après avoir connu une léthargie en milieu de saison qui était très similaire à celle qu’il connait depuis le début du calendrier.

Dans le cas de Pacioretty, il est important de comprendre que même s’il est préférable de tirer lorsque l’on se trouve à proximité du filet, il est un des seuls joueurs sur le globe en mesure de marquer d’à peu près n’importe où, car sa détente est extrêmement rapide et que son tir a beaucoup de vélocité. Pour Pacioretty, décocher un grand nombre de tirs est probablement aussi important afin de marquer des buts qu’être bien positionné.

Bien sûr, la préoccupation devient alors son nombre de tirs, qui est en chute, passant de 3,70 par partie la saison dernière à 2,81 cette saison. Observer ses performances de cette façon soulève deux problèmes : Pacioretty obtient moins de temps de glace cette saison et son taux de tentatives de tir par minute jouée est assez similaire à ce qu’il fut lors des cinq années précédentes. Le principal problème en ce qui concerne les tirs de Pacioretty cette saison, c’est qu’il ne touche pas la cible.

La précision des tirs de Max Pacioretty décochés à égalité numériqueEn observant les tentatives de tir de Pacioretty, jamais une aussi grande proportion de celles-ci furent bloquées ou ratèrent la cible. La bonne nouvelle est que son taux de tirs bloqués par l’adversaire ne s’éloigne pas de la moyenne; il est même plus bas qu’il y a deux ans, saison où il a marqué 37 buts.

Alors, où est l’attrape? Pourquoi Pacioretty rate le filet quatre pourcent plus souvent qu’à tout autre moment de sa carrière? Ce qui se passe avec Pacioretty, c’est qu’il n’est pas en confiance. Cela sonne ridicule, comme il est question de l’un des buteurs les plus profiliques de la LNH lors des dernières années. Cependant, tout joueur vous dira que quand les choses ne vont pas bien, vous avez tendance à vous questionner et à tenir votre bâton trop fermement.

Comme Pacioretty ne marque pas, il tente plus que jamais de changer la tendance, ce qui a pour résultat qu’il rate plus souvent la cible. C’est un souci temporaire. Si ses deux buts contre les Kings de Los Angeles pouvaient être un indice en ce sens, il semble que le capitaine pourrait sortir bientôt de sa torpeur. Plus de la moitié de ses tirs ne frappent pas la cible, ce ne sera pas éternellement le cas.