BROSSARD – Par les temps qui courent, Reid Duke souhaite croire au destin. Délaissé par le Wild qui l’avait pourtant repêché et les Rangers qui lui ont offert un essai, l’attaquant de 20 ans se dit que son éducation en français lui servirait à ravir à Montréal.

En grandissant à Calgary, Duke a vu ses parents lui offrir le privilège de fréquenter une école primaire d’immersion française à 100 %. Certes, Duke a perdu une grande partie de son français depuis cette époque, mais il ne demande pas mieux qu’à retrouver toute son aisance dans la langue de Molière.

Heureux d’avoir été invité dans la famille du Canadien, seulement pour le camp de développement jusqu’à présent, Duke apprécie le fait de se replonger dans un milieu francophone.

« C’est génial, j’entends les accents francophones de tous les gens. Ça me manque de pouvoir converser avec eux en français, mais je vais faire un effort dans ce sens », a relaté Duke qui s’est présenté en français pour cet entretien fort plaisant.

De façon surprenante, le joueur de centre ne possède pas de racines francophones et ses parents ne parlent pas cette langue.

« Ils avaient simplement réalisé que ce serait un merveilleux atout. Peu importe où tu vas après, tu peux maîtriser plus d’une langue. Ça facilite les choses pour rencontrer des gens autant dans la vie que dans le monde du sport », a expliqué le volubile choix de sixième ronde du Wild en 2014.

Reid DukeÇa tombe bien puisque la vie a fait que Duke s’est promené à différents endroits dans son parcours de hockeyeur. À vrai dire, il cherche encore la destination finale pour la carrière professionnelle dont il rêve.

On aurait pu croire que le Wild allait investir en lui pendant quelques années, mais les dirigeants en ont décidé autrement même s’il a amassé 62 points et 68 matchs la saison dernière avec les Wheat Kings de Brandon, dans la Ligue de l'Ouest. Avec ses six pieds et 195 livres, ses attributs physiques ne semblent pas non plus être la cause de ce rejet.

« Pour être franc, je ne sais pas du tout pourquoi ils ont pris cette décision. Ils ne m’ont rien dit, mais je préfère croire que c’est une bonne chose en fin de compte. S’ils ne voulaient pas de mes services, je suis mieux d’aboutir avec une équipe intéressée en mes services. Je pense que j’ai trouvé ça avec le Canadien et je suis excité par le défi », a jugé Duke qui a renoncé au golf, sa deuxième passion, pour se consacrer au hockey cet été.

L’expérience s’est tout de même avérée difficile pour le droitier qui a participé à la dernière édition de la Coupe Memorial.

« Bien sûr, tu voudrais signer un contrat avec l’équipe qui a choisi de te repêcher. C’est un si gros accomplissement dans ta carrière d’être sélectionné par une organisation. Quand je l’ai appris, ça m’a fait mal cœur et j’ai pris un pas de recul parce que j’étais fâché. Mais je devais tourner la page, parce qu’on était en séries et j’ai pris ça comme une motivation. Je me disais que j’avais encore des matchs éliminatoires pour démontrer ma valeur aux autres clubs », a affirmé le joueur aux habiletés offensives évidentes.

Après une longue année de 89 parties (68 en saison régulière et 21 en séries), Duke a dû continuer de foncer pour convaincre une nouvelle formation. La première audition a eu lieu avec les Rangers.

« Je pense que ça s’est bien passé, c’était exigeant et ce n’est pas facile d’enchaîner les camps comme je le fais présentement, mais je travaille pour que mon nom ressorte. Je n’ai pas été repêché par ces équipes donc je dois leur démontrer mon savoir-faire, je dois laisser une bonne impression », a-t-il avancé.

Duke a bien cerné l’enjeu. Pour lui, le camp de perfectionnement revêt une grande importance et sa situation diffère de la plupart des joueurs présents jusqu’à jeudi au Complexe sportif Bell de Brossard. Ceux-ci désirent plutôt retrouver la forme optimale et peaufiner quelques aspects de leur jeu.

« Je ne suis pas seulement ici pour apprendre de nouvelles choses sur la patinoire. Je veux rester avec l’organisation, je veux qu’ils remarquent de belles choses dans mon travail. Je suis à la recherche d’un contrat, c’est mon premier objectif. Je pense que j’ai démontré des aspects intéressants et je souhaite en faire encore un peu plus d’ici la fin pour les convaincre », a exprimé le cadet d’une famille de trois garçons.

Pour être plus précis, Duke décrit son arsenal de cette manière.

« Je me considère comme un habile patineur avec un bon lancer. Je veux le montrer parce que les gens ne remarquent pas toujours ce point. Je ne suis pas effrayé de me servir de mon physique contre des joueurs plus imposants », a déclaré Duke qui a notamment cumulé des saisons de 53, 66 et 91 minutes de punition au niveau junior.

Quant à un modèle dans la LNH, un nom lui vient immédiatement en tête.  

« Je trouve que je joue un style un peu similaire à celui de Claude Giroux. Je sais que c’est délicat parce qu’il ne joue pas pour le Canadien, mais il a des habiletés merveilleuses en plus d’être tenace et un peu hargneux », a lancé Duke en souriant.

Cela dit, force est d’admettre qu’il doit procéder à des correctifs en se promenant ainsi d’une équipe à une autre.

« Définitivement, je le comprends et je ne veux pas rater ma chance. Dans mon cas, c’est surtout la constance que je dois améliorer. Dans le sport, il y a beaucoup de gens qui nous épient, je dois être à mon meilleur le plus souvent que possible », a-t-il admis.

S’il réussit cette mission, le Canadien sera tenté de le récompenser et il arrêterait enfin son chemin.

« En venant ici, avec Montréal, dans une province francophone, c’est cool de constater comment tout ce que j’ai fait dans mon enfance se recoupe. C’est agréable de penser à cette possibilité », a-t-il conclu avec plaisir et espoir.