Anciens coéquipiers, compagnons de trio, adversaires, dignitaires, proches, partisans... Les témoignages d'amour envers Guy Lafleur ont été nombreux, mardi, avant et après ses funérailles célébrées à la Basilique Cathédrale Marie-Reine-du-Monde.

Questionné par les journalistes à savoir quels souvenirs du Démon Blond il chérissait le plus, l’ancien défenseur Larry Robinson peinait à en identifier un en particulier.

« C’est comme boire une caisse de bière au complet et se faire demander par la suite laquelle des bières étaient la meilleure. J’ai tant de beaux souvenirs avec Guy. C’était un ami extraordinaire. C’est une triste journée, c’est sûr, mais il suffit de regarder autour pour réaliser à quel point il comptait dans la vie des gens de Montréal, pour tout le monde, pour ma femme et moi. C’était un grand homme. »

Des 918 matchs qu’il a pu jouer avec Lafleur à titre de coéquipier, Robinson se rappelle surtout de l’amour que le célèbre no 10 avait pour le hockey.

« Il nous faisait peur parfois. Alors que nous étions tous assis, prêts à aller sur la patinoire, il prenait son bâton, frappait l’endroit où toutes les gourdes d’eau étaient réunies et il disait : "Come on guys! Vous savez tous pourquoi on joue au hockey!". On le regardait et on lui répondait alors : "Oui, parce qu’on ne voulait pas aller à l’école!"

« C’était le genre de personne qu’il était. On arrivait à l’aréna et il était le premier arrivé. À 16 h 30, il était déjà là, habillé, et avait probablement déjà fumé quatre ou cinq cigarettes et bu six tasses de café. C’était ça, Guy. Il aimait la game. C’est probablement la raison pour laquelle lui et moi avons joué si longtemps. On aimait jouer ce jeu. C’était un jeu... », a conclu Robinson, en pleurs. « Il me manque tellement. »

« Il n’aurait pu être plus accueillant à mon égard quand je suis arrivé ici à ma première année, a pour sa par témoigné l'ancien attaquant du Canadien Chris Nilan. Je ne l’oublierai jamais. C’était un bon ami et c’était amusant de jouer à ses côtés. J’étais avec lui le soir qu’il a pris sa retraite et j’étais avec lui quand il en est sorti à New York. »

« Nous avons vécu des belles années ensemble avec la coupe du Président et la coupe Memorial, a rappelé son ancien coéquipier et ancien directeur général du Canadien André Savard. Dès mon premier camp d’entraînement avec les Remparts de Québec, j’ai vu que c’était un joueur spécial. C’est un gars qui se démarquait par son éthique de travail, sa fierté et sa passion. Après notre parcours dans les rangs juniors, j’ai toujours voulu qu’il réussisse. »

Ancien thérapeute en chef du Tricolore, Gaétan Lefebvre avait lui aussi de précieux souvenirs à partager au sujet de Lafleur.

« C’est quelqu’un qui a occupé 50 ans de ma vie. Je l’ai connu j’avais 13 ans et j’ai 63 ans aujourd’hui. C’est dur à croire, mais c’est quelqu’un qui venait me chercher à l’école secondaire les jours de semaine pour être capable d’arriver au Forum à temps pour ouvrir le vestiaire. C’est quelqu’un qui a été excessivement généreux, et pas juste de cadeaux, mais d’écoute et de conseils aussi », a-t-il confié, avant de partager un exemple.

« À un moment donné, il me voit rentrer au Forum avec un manteau d’hiver qui n’était pas très chaud. La semaine d’après, dans mon casier, il y avait un manteau de fourrure. Il m’a dit que c’était un manteau qui ne lui faisait plus. Je lui ai répondu : "Arrête, je fais 5 pi 8 po et tu mesures 6 pieds, il ne t’a jamais fait". C’était ça Guy Lafleur. Il voyait que tu avais besoin de quelque chose et il te l’offrait sans te rappeler qu’il te l’avait donné. »

Joe Sakic« Juste meilleur que tout le monde »

Joe Sakic, qui a joué deux saisons aux côtés de Lafleur avec les Nordiques de Québec entre 1989 et 1991, se souvient lui aussi de la grande générosité de son ancien coéquipier envers ses nombreux partisans.

« Je me rappelle encore de son dernier voyage sur la route dans l’Ouest canadien. À Winnipeg, on attendait dans l'autobus depuis une heure ou une heure et demie que Guy finisse de signer des autographes pour chacun de ses fans. À Edmonton, je pense qu’il est resté trois ou quatre heures après le match pour signer des autographes. Ce qu’il représentait pour tant de gens et la façon dont il les traitait et leur donnant tant de son temps, ça marque quelqu’un. C’était un mentor extraordinaire. »

Et une idole aussi pour Sakic avant même qu’il ait l’honneur de partager un vestiaire avec la légende.

« On a tous vu ce qu’il a accompli sur la glace, c’était Flower. Montréal était l’équipe favorite de mon père. Dans le milieu des années 70, il était le joueur le plus excitant. Peu importe quelle était notre équipe favorite, Guy était LE joueur qu’on admirait. Il avait le style, il était tellement explosif, ses montées sur l’aile étaient spectaculaires. Il était juste meilleur que tout le monde. »

« Aujourd’hui est une journée pour dire merci à Guy Lafleur, a quant à lui déclaré le premier ministre du Canada Justin Trudeau. Lui dire merci pour les victoires, mais également pour son humanité. C’est une journée pour célébrer sa vie. »

« Guy Lafleur a droit à des funérailles nationales parce qu’il était une idole de la nation québécoise, a ajouté le premier ministre du Québec François Legault. C’est une occasion de lui dire merci pour toute la fierté qu’il a donnée à la nation québécoise. C’était quelque chose de voir que c’était un des nôtres qui était le meilleur joueur de hockey au monde. »

« La présence de tous les membres de l’organisation est une démonstration de l’importance de Guy Lafleur pour les Canadiens, la province et le monde du hockey », a mentionné le directeur général du CH Kent Hughes.

Souvenirs impérissables

À sa sortie de la cérémonie, l’ancien compagnon de trio de Lafleur, Steve Shutt, se considérait quant à lui chanceux d’avoir pu rencontrer son bon ami une dernière fois il y a de cela trois semaines.

« Il était très allumé et c’est ce dont je vais me souvenir, la dernière visite que j’ai eue avec lui », a-t-il témoigné en rappelant l’authenticité de l’homme.

« L’honnêteté, l’humilité. Il ne faisait pas semblant d’être autre chose qu’un joueur de hockey et une bonne personne. C’est ce qu’il était et c’est bien assez », a résumé Schutt, pris par l’émotion.

Adversaire dans la LNH et coéquipier de Lafleur à la Coupe Canada, Lanny McDonald tenait lui aussi à être présent pour rendre hommage au disparu.

« Guy aimait la game. Il vous amenait dans son monde. J’ai joué en 1976 avec lui et on avait tous hâte de se présenter dans vestiaire, où il était toujours le premier arrivé. »